L’avantage de la passion, c’est que ça permet de rester jeune… Enfin c’est la théorie. Parce que lorsque la réalité se rappelle à votre bon souvenir, il faut bien se rendre à l’évidence : on a presque passé l’âge de ces conneries…
Ca fait maintenant 10 ans que nous avons fait notre premier road trip avec mes camarades Bertin et Yvan.
10 ans….Ca fait 5 périodes de Covid quand même. Autant dire une paille !
Je ne sais plus comment l’idée nous est venue. Peut-être en regardant Top Gear ? Ou en se disant que ce serait bien de profiter de nos voitures sur une durée plus longue qu’une simple journée de promenade ou circuit.
Ce qui est certain, c’est que cela n’avait aucun rapport avec l’idée de nous échapper de notre vie de famille. A l’époque on était déjà amoureux de nos compagnes. Les vraies, pas celles qui dorment dans le garage.
Quoi qu’il en soit, dès notre première virée, nous avions posé les bases d’une tradition qui s’est maintenue jusqu’en 2021 (série en cours) : conduire toute la journée sur de belles routes, profiter du vent dans les cheveux et des qualités intrinsèques de nos cabriolets, apprécier les soirées entre potes pour refaire le monde autour, souvent, d’un repas préparé par des hôtes charmants.
Tout n’a pas été rose à chaque fois. Difficulté à se libérer pour certains, problèmes mécaniques pour d’autres, incidents de parcours. Mais à chaque fois les souvenirs glanés nous ont fait tenir un an. Jusqu’à ce que le temps du nouveau roadtrip arrive.
Il y a des dates comme ça dans nos calendriers qu’on ne voudrait rater pour rien au monde : Les 24H du Mans, Le Mans Classic, le Salon de Genève, le road trip annuel avec les potes.
Flashback 2011 : on n’avait peur de rien !
Cévennes, Ardèche, Auvergne : 5 jours de roulage intensif prévus au programme. Et comme montures : 3 Lotus Elise (2 S1, une S2). Eh oui, le confort et la fiabilité à l’époque ça n’était pas notre priorité. Ce qu’il nous fallait c’était du virage, du bruit, de la fureur et l’impression de traverser tous les paysages de la France en une petite semaine.
Sans s’en rendre compte, pour les 10 ans de cette aventure, nous avons refait une bonne partie du parcours original. Avec l’expérience en plus pour éviter les routes les moins sympa et optimiser le parcours sur les chemins de traverse.
Le temps a certainement embelli les souvenirs, mais je me rappelle du plaisir ressenti au volant, de la majesté des paysages, de l’adrénaline qui pulsait sur chaque bout d’asphalte tournicotant autour des vaches, châteaux, précipices, forets, cols. Du plaisir pris à s’arrêter après un gros passage, juste pour admirer la vue, partager les impressions au volant et se dire qu’on était bien là…Loin des tracas quotidiens.
2021, toujours peur de rien…tu parles !
Bon, pour cette année je prends l’Elise ou la MX-5 ? L’hésitation n’est pas très longue. Dans le coin droit Poussinette”. 21 ans au compteur (lire ici), 100 000 km et des poussières, du circuit plein les roues et cette réputation d’anglaise capricieuse. Pourtant elle ne m’a que rarement laissé tomber ma belle jaune. Dans le coin gauche, toute de rouge vêtue, la Mazda MX-5 ND 160 ch (lire ici). Moins efficace, moins extrême, mais en même temps il y a le chauffage, la clim, une capote étanche en toute circonstance. Puis aussi la radio, le bluetooth pour écouter la playlist Deezer et un coffre plus accueillant que celui de la Lotus pour mettre toutes ces choses dont je pourrais avoir besoin. La dictature du « des fois que », inculquée à tout homme par sa moitié à chaque départ en vacances.
Des fois que ma paire de chaussure serait mouillée, il m’en faut une autre. Des fois que je me fasse mal au dos, faudrait que je prévois la crème anti-inflammatoire…En même temps, ce n’est pas l’Elise, je peux rentrer et sortir de la MX-5 sans finir à quatre pattes. Mais on sait jamais ! Finalement ce sera le roadster japonais : NA 1,6L 116 ch (lire ici), NB FL 1,6L 110 ch et ND 2.0L 160 ch.
