Le nouveau CEO de Lotus Cars, Phil Popham, a donné deux interviews coup sur coup, à PistonHeads puis TheDrive, afin de couper court aux rumeurs infondées sur le futur industriel du constructeur d’Hethel depuis son rachat par la chinois Geely. Passé par Jaguar Land Rover (directeur des opérations mondiales) et Sunseeker Yachts (PDG), ce spécialiste du luxe a rejoint les équipes de Lotus à la fin de l’année dernière, remplaçant Jean-Marc Gales parti chez JD Classics.
L’ADN de Lotus doit être respecté
En plus du rachat de 51% du capital (lire notre article ici), Geely a décidé d’investir 2 milliards de dollars pour relancer Lotus. De nouveau bâtiments dessinés par les architectes Feilden+Mawson sont en construction (dont un musée) sur le site d’Hethel, dans le Norfolk. Les infrastructures existantes seront rénovées. Alors que les travaux ont été lancé, Phil Popham explique la feuille de route que lui a confié Geely : “Nous avons l’ambition de grandir et nous aurons des années record, mon ambition est de retrouver le volume de Lotus au-delà des pics précédents, mais nous le ferons par étapes. La marque avait un attrait considérable et un héritage positif, même si les dernières années ont été mises en jachère à de nombreux égards.”
La position de Lotus s’était stabilisée sous la direction de Jean-Marc Gales et la société travaillait même à la construction d’un SUV en collaboration avec l’ancien propriétaire Proton et la société chinoise Goldstar Heavy Industrial. Mais les dépenses quotidiennes consacrées au développement étaient minimes. La prise de contrôle de Geely a tout remis à zéro et Phil Popham affirme qu’en termes de développement, il a effectivement rejoint une start-up. Il s’engage pour que les Lotus restent des voitures de sport, respectant l’ADN de la marque. À court terme, cela signifie que davantage de modèles dérivent de l’architecture existante et confirme qu’il existera de tout nouveaux modèles au-delà de ceux-ci : “Nous investissons dans une toute nouvelle plate-forme pour les voitures de sport, c’est ce que nous devrons faire pour l’avenir. Évidemment, cela prend du temps, nous sommes dans l’industrie depuis assez longtemps. sachez que cela ne se fait pas du jour au lendemain. Mais nous commençons maintenant, ces derniers mois, depuis que Geely a pris la relève.”
Lotus fera appel à des ressources externes (comme Williams Advanced Engineering pour l’électrification des plate-formes) ainsi qu’au groupe Geely. Le nouveau centre de conception et d’ingénierie situé près de Coventry effectuera un travail conséquent pour la marque : “Mais la gestion de tout programme d’ingénierie, où qu’elle se déroule, est concentrée ici à Hethel. Lotus ne comptait que 150 ingénieurs lors de la prise de contrôle de Geely. Nous serons près de 500 d’ici la fin de l’année. Avant la nouvelle architecture, il est probable que nous passerons des motorisations Toyota à celles de Volvo [moins malussées]. Le moteur trois cylindres de 1,5 litre de la marque pourrait parfaitement convenir à une Lotus légère. Au-delà l’électrification jouera un rôle croissant, évolution industrielle que les ressources du groupe rendent beaucoup plus facile. L’électrification est à l’ordre du jour mais ce ne sera pas que pour le seul groupe motopropulseur. La légèreté reste la plus importante des valeurs fondamentales de la marque.”
Pas de SUV à court terme
Après l’annonce de la prise de contrôle de Geely, beaucoup s’attendaient à ce qu’un SUV Lotus soit lancé sur le marché et repose sur une architecture Volvo existante (XC40/XC60). Phil Popham confirme que cela ne se produira certainement pas : “Nous devons nous assurer que quelle que soit la plate-forme que nous utiliserons, l’ADN de Lotus – performances, dynamique et légèreté – soit respecté. Cela signifie que si nous développions une autre plate-forme du groupe, nous nous assurerions – au stade de la conception – que les exigences de l’ADN Lotus sur cette architecture soient satisfaites. Ce que nous ne ferons pas, c’est de prendre une plate-forme existante et d’essayer simplement d’en faire une Lotus. N’attendez pas un SUV Lotus dans un avenir proche. Ce que vous pouvez espérer voir, ce sont des voitures plus pratiques et plus viables au quotidien.”
