Etoile bi-polaire ou bien Pâle star. Je regorgeais de titres accrocheurs pour un article sur la Volvo S60 Polestar, que la surprise soit bonne ou mauvaise j’avais le choix. Quel que soit le résultat de cet essai, le lancement de la branche sportive de la marque suédoise sur le territoire français n’en reste pas moins une excellente nouvelle pour les passionnés.
Cela faisait bien un an que nous attendions chez AutomotivPress le lancement de ce qui s’annonce comme une concurrente sérieuse des griffes RS (Audi), M (BMW) et AMG (Mercedes). Avec les trois grandes marques premium allemandes nous avons déjà de quoi être rassasiés en berlines de caractères (au détail près que nous n’avons pas encore pu mettre la main sur une véritable BMW « M »…), mais il serait dommage de bouder son plaisir quand on nous propose une jolie voiture promettant un caractère bien trempé.
Car oui, personnellement j’aime bien le look de cette S60. Elégante à la base, bien qu’un peu classique peut-être, cette version sportive en rajoute juste ce qu’il faut de muscle sans verser dans le mauvais goût. Clairement pour le quidam elle ne se démarquera pas du reste de la circulation, mais avec ses grandes jantes de 20 pouces, son discret béquet et ses deux grosses sorties d’échappement elle n’en demeure pas moins assez expressive. Reste maintenant à gagner le cœur des fans avec le carré bleu siglé « Polestar ».
A l’intérieur les jolis sièges baquets aux surpiqûres bleues apportent un assez bon maintien tout en conservant un confort acceptable. Si le volant semble un peu triste (malgré là encore des coutures bleues), la planche de bord en incrustation fibre de carbone est plutôt réussie. Elle reste cependant en deçà de ce que propose AMG en qualité perçue. La navigation dans les divers menus de l’infotainment se montre assez facile à prendre en main et définitivement intuitive après quelques jours d’utilisation.
Dans la liste des gadgets j’ai trouvé hilarant la « machine à claque ». Je m’explique. En bas à gauche de la console centrale un bouton permet de rabaisser les appuie-têtes arrières. C’est top quand vous récupérez votre gamin à la sortie de l’école (en bon père de famille privilégiant la sécurité d’une Volvo au m’as-tu-vu d’une teutonne…). « Papa j’ai eu zéro en dictée. » Hop, une pression sur le bouton magique et le cancre se prend une claque derrière la tête. Efficace !
Mais revenons-en quand même aux basiques. Une fois bien installé à bord le démarrage de la mécanique se fait par l’intermédiaire d’un bouton classique. Fini le 5 cylindres qui faisait le bonheur des T5R du siècle dernier. C’est désormais comme chez la concurrence (hors BMW) un 4 pattes turbocompressé qui anime cette sportive. Avec 367ch difficile de le taxer d‘anémique. D’ailleurs chaque équidé semble bien présent quand on enfonce la pédale de droite. La mélodie en mode normal est loin de prendre aux tripes, mais la poussée est réelle. En mode sport l’échappement se libère et on retrouve une sonorité bien plus expressive. La première comparaison qui me vient à l’esprit est la Mercedes CLA45 AMG. Sonorité proche, poussée comparable, boite automatique (8 rapports pour la Volvo) à la fois efficace et douce. En passant en mode manuelle la boite permet de s’amuser un peu mais elle ne se départit pas de son côté calme et reprends parfois la main lorsqu’elle estime qu’il serait pertinent de passer un rapport plutôt que de monter dans les tours. Pas véritablement frustrant, mais pas non plus totalement satisfaisant.
Côté performances (annoncées), la Volvo S60 Polestar fait à peu près jeu égal là encore avec la Mercedes CLA45 AMG (4.7s pour la suédoise contre 4.6 pour l’allemande dans l’exercice du 0-100km/h), de ce côté-là donc la copie rendue est à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer.