Dans la phase préparatoire du road trip, il faut forcément trouver où dormir.
- Les gars, c’est quoi le critère principal à prendre en compte pour choisir les logements chaque soir ?
- Faut qu’il y ait une table d’hôte ou un resto atteignable à pied ! Une fois posé, on reprend plus la voiture !
- Ah ? soirées picole au programme ?
- Non, c’est juste qu’on sera rincés et que si on veut se coucher à 21h30, faut pas traîner.
- On pourra quand même prendre une tisane ?
- Bien sûr, on est en vacances quand même !
Ca y est, tout est prêt, ne reste plus qu’à revoir une dernière fois le roadbook préparé de main de maître par Bertin.
- 350 km par jour, ça fait pas beaucoup ? On devrait peut-être réduire non ?
- NON ! Faut pas pousser pépère dans les orties non plus. On prend des voitures (théoriquement) plus tranquilles, on privilégie le confort aussi pour les nuits. Mais la route, ça reste la route ! faut que ça envoie, que ça virevolte et qu’à la fin de la journée on se dise que plus, c’était pas raisonnable.
Alors on garde le kilométrage de notre jeunesse et on serre les dents.
La jeunesse, c’est dans la tête. La vieillesse c’est dans tout le reste !
Ça y est, nous sommes partis. Cinq jours de roulage (liaisons comprises). Les kilomètres s’enchaînent, les lieux magiques aussi.
Col de la Croix de Bauzon, Mont Aigoual, Gorges du Tarn, Viaduc de Garabit, …Quelques moments magiques parmi tant d’autres.
Des occasions de faire reposer les mécaniques le temps d’admirer notre belle France.
Mais c’est marrant, j’ai l’impression que nous faisons plus de pauses qu’il y a dix ans. Et à chaque fois la même vue : le buisson ou le tronc d’arbre en bord de route. Et on essaye de viser au plus loin pour ne pas mouiller les chaussures (bien qu’il y en ait une paire de rechange dans le coffre).
Puis la pause déjeuner aussi semble plus longue. Oublié le sandwich sur le parking du supermarché du coin. On est quand même mieux dans le bistrot, à commander une salade parce qu’on est raisonnables. Avec un Coca Zéro s’il vous plait mademoiselle. « On en a pas ici. », Ah, ben un Coca normal alors. Puis, comme on a tout de même tenté de faire attention comme notre chérie le recommande toute l’année, on s’octroie quand même le dessert du jour. De toute façon elle ne le saura pas.
Et c’est reparti pour l’après-midi.
Mont Gerbier de Jonc, Pas de Peyrol, Mont Dore, Tour d’Auvergne, Col de la Croix Morand, Col de la Croix St Robert, les lieux magiques continuent à s’enchaîner. Les routes qui semblaient si prometteuses sur la carte Michelin sont parfois un peu décevantes, tandis que celles dont on n’attendait pas grand-chose s’avère vertigineuses. C’est à chaque kilomètre une découverte. Encore plus quand l’armée de l’air nous fait son spectacle à coup de Rafale et Mirage 2000 dans les méandres du Cantal.
Chaque soir une nouvelle rencontre. Des hôtes à chaque fois charmants, des repas délicieux en leur compagnie, des visites surprises de petits coins de paradis pour passionnés. Que ce soit d’art, de rock ou de voitures.
Le corps fourbu d’avoir enduré les soubresauts de routes parfois cahoteuses, c’est l’esprit joyeux, ouvert et serein que nous passons chaque soirée à expliquer notre périple et écouter les autres nous parler de leur parcours de vie et de leur quête de bonheur souvent menée à bien.
Pas de doute, la jeunesse d’esprit est toujours là.
Vivement 2022 pour une nouvelle virée entre copains. Nous aurons encore un an de vie à nous raconter dans le détail, 1400 km de routes à découvrir et tous ces gens à rencontrer.
Les montures auront peut-être évolué, les pauses-vidange seront peut-être plus nombreuses encore, mais cela ne nous empêchera pas de prendre un plaisir incommensurable et de nous remplir la tête de souvenirs impérissables.
Retrouvez en fin d’article les cartes correspondant à notre Road Trip MX-5 2021.
Crédit photos @Philippe, cartes et itinéraires @Bertin