C’est à l’invitation de Renault Sport que je me suis rendu sur le circuit Alain Prost à Val Thorens. Objectif : découvrir les plaisirs du pilotage sur glace au volant principalement de la dernière Clio RS Trophy.
Le pilotage sur glace cela faisait longtemps que j’avais envie d’essayer. Au-delà de quelques « entrainements » sur des parkings de supermarchés lors jour de neige parisien, je dois bien avouer que ma compétence en la matière est négligeable. Du coup c’est avec enthousiasme que j’ai sauté sur l’occasion. Après un long périple pour se rendre à Val Thorens, je commence par découvrir le lieu. Le Circuit Alain Prost est parait-il le plus haut circuit d’Europe. Je veux bien le croire. Bien que dans les faits cela ne soit pas forcément un argument déterminant. Ce qui l’est plus par contre c’est l’état de la piste. La glace est bien présente et selon les instructeurs qui vont m’accompagner toute la journée, la couche de neige par-dessus aura tendance à régulièrement changer l’adhérence au long de la journée.
Nous partons ensuite à la découverte de la monture du jour : la Clio RS Trophy. Je n’ai pas encore eu l’occasion de la tester dans des conditions plus classiques et je ne suis même pas certain d’en avoir déjà vu dans la rue. Clairement, elle apparaît d’emblée plus sportive que la RS « normale ». Ce n’est pas un mal tant cette dernière est discrète. Dans la teinte jaune du modèle que j’utiliserai toute la journée, elle se détache parfaitement du blanc ambiant. Le pot Akrapovic donne un peu plus de voix à la mécanique, principalement en mode Race.
Mais je suis moins là pour tester une auto que pour tenter de percer le secret de la glisse. Les voitures sont équipées de pneus cloutés à l’avant et de pneus neige à l’arrière, histoire de faciliter les transferts de charge. Les premiers tours se font à un rythme tranquille, histoire de se familiariser avec les quatre virages du tracé. Quatre seulement ? J’avoue m’être fait la remarque en début de journée. Quand je pense que le moindre circuit asphalte de loisir en compte facilement une dizaine, j’ai eu peur de m’ennuyer assez rapidement. Et pourtant il semblerait que ce soit bien ce tracé qui soit emprunté lors de la manche du trophée Andros locale.
Assez vite il apparaît que ce tracé relativement court ne manque pas d’intérêt. Le relief et la technicité spécifique à la glace font que très vite on ne pense plus qu’à une chose : réussir à négocier le prochain virage. C’est là une grande différence avec le pilotage sur asphalte où on a souvent l’impression qu’un ou deux virages seulement sur une piste méritent une attention particulière.
La première difficulté du pilotage sur glace m’apparaît comme la diversité du grip qui non seulement change d’un virage à l’autre, mais aussi d’un tour à l’autre. Il faut dire que la journée aura été riche en changements climatiques : du grand soleil à la quasi-tempête de neige, nous aurons eu un aperçu assez large de ce que peut proposer la montagne en cette saison.
Au fil des sessions la confiance vient progressivement, cependant je dois bien avouer que je ne repars pas avec le sentiment d’avoir acquis toutes les ficèles du « Ice Driving ». Ce que j’aurais cependant bien compris c’est que dans ces conditions c’est toujours la finesse et la délicatesse qui prime. Que ce soit sur les actions au volant, le toucher des pédales d’accélérateur comme de frein et même l’utilisation du frein à main, tout excès est directement sanctionné par au mieux une perte totale de vitesse et au pire par une sortie de piste. Les séances de poussette pour s’extirper de la poudreuse auront été régulières tout au long du stage.
Autre grand enseignement : savoir projeter son regard. C’est pourtant quelque chose que je pensais maîtriser du fait de mes régulières journées circuit. Sauf que si la ceinture rouge est suffisante sur asphalte, il faut une ceinture noire sur la glace dans l’exercice !
Les passages au volant s’enchaîneront toute la journée et bien au-delà de la tombée de la nuit. Quel plaisir que de piloter dans l’obscurité, simplement éclairés (de façon spectaculaire d’ailleurs) par les feux de cette Clio RS Trophy. Mais il a bien fallu me rendre à l’évidence, malgré la répétition je n’ai qu’exceptionnellement réussi à enchaîner plus de deux virages corrects sur un tour. La cause première est sans l’ombre d’un doute mon manque de talent. Mais j’objecterai quelques circonstances atténuantes. En premier lieu la monture utilisée.
Comme je vous le signalais en début d’article je ne connais pas la Trophy dans des conditions normales, mais si elle m’a donné le sentiment d‘être plus intéressante que la RS de base, elle n’en conserve pas moins ce qui à mes yeux reste un défaut pour une petite berline sportive : sa boite robotisée. Alors que je me débattais déjà avec le volant, le frein à main et les deux pédales, il m’est arrivé régulièrement de devoir engager un rapport car la boite avait d’elle-même rétrogradé (parce que j’étais à moitié en tête à queue et en perte totale de vitesse certes, mais là on ne parle pas de mes défauts…). J’ai hâte de reprendre cette bombinette en parc presse pour vérifier si cette envie d’indépendance de la boite se retrouve dans un pilotage classique. Clairement dans ces conditions j’aurais préféré une boite manuelle.
Pour les autres excuses que je pourrais trouver, il y a le fait de changer régulièrement d’instructeur. Ainsi tandis que l’un préconise un réglage « sport » en une attaque anticipée de la corde, le second préfère le mode « Race » et une prise de corde tardive. Difficile dans ces conditions de capitaliser entre deux passages. Heureusement en fin de journée les autres participants seront plus fatigués que moi et je pourrais bénéficier de plusieurs passages successifs avec l’instructeur pour lequel j’aurais le plus d’affinités. Je pourrais ainsi avoir un peu plus l’impression de m’améliorer.
Renault Sport nous avait aussi concocté une séance « détente » sur une aire plane avec une Twingo GT dont les assistances avaient été déconnectées. Avec cette petite propulsion nous avons pu nous en donner à cœur joie en la brusquant dans tous les sens. Sans l’obligation de suivre une trajectoire définie il ne s’agissait véritablement que d’un défouloir bien sympathique. Cependant, je me dis encore que j’aurais peut-être pris plus de plaisir sur le circuit avec cette petite auto en boite manuelle qu’avec sa grande sœur ouvertement plus sportive.
A la fin du stage le sentiment qui l’emporte est tout de même celui d’avoir pris énormément de plaisir et c’est bien là l’essentiel. Il y aura aussi la prise de conscience que l’équilibre d’une auto est quelque chose de délicat et qu’il faut véritablement des doigts de fée pour arriver à jouer avec les transferts de charge sans saturer l’un ou l’autre des trains.
Tout comme en ski ou en surf, le pilotage sur glace demande de l’entrainement. L’objectif est d’arriver à avoir ce déclic qui fait que ce n’est plus la réflexion qui gère votre corps mais plutôt l’instinct. Je n’ai malheureusement pas réussi à avoir ce déclic. Il faudra donc que je revienne.
Le stage Ice Driving proposé par Renault Sport est une expérience à faire absolument. Au-delà du plaisir immédiat qu’il peut vous apporter, il améliore véritablement votre compréhension des forces qui agissent sur l’équilibre d’un véhicule. Même si vous n’avez pas l’ambition de vous inscrire au Trophée Andros tout de suite, ce sera malgré tout une corde supplémentaire à votre arsenal de pilote car les enseignements de la glace sont des atouts non négligeables sur n’importe quelle surface.