Pour ma deuxième visite au Salon de Genève, je dois avouer être resté un peu sur ma faim. Autant l’édition 2015 m’avaient emballé, autant celle de 2016 m’a quelque peu déçu. Cela est certainement dû à deux éléments principaux : je deviens bêtement blasé et je glisse invariablement vers un mode vieux c*** qui pense que c’était mieux avant. Il n’empêche que je dois avouer avoir été en manque de nouveautés sportives de haut niveau ainsi que de surprises.
Les déceptions :
Côté cheval cabré italien, vous ne m’ôterez pas de l’esprit que la GTC4Lusso n’est qu’un lifting apporté à la FF. Sachant que je n’ai jamais été un fervent admirateur de la plastique de cette dernière, la révision ne m’excite pas particulièrement.
Chez Porsche, l’arrivée du 4 cylindres dans le Boxster reste pour moi un mystère, d’autant plus qu’il s’affiche non pas comme une nouvelle offre complémentaire mais comme le remplaçant du 6 cylindres sur le roadster – et coupé Cayman à venir – d’entrée de gamme. Une entrée de gamme qui prend au passage quelques milliers d’euros en complément. Quant à la 911R, si l’idée est plutôt séduisante, dommage qu’au niveau look les ouïes sur les ailes avant de la GT3RS n’aient pas été reconduites pour donner un côté plus viril encore à la carrosserie assez « banale » de cette version hardcore.
La seule nouveauté marquante était à chercher chez Aston Martin. La DB11 marque certes un renouveau dans la marque et j’ai hâte de savoir comment AMG a réussi à renouveler l’offre mécanique, cependant je reste un peu sur ma faim au niveau esthétique. C’est beau, dans l’absolu, mais il y a une certaine lourdeur qu’on avait plus chez Aston Martin depuis l’avènement de la DB7.
Les habitués Genevois :
Pour voir de la nouveauté, il fallait faire le tour des artisans-sorciers qui sont toujours pléthore à Genève. Ainsi Pagani présentait sa version radicale de la Huayra : la BC. Tandis qu’une flotte bigarrée et colorée de supercars encore plus exotiques fleurissait de toute part : Arash (ex Farbio), Rimac, Apollo (ex Gumpert), Zenvo, Koenigsegg. C’est beau (parfois), ça fait rêver (guère plus dans certains cas) mais au final entre celles qui ne sortiront jamais des moquettes de salons et les autres qui ne trouveront preneurs qu’aux Emirats, je n’arrive pas à m’emballer.
Cependant faisons un petit focus sur l’une d’entre elles : la Rimac. Si sa fiche technique me laisse sceptique avec 1088 ch, j’avoue aimer le design et particulièrement le faible encombrement de la bête. Si le développement du moteur électrique s’avérait trop complexe, un modèle thermique d’environ 300 à 400 ch aurait tout à fait sa place dans le segment où se battent les Porsche Cayman et Lotus Exige V6.
Je n’ai pas cité la Bugatti Chiron dans le lot ? C’est normal. Blasé comme je suis, j’ai à peine survolé sa présentation. Le design est à mon sens plus réussi que celui de la Veyron (surtout l’habitacle), mais comme chez Ferrari, cela ressemble trop à mon avis à une version améliorée d’un modèle existant.
Les bonnes surprises :
Bon, je vous rassure, blasé oui, mais un tout petit peu seulement. Car le salon suisse reste le salon du plaisir automobile. Chez les généralistes, ce sont cette année les italiens qui ont dégainé : si la présence de la 124 sur le stand Fiat n’était pas une surprise, celle de sa version délurée chez Abarth reste mon coup de cœur de l’année. La version “coursifiée” avec ses références au passé était à tomber, tandis que la version route n’était pas en reste non plus. Avec son capot noir et son air méchant elle comble les attentes de tous les fans de la MX-5 en Europe qui ont toujours été sevrés de version méchante. Reste que les 170 ch promis sont peut-être un peu justes, surtout pour le tarif évoqué flirtant avec les 40 k€.
Chez le grand-frère Alfa Romeo, c’était une fois de plus la Giulia qui remportait les suffrages. Si la version sportive reste absolument désirable, la bonne surprise venait du look splendide des versions plus « grand public ». En plus les sièges semblaient confortables !
Passons ensuite chez BMW où la M2 a fait un effet bœuf. Si les photos mettent en valeur son bouclier, en live c’est surtout la largeur des ailes arrière qui attire le regard : c’est du DTM pour la route ! J’adore.
Enfin, même si je ne suis pas totalement objectif concernant ma marque de cœur, c’est chez Lotus que j’ai pris le plus de plaisir à déambuler. Et ce parce que la gamme actuelle est véritablement excitante. L’Elise Cup 250 remplacera dans le cœur des “Lotussiens” l’Exige 4 cylindres. Si les appendices aérodynamiques ne font pas dans la finesse, il n’en reste pas moins que l’ensemble est sexy, surtout dans la robe orange de présentation. Si la 3-Eleven s’avère plus anecdotique de par sa définition radicale, l’Exige Sport 350 Roadster est peut-être le joyaux de la collection 2016. Parée du pack Carbone, elle est à mon goût un peu trop voyante, cependant l’intérieur marque un vrai progrès en terme de finition. Les sièges, la planche de bord, tout est mieux fini que par le passé. C’est bon pour l’image de marque. Comme par ailleurs l’auto semble encore améliorée par la chasse aux kilos superflus, c’est une offre des plus excitantes. En bonus, la tringlerie de sélection de vitesse apparente est splendide. Le plaisir mécanique pour les yeux !
Dernière nouveauté : l’Evora 410. Là-aussi il s’agit plus d’une évolution d’un modèle existant que d’une véritable nouveauté, mais une fois encore c’est la qualité perçue qui frappe en premier lieu. Là où l’Evora 400 présentée ici-même en 2015 présentait encore des fautes de goût flagrantes dans l’habitacle, la nouvelle venue ne semble pas présenter de défaut majeur.
Restent ensuite quelques petits plaisirs glanés de-ci de-là au détour des allées. Le Concept E-Tense chez DS, la Secma F16 Turbo (pas belle, mais qui donne quand même envie d’en prendre le volant), la collection RUF ou encore la gamme McLaren qui s’élargit pour notre plus grand plaisir.
Un avis quand même sur la Lamborghini Centenario. Si pour reprendre un commentaire trouvé sur la toile « Lamborghini a réussi à faire du Mansory », il n’en reste pas moins que la ligne de ce modèle commémoratif, une fois purgé des ailettes jaunes à l’avant, l’arrière et sur les côtés, est d’une grande pureté tout en restant une vraie Lambo’. Le capot arrière en particulier avec un petit air de Miura. Bref, s’il s’agissait de la remplaçante de l’Aventador, ce ne serait pas forcément un mal.
Finalement, blasé ou pas, il n’était quand même pas mal ce “Geneva International Motor Show”. Vivement la prochaine édition…
Crédit photos @ Joris Clerc
Quand on commence à lire mon premier article sur le sujet, j’étais aussi partie sur le même constat puis finalement de photos en photos ce n’était pas si mal … mais comme toi je trouve qu’il manquait de voitures plaisirs possibles à imaginer acheter 🙂
Je te rassure Philippe, en rentrant mercredi soir, je me disais également que cette édition 2016 était un peu décevante. Mais finalement avec le recul c’est franchement pas si mal, disons que 2015 a été tellement bien, difficile de faire toujours mieux. Nul doute qu’on appréciera 2017 !