Le Salon de Genève c’est un peu comme un vieux grand tonton que l’on va le voir une fois par an depuis que je suis tout petit. Je me souviens de ces grands show toutes les heures pour la présentation des nouveaux modèles, avec danseurs, musique et ambiance incroyables, les concept car futuristes chez tous les constructeurs, les créations de Franco Sbarro, l’allée devant le stand Ferrari toujours bondée et impraticable du haut de mon 1m20, l’expo Rothmans de voitures anciennes au sous-sol où des hôtesses distribuaient des mini paquets de 10 cigarettes à tout le monde (difficile à imaginer maintenant je vous l’accorde !), les bus rouges qui faisaient les navettes jusqu’aux parking en bord de piste de l’aéroport, les retours à la maison avec un sac plein de doc, pub, autocollants, posters et porte-clés. Je me souviens aussi des sandwichs mangés assis sur la moquette au bord des allées, généralement pas trop loin du stand Citroën, puis la première fois ou j’y suis allé en conduite accompagnée jusqu’à la frontière après la descente du col de la Faucille, puis seul avec les copains et un A collé derrière la voiture, puis la première fois en journée presse, puis la dernière fois en 2019 il y a 5 ans ! Tout était en train de se finaliser en Mars 2020 quand un certain virus a fait s’arrêter la planète, à commencer par les gros rassemblements de foule comme … un salon de l’auto même à 4 jours de son ouverture !
Après ça le vieux grand tonton s’est un peu isolé, il n’a plus voulu recevoir de monde jusqu’à l’année dernière ou il était parti s’installer au Qatar. De retour dans sa contrée helvétique historique, le GIMS (pour Geneva International Motor Show) comme on l’appelle depuis quelques années fête sa 91ème édition ! C’est avec un peu d’excitation que j’ai affronté les bouchons genevois ce lundi matin pour aller me garer sous le Palexpo. La liste réduites des exposants laissait craindre une salon en demi-teinte, mais je crois que tout le monde était plutôt heureux de retrouver cette vieille connaissance. Alors bien sûr la fête est un peu plus timide ou réservée, mais ne boudons pas notre plaisir de voir quelques constructeurs faire l’effort d’investir de l’énergie, du temps et donc de l’argent, dans ce qui semble être un modèle en fin de carrière, le bon vieux salon de l’auto. Mention spéciale à Renault (et Dacia) qui aligne un stand aussi beau et flamboyant qu’à la grande époque du GIMS, avec des premières mondiales.
LA start du salon : la nouvelle R5 !
La journée a bien commencé chez Renault avec le nouveau Scenic qui remporte le titre de voiture de l’année 2024. Récompense honorifique qui a toujours un petit impact sur les ventes.
Le stand reste cependant bien calme, Rafale (lire ici), Espace, Megane E-Tech electric (lire notre essai ici) et Scenic E-Tech electric (lire ici) sont pourtant à la parade…
Mais en fait aujourd’hui tout le monde n’a d’yeux que pour la petite dernière, la R5 ! Enfin pas celle-ci, l’originale de 1972, mais sa fière descendance !
Celle qui était en tête d’affiche du plan “Renaulution” présenté il y a 3 ans maintenant va ce matin se dévoiler en version définitive, après bien des apparitions plus ou moins camouflée…
Il a fallu attendre 9h30 et la grande conférence de Presse Renault pour qu’enfin elle s’affiche aux yeux de tous !
Dire qu’elle était attendue n’est pas un vain mot quand on voit l’affluence et les écrans levés à son arrivée
Il faut dire que la copie semble réussie, clin d’œil à l’originale, fiche technique sexy et solutions intéressantes. Retrouvez tous les détails de cette nouvelle R5 E-Tech electric dans notre article dédié ici.
Je suis très fan du jaune, mais j’avoue un gros faible pour le vert…
Le bleu est sans doute le plus classe ou discret, ça change pas mal l’auto !