Côté comportement la première impression qui s’impose est la lourdeur. En effet avec 1751kg annoncés, la S60 est loin d’être une ballerine ! Cela se ressent d’abord dans le volant. Malgré une possibilité de régler la lourdeur de la direction, la sensation d’avoir un train avant lesté à coup de sacs de sable reste omniprésente. Cela n’incite pas à aller chercher les trajectoires les plus tendues. Malgré tout le train avant ne présente pas une propension trop marquée au sous-virage et il accroche plutôt bien le pavé, même à rythme soutenu. En mode normal ou sport la S60 Polestar reste très neutre dans ses réactions et elle n’incite pas vraiment à arsouiller. Les trains avant et arrière s’accorde sur un compromis sage, le premier acceptant de ne pas se vautrer de façon trop ostensible, tandis que le second accepte bien sagement de rester à sa place. Tout cela pourrait confiner à l’efficacité si ce satané poids ne venait pas ternir le tableau. En effet dans ces conditions c’est le freinage qui limite la capacité à arriver vite dans une courbe. Sur mon parcours test j’ai bien failli me faire surprendre malgré le fait d’avoir pris les freins 10m avant ce que j’avais fait avec d’autres autos de puissance équivalente (Ford Focus RS pour ne pas la nommer). Heureusement Volvo propose un mode « Sport + » avec déconnexion de l’anti-patinage. Dans ces conditions la problématique du poids reste entière et le besoin d’anticiper les décélérations ne change pas. Par contre une fois en appui il devient possible de jouer avec l’équilibre de l’auto en levant le pied. Les 4 roues motrices assurent toujours un comportement sécurisant, mais on se surprend tout de même à éprouver du plaisir à sentir l’arrière glisser un peu.
Au final la Volvo S60 Polestar ne se positionne pas comme une sportive hardcore. On aurait pu s’en douter me direz-vous. Certes, mais ça va quand même mieux en le disant. Sa philosophie est très proche de celle de ces deux concurrentes les plus directes que sont la Mercedes CLA45 AMG et l’Audi RS3 : une berline performante et efficace sans trop d’extravagance malgré tout. Face à ces deux rivales la Volvo souffre de deux défauts majeurs. Le premier, objectivement, concerne son poids d’âne mort. Le second est plus subjectif et tient au manque d’image de marque. AMG et RS restent encore plus vendeurs, mais avec cette première incursion, le badge Polestar fait bien mieux que juste de la figuration.
En contrepartie de ces deux handicaps, la Volvo S60 Polestar a quand même quelques arguments à faire valoir. En premier lieu un positionnement tarifaire intelligent. A quelques milliers d’euros près elle coûte autant que les deux allemandes susmentionnées tout en offrant un volume intérieur plus proche de celui de la catégorie supérieure (BMW série 3 ou Audi A4). D’ailleurs, en comparant avec une Audi S4 de puissance équivalente, l’écart budgétaire passe aux environs de 10 000€ au profit de la suédoise.
Par ailleurs contrairement à la concurrence, la Volvo est « simple » à utiliser. Trois modes de conduite uniquement, chacun se démarquant assez des autres pour avoir une véritable pertinence. Normal pour une conduite tranquille, Sport pour avoir un peu plus d’exubérance mécanique et Sport+ pour aller arsouiller un peu.
Enfin la Volvo S60Polestar apporte un peu de fraîcheur dans la lutte des premiums sportifs. Si ce n’est par le biais des prestations, c’est par l’attrait de la nouveauté.
Volvo ne réaliste clairement pas le hold-up sur le segment avec cette S60 Polestar. Mais si la marque suédoise ne parvient pas à se hisser au-dessus des marques déjà établies, elle arrive sans complexe aucun à se mêler à la bataille et c’est déjà une belle réussite en soi. La marque Polestar ne démérite pas face aux blasons RS, M et AMG et elle devrait trouver un public attirés non seulement par la nouveauté, mais aussi par des qualités bien réelles propres à cette S60.