“Nous voulons étendre l’attrait de Lotus au-delà de sa base de fans actuelle. Je veux créer des voitures avec lesquelles les gens puissent s’amuser, mais aussi avec lesquels ils puissent vivre au quotidien. Cela signifie que l’ergonomie, la praticité, l’entrée et la sortie de l’habitacle soit plus facile à vivre. Notre intention est d’étendre au-delà des voitures de sport. Les ressources auxquelles nous avons accès via le groupe Geely nous offrent une énorme opportunité d’aller au-delà de notre segment de marche, tout en restant fidèle à la marque Lotus. Nous sommes toujours en train de regarder où notre expansion de la production va avoir lieu. La fabrication peut avoir lieu sur d’autres sites au Royaume-Uni ou à l’étranger [Asie, Brexit ?]. Mais notre plan est de passer d’une petite entreprise à une grande entreprise internationale.”
Pas de descendance directe pour l’Elise actuelle
“Nous devons concevoir les bonnes plates-formes pour créer des voitures très attractives. Nous en parlerons au fur et à mesure, plutôt que de faire des promesses pour l’avenir sans intention d’ingénierie. Mais personnellement, je pense que la marque a un potentiel énorme. Nous examinerons les segments en fonction de la rentabilité. Lotus a un plan quinquennal prévoyant le développement de nouvelles plates-formes. Nous devons attirer un plus grand nombre de personnes, à la fois en ce qui concerne les produits proposés et les prix proposés. Certaines de nos voitures, pourrait bien être moins cher, mais cela ne signifie pas nécessairement que nous allons abaisser le point d’entrée de la gamme.”
“La prochaine voiture que nous annoncerons est une nouvelle version GT de l’Evora, plus puissante et avec plus de fonctionnalités”. Le puissance de cette nouvelle version de l’Evora serait de 500 ch au banc ! Concernant l’éventualité d’une hypercar électrique de 2000 ch (Projet Omega), Phil Popham balaye cette rumeur : “Vous allez probablement voir quelque chose vers la fin de l’année prochaine, pas avant. Il s’agira davantage d’un produit de volume respectant absolument l’ADN de Lotus, maniable, léger, dynamique sur route, mais cela attirera un plus grand nombre de personnes grâce aux qualités qui font défaut aujourd’hui : facilité d’utilisation, ergonomie, technologie. Cette voiture sera dans la même gamme de prix que l’Evora (au-dessus de 100000 dollars) directement sur le territoire de la Porsche 911.”
Phil Popham a une réponse toute prête à la question de savoir comment un constructeur de petites voitures de sport légères et traditionnelles pourrait espérer croître dans un moment dominé par l’électrification, l’autonomie et la taille, à la fois en termes de poids (SUV) et de capacité de production : “De toute évidence, il y a beaucoup de technologie utilisée pour rendre les voitures autonomes réelles. Nous attendons à voir le développement de voitures de base, l’automatisation étant utilisée uniquement pour aller de A à B. Mais nous pensons en même temps qu’il y aura une demande croissante de voitures pour les loisirs, pour une expérience de conduite pure. Nous voulons adopter la technologie afin de nous assurer qu’un conducteur peut tirer le meilleur parti de sa voiture lorsqu’il la conduit. Et nous avons l’avantage de faire partie du Groupe Geely, de disposer de leurs ressources en termes d’ingénierie et de technologie. Tous les nouveaux produits seront conçus par Lotus, mais nous sous-traiterons des lots de travaux au groupe Geely afin de tirer parti de leurs économies d’échelle.”
Pas de retour en sport auto
Lotus est né de la course, mais a été hors de la compétition de haut niveau depuis un certain temps. Y a-t-il assez de chance pour y revenir ? “Nous devons être dans le sport automobile, car cela fait partie de l’ADN”, dit Phil Popham avec précaution, “il existe une foule de façons d’y revenir : séries simples, GT4 et GT3. Pour le moment, notre engagement n’est rien de plus que de produire, de manière responsable, des voitures que les clients veulent voir et veulent conduire. Je ne nous vois pas revenir à la Formule 1 de si tôt.” ajoute-t-il avec ironie.
Sources : PistonHeads & The Drive
Les articles parlant de SUV Lotus ne sont pas très rassurant tellement ça ne fait pas partie de l’esprit de la marque. C’est logique qu’il faut faire du volume pour être rentable pour continuer à faire perdurer l’esprit de la marque. Porsche en est la preuve, sans Cayenne il n’y aurait sans doute jamais eu de GT2 RS l’année dernière.
Lire un article où le PDG explique qu’il connait l’esprit de la marque et qu’il veut tout faire pour le conserver pour garder la base clients déjà en place est beaucoup plus rassurant. ça fait plaisir à lire. J’ai hâte de voir comment il va faire tout ça.
Bonjour Julien, Vous avez tout fait raison, merci de votre message. Nous avons corrigé notre erreur d’échelle.
2 milliards plutot ?