Hâte de la voir dans la rue, avec de la vraie lumière et au milieu de la circulation. Nul doute qu’elle va plaire et qu’on va la remarquer.
Impossible de ne pas retrouver les traits de l’originale, beau boulot de l’équipe Gilles Vidal au design Renault (oup’s j’allais écrire Peugeot, oui un peu à cause du Rafale et son museau très sochalien).
A l’intérieur c’est pareil, le tableau de bord et les sièges s’inspirent de mamie tandis qu’un original panier à baguette est dispo en option, vive la France !
Et quelle que soit la couleur que vous choisirez, pas de panique toute le gamme d’accessoire life style est assortie au catalogue.
Le stand Dacia
L’autre grand stand de cette édition 2024 du GIMS est celui de Dacia, juste à côté de celui de la maison mère.
Et si chez Renault c’est la nouvelle R5 qui fait fureur, ici c’est plutôt la nouvelle R4, ou 4L, qui s’incarne sous les traits de la Dacia Spring : simple, efficace et rustique
Ca se confirme à l’intérieur, pas de superflu, fonctionnalité et sobriété sont toujours de rigueur chez Dacia
Le Duster continue d’affirmer son look, un vrai regard de Jeep maintenant !
En parlant de Jeep et de baroudeur, en voilà un qui n’a pas froid au yeux, le Sandriders est la nouvelle arme de la marque pour aller affronter les pistes du championnat du monde de Rally Raid, avec le très médiatique Dakar en ligne de mire bien sûr.
Et qui mieux que Sébastien Loeb pour aider la marque dans ce nouveau défit ? Prodrive apprend de ses erreurs, on devine la robustesse des triangles !!
50 ans aujourd’hui même l’ami Seb, toujours soif de nouveau challenge et victoire, le regard déterminé !
Le renouveau de MG
La marque MG a une place particulière dans mon petit cœur de “Petrolhead”, je garde un sympathique souvenir de ma BGT (lire ici). Alors quand la marque a annoncé sa renaissance, via des capitaux chinois, j’ai forcément eu des étoiles dans les yeux. Bon il faut avouer que MG Motor est bien loin de MG de la British Motor Corporation, mais la gamme est complète et cohérente avec la présentation de la petite dernière, la MG3. C’est une citadine concurrente des Renault Clio, Toyota Yaris et autres Citroën C3, hybride simple HEV : 4 cylindres 1.5 essence atmosphérique 109 ch + moteur électrique de 95 ch, soit une moyenne cumulée de 130 ch (bien que la marque affirme 195 ch !), transmission E-CVT.
A l’autre bout de la gamme, la MG7 est une alternative tout à fait intéressante à d’autres marques premium pour un tarif très agressif.
Le Roadster Cyberster quant à lui affiche une fiche technique électrique assez incroyable !
Malgré un format conséquent, le roadster biplace veut donner une descendance aux mythiques roadsters anglais dans un créneau avec peu de concurrence électrique.
En tous cas la finition est soignée !
De l’autre côté du stand MG, la gamme IM est au complet, cette nouvelle marque du groupe SAIC (dont MG Motor fait parti) en partenariat avec Alibaba, connu pour son site d’e-commerce Aliexpress (!) mise sur le 100% électrique et technologique. La gamme se calque sur d’autres constructeurs, non non je n’ai pas parlé de Tesla, avec petite et grande berlines et pareil en SUV : de 340 ch (propulsion) à 577 ch (transmission intégrale), batterie CATL 90 à 100 kWh, autonomie +600 km.
Rassurez-vous, il parait qu’il y a d’autres choix en couleurs !
Autre solution de mobilité électrique, la Microlino est maintenant disponible en France et toujours aussi craquante !
Vous pensiez qu’elle ne pouvait pas être plus petite, et bien si c’est possible 🙂
Au détour d’une allée, une bestiale Ferrari Daytona SP3 (lire ici) essaye de se faire discrète au milieu de toutes ces électriques…
Si les marques classiques européennes semblent définitivement bouder les salons, les chinois eux veulent continuer à s’imposer sur le marché de notre vieux continent et n’hésitent pas à se montrer ! BYD rappelait par exemple que sa première venue à Genève était en 2008 et que depuis la jeune marque n’avait manqué aucune édition.
