Bon pied, bon œil, Romano Artioli (86 ans) a été reçu chez Bugatti à Molsheim. Collectionneur de la marque et ancien concessionnaire Ferrari, l’homme – qui fut à l’initiative de la renaissance des Bugatti contemporaines à la fin des années 1980 – a gardé intacte sa passion pour les hypersportives. Il s’est rendu sur le site de Molsheim pour la première fois, avec l’enthousiasme d’un jeune homme, où il a pu échanger avec Stephan Winkelmann, le Président de Bugatti, sur l’avenir de la marque.
De Campogalliano à Molsheim
Romano Artioli (né en 1932), entrepreneur italien, est connu pour être l’ancien propriétaire des marques Bugatti et Lotus. Né à Moglia, dans la province de Mantoue, il a grandi à Bolzano où dans les années 1980, il dirigeait l’une des plus grandes concessions Ferrari, dans le nord de l’Italie et du sud de l’Allemagne. Il a également importé des voitures japonaises et devint, en 1982, le premier importateur de Suzuki, en Italie. Grand collectionneur d’automobiles Bugatti, Artioli fut encouragé par Ferruccio Lamborghini et Paolo Stanzani à créer Bugatti International, société qui avait acheté en 1987 le nom de la marque Bugatti.
Artioli devint président de Bugatti Automobili SpA et fit bâtir le site de production à Campogalliano, où seront fabriquées entre 1991 et 1995 les supercars EB110. Mais, la concurrence italienne (nous ne citerons pas de nom !) vit d’un très mauvais œil l’arrivée de cette ancienne marque de renom. Elle fit pression sur les sous-traitants de Bugatti qui se retrouva sous embargos partiels de pièces ! Une lente asphyxie commença…
En août 1993, Romano Artioli achèta Lotus Cars à General Motors (lire ici). Il en a assuma la présidence jusqu’en 1996, date à laquelle il quitta ses fonctions de direction. Contraint de financer ses pertes dues à l’insolvabilité de Bugatti (développement de la berline EB112), Artioli se résigna à déclarer la marque Bugatti en faillite, en septembre 1995, finalement rachetée par le Groupe Volkswagen en avril 1998. En 1996, il vend une participation majoritaire de Lotus Cars à Proton, année de sortie d’un futur best seller du segment de la voiture de sport, la Lotus Elise (lire ici) qu’il nomma d’après le prénom de sa petite-fille, Elisa Artioli (son compte Instagram ici).
« Romano Artioli fait partie de l’histoire de Bugatti. Il n’a pas ménagé ses efforts pour permettre à la marque d’entrer dans l’ère moderne. C’est un véritable honneur que de l’accueillir ici, sur le site de Molsheim. L’enthousiasme, l’énergie et la passion intacte de Romano Artioli pour Bugatti sont une véritable source d’inspiration. », a expliqué Stephan Winkelmann, Président de Bugatti.
Romano Artioli a pu visiter les installations sur le site, y compris le château Saint-Jean et l’atelier (lire ici notre article), et a testé la Bugatti Chiron : « Molsheim est un lieu magique où les rêves deviennent réalité. Je suis à la fois honoré et touché d’avoir été reçu ici et je vous remercie de votre accueil chaleureux. Je suis heureux de voir mon rôle dans l’histoire de l’entreprise reconnu de la sorte et fier d’avoir apporté ma pierre à l’édifice dans l’histoire de Bugatti, une marque de légende au firmament de l’automobile. Le monde de l’automobile est bien trop fascinant. Il suffit de se rendre sur un site unique comme celui de Molsheim et de sentir l’esprit pionnier qui y règne pour se convaincre que ce n’est pas le moment de se retirer. Je ne tiens pas à rater les formidables évolutions à venir de l’automobile. »
Cette visite peut paraître anodine au premier abord, pourtant elle ne l’est pas et marque une rupture de Bugatti “version Volkswagen” envers l’histoire de la marque. Longtemps, la période italienne de Bugatti version “Romano Artioli” fut dédaigné par les dirigeants allemands. Ce changement d’attitude est due au nouveau président de Bugatti, Stephan Winkelmann ex-Lamborghini, à qui l’on doit la Divo. Car de notre avis, l’EB110 reste, pour le moment, la meilleure Bugatti contemporaine jamais produite (lire notre article ici).
Sources CP Bugatti
Crédit photos @ Bugatti et Romano Artioli