Je vous propose cet été de nous replonger dans l’histoire des partenariats horlogers en découvrant ou en redécouvrant des montres étonnantes, décalées ou spectaculaires liées à une voiture d’exception. Aujourd’hui : la Rodolphe Viper.
Pour cette rétrospective estivale, je vous propose une montre originale, peu connue du grand public, créée pour une des plus sportives les plus spectaculaires des années 1990 : la Dodge Viper RT/10.
La Dodge Viper, c’est la dernière muscle car américaine du 20e siècle, celle de tous les superlatifs ou tous les excès, c’est selon, avec sa ligne ramassée, son capot interminable, son V10 8 litres de 400 chevaux et son comportement sans concession. Présentée en 1989 sous la forme d’un concept-car, elle est commercialisée à partir de 1992. C’est une sportive pure et dure qui n’a pas d’aides électroniques à la conduite, un confort spartiate et un moteur omniprésent. Elle a eu le droit a une version “compétition” qui remportera de nombreuses victoires en endurance, notamment aux 24 Heures du Mans et de Daytona, et en championnats GT.
Il faut attendre 2002 pour que le constructeur américain songe à concevoir une montre en son honneur. Il va se tourner vers la manufacture suisse Rodolphe pour créer un garde-temps exceptionnel pour le 10e anniversaire de la Viper. Cette petite marque horlogère, peu connu du grand public, a été fondée en 1996 par Rodolphe Cattin, un designer horloger talentueux qui s’est fait connaître grâce aux montres qu’il a dessinées pour Longines.
Ainsi est née la Rodolphe Viper Commemorative watch. Elle est dévoilée l’année suivante, en même temps que la nouvelle génération du roadster baptisée SRT/10. Elle est dans un premier temps produite en édition limitée réservée aux seuls propriétaires du puissant bolide.
Basé sur la collection “Instinct”, le garde-temps en reprend le boîtier de forme arrondi qui est ici usiné en or jaune 18 carats. Chacun des 500 exemplaires est gravé du nom de l’acheteur et du numéro de série de sa Viper sur le fond du boîtier. Il est animé par un calibre suisse Dubois Depraz 7000 automatique visible par le fond en saphir.
Sa principale originalité réside dans la double bande blanche parcourant le cadran et se poursuivant sur le bracelet en crocodile. Ces décorations spécifiques ornent les voitures de la gamme SRT (pour Street and Racing Technology), les versions à hautes performances des voitures produites par Dodge (lire ici). Autre originalité : le totalisateur des heures du chronographe reprend la forme du logo Viper orné d’une tête de serpent.
Le cadran noir est orné d’index et d’aiguilles dorés luminescents. Les deux autres compteurs affichent la petite seconde et les minutes du chrono. Un guichet de date est discrètement positionné à 12 heures, juste au-dessus des noms Rodolphe et Viper. Chaque montre est livrée dans un superbe coffret en bois laqué noir recouvert d’une bande en imitation de peau de serpent des deux couleurs de la montre, l’intérieur est tendu de satin.
Devant le succès remporté par cette pièce, Rodolphe va commercialiser plusieurs versions à destination d’un public de passionnés par cette muscle-car et de montres originales liées à l’automobile. En fait, ce sont quatre modèles en acier (3 pour hommes et 1 pour femmes) qui sont réalisés avec un bracelet en crocodile ou en acier. Trois modèles pour trois gammes de coloris : décoration rouge et blanche – Viper I -, blanche et noire – Viper II -, ou noir et blanche – Viper III. Le modèle féminin, plus petit, est une “3 aiguilles-date” uniquement disponible en noir et reconnaissable à son boîtier serti de quarante diamants. Il est animé par un mouvement ETA à quartz.
Vendue $6.875 à l’époque, l’édition limitée Rodolphe Viper Commemorative watch est quasiment introuvable aujourd’hui sur marché de l’occasion. Il en va de même pour les modèles grand public. On en trouve parfois lors de ventes aux enchères horlogères spécialisées sur les montres liées à l’automobile. C’était le cas lors d’une vente spéciale organisée par la maison de vente aux enchères parisienne Pestel-Debord (lire ici) à Paris en 2018 sous la houlette de l’expert Jean-Christophe Guyon. Un chronographe pour hommes Viper I, vendu neuf entre $3.775 et $4.175 à l’époque, était estimé entre 2.300 € et 2.500 €. Le même vu lors d’une vente aux enchères à Bordeaux Quinconces en juillet dernier était estimé entre 1.800 € et 2.500 €.
Caractéristiques techniques
Boîtier : 51×48 mm, or jaune 18K, étanche à 30 mètres, verre saphir traité antireflet, fond vissé avec glace saphir, couronne cannelée ;
Cadran : noir à double bande blanche, tricompax, aiguilles des heures et minutes dorées et luminescentes, index dorés luminescents, aiguille centrale des secondes du chronographe, compteur de la petite secondes à 3h, totalisateurs des heures et minutes du chronographe à 6h et 9h, guichet de date à 12h ;
Mouvement : calibre Dubois Depraz 7000 automatique, 47 rubis, fréquence de 28800 alternances/heure (4 Hz), réserve de marche de 40 heures ;
Fonctions : heures, minutes, petites secondes, chronographe, date ;
Bracelet : crocodile noir ;
Edition limitée : 500 pièces ;
Référence : R 73024 41 85 00.