L’occasion de présenter cette année son nouveau vaisseau amiral, le Defender, euh pardon le U8 !
Un truc énorme sans doute plus à l’aise dans les grands espaces nord américains qu’au milieu des villes étroites de notre vieille Europe, mais le niveau de finition et soucis du détail est ultra soigné.
Lucid Motors n’est pas chinois, mais américain, même si ces modèles semblent eux aussi s’inspirer ailleurs. Ne lui trouvez-vous pas des airs d’Alpine A110 berline à cette Air ?
Sapphire est la déclinaison sportive de la gamme, la Air Sapphire affiche ainsi 1200 ch et 1940 Nm de couple !
Pininfarina reste lui aussi fidèle au salon genevois en présentant cette année le Foxtron avec le slogan “We move dreams”. Ils ne seront pas très sweet chez moi avec ce design très conservateur.
Le salon de Genève réserve toujours quelques petites perles, cette édition 2024 ne déroge pas à la règle et quel plaisir de découvrir la Erreerre Fuoriserie. Il s’agit d’une réinterprétation du passé Alfa Roméo sur base d’une moderne Giulia Quadrifoglio qui conserve son V6 de 510ch.
Le résultat est affaire de goût, un peu mieux en vrai qu’en photo il faut l’avouer. Mais vous pourrez toujours vous consoler avec des basquettes si vous trouvez que les 245.000 Euros à rajouter à la Quadrifoglio donneuse sont discutables…
On termine la visite avec le premier de mes deux coups de cœur, la stand Kimera Automobili qui réunit à un parterre incroyable de Lancia Martini de compétition !!
Les couleurs Martini soulignent à merveille les lignes de cette LC1 Gr6 de 1981. Juste pour sourire, le 4 cylindres 1.4 litres sortait 460 chevaux aidé par un grooos turbo, sans doute bien assez pour les 665 kg de la barquette !!
Si on connait la maison italienne pour l’EVO37, réinterprétation moderne de la Lancia 037…
… cette année Luca Betti le boss nous présente l’EVO38, évolution naturelle de la 37 en encore plus méchante !
La fiche technique est encore en cours de finition, mais le look lui est terriblement agressif, je suis sous le charme
Décidément les coups de cœur 2024 ont un fort accent italien puisque le second et l’œuvre de l’équipe Totem Automobili avec une version moderne de la Giulia GTA (lire ici) des 60s. Agressive, moderne et délicieuse, même avant de découvrir son V6 turbo d’un peu plus de 600ch elle me fait craquer…
Vous l’aurez deviné, cette édition 2024 est un peu maigre, le vieux tonton suisse a perdu l’habitude de recevoir, ou ne sais plus séduire les marques qui ont su trouver d’autres moyens de communication et de vente vers le grand public. Est-ce la dernière édition du GIMS ? Clairement je ne l’espère pas ! En tous cas si vous souhaitez aller faire un tour à Genève, ne restez pas sur votre faim avec le Hall 4, prenez les escaliers et allez vous rincer la rétine en Hall 2 avec 2 expos incroyables !!
La Classics Gallery regroupe une 40aine de modèles qui ont fait l’histoire du salon de Genève, et cerises sur la gâteau de nombreuses autos sont celles présentées à l’époque, oui oui le même numéro de série ! J’ai même cru sentir quelques odeurs d’essence par endroit, à moins que ce soit mon cerveau qui me joue des tours…
La seconde, Adrenaline Zone, risque d’être difficile à approcher tant les supercars réunies sont rares et intenses.
Je reviendrai sur ces 2 expos dans un autre article, il y a beaucoup à dire et à montrer. Stay tuned, il y a même une 2cv (lire ici) et une R16 (lire ici) 😉
Crédit photos @ Ambroise BROSSELIN.
