Il est difficile de refuser une invitation de Honda France quand le nom de la Honda NSX est prononcé. Cela est vrai autant en ce qui concerne la première du nom que la dernière génération. En attendant de pouvoir effectuer un essai rétro, je vous parlerai aujourd’hui de la dernière-née des Supercars Honda.
Autant l’avouer tout de suite, il ne s’agit pas à vraiment parler d’un essai. Entendez par là un roulage suffisamment long et dans des conditions assez larges pour que j’estime pouvoir me faire une idée globale suffisante de l’auto. Tout d’abord parce que la proposition de Honda était centrée sur la dernière Civic Type R (voir l’essai Honda Civic Type R) et que la Honda NSX n’était que la cerise sur le gâteau. Cerise assez légère puisque il s’agissait de convoyer la belle de l’aéroport de Biarritz jusqu’au circuit de Pau-Arnos. Un périple qui aurait pu être exaltant s’il n’avait pas été contraint par le temps et des conditions climatiques proches du dantesque.
Intérieur
Nous sommes donc partis avec mon compagnon de voyage Christophe sous un ciel chargé, puis pluvieux et enfin grêleux. Avouez qu’il y a mieux pour tester aux limites un joujou d’un peu moins de 600ch et de près de 180 000€. Sur le coup, l’itinéraire le plus pertinent nous sembla être l’autoroute. Un long ruban humide où le respect des limitations de vitesses était imposé autant par le risque de trouver sur notre route un appareil photo étatique que par la météo peu engageante. Cela nous laissa cependant le loisir de détailler l’habitacle de la belle. Comme on peut s’y attendre sur une japonaise, l’ergonomie globale est assez bonne. L’assise confortable, la visibilité sans soucis et le tableau de bord qui s’étale devant nos yeux exempt de gros défaut. Mais il faut bien l’avouer, de grande originalité aussi.
Sur ce dernier point il faut avouer que le noir intégral de notre version d’essai n’aide pas. Le deuxième équipage avait droit à une auto dont le triste gris extérieur tranchait avec un très beau cuir crème dans l’habitacle. Dans cette configuration le cockpit faisait preuve d’un charme beaucoup plus aboutit. Quitte à choisir, j’aurais pris un mix des deux autos : le superbe rouge extérieur de l’une marié à l’intérieur crème de l’autre.
Le seul défaut flagrant de cet habitacle du point de vue du passager est la tablette de contrôle de l’Entertainment. Son intégration est basique en terme de design, encore plus en modernisme pour la partie GPS. Plus j’essaye des autos, plus je pense que l’avenir de ces équipements doit être laissé au libre choix de l’acheteur qui, en connectant son téléphone portable, devra pouvoir bénéficier de son application préférée sur l’écran de sa voiture.
Une fois installé au volant, les premières impressions sont bonnes. Seul petit regret, ne pas pouvoir baisser la position du siège conducteur autant que celle du passager. C’et ma marotte personnelle : j’aime être assis le plus bas possible. Ceci dit, à la base on n’est quand même pas assis dans une Honda NSX comme dans un Renault Traffic et je conçois que les ingénieurs aient estimé que la position était bien assez basse comme ça sans en rajouter.
Au volant
Le volant est agréable à prendre en main et il ne faut pas très longtemps pour se sentir bien au volant de cette berlinette. C’est certainement le premier tour de force de la NSX : mettre en confiance son conducteur dès les premiers mètres. Malgré ses dimensions respectables et, en ce qui me concerne, assez inhabituelles, il n’y a guère qu’au premier péage que j’ai eu le sentiment d’avoir une auto particulière : pas facile d’atteindre le ticket sans ouvrir la portière. Télépéage obligatoire au quotidien !
Le démarrage en mode full électrique n’est plus aussi étonnant qu’il y a quelques années, cependant il est toujours surprenant au volant d’une sportive. Il se prête pourtant bien au caractère de la Honda NSX qui se veut au final plutôt discrète. Malgré sa superbe plastique, il faut avouer qu’elle attire moins les regards que les Civic Type R qui nous accompagnent. Dès que l’occasion se présente une petite accélération nous rappelle que le ramage de la belle vaut son plumage. Le V6 chante rauque à bas régime et s’éclaircit bien la voix en prenant des tours. Accompagné en sourdine par les trois moteurs électriques, il a vite fait de propulser la NSX et ses occupants bien au-delà des vitesses raisonnables. Ce d’autant plus vite que tout cela se fait dans une sérénité à toute épreuve.
Une accélération franche sur chaussée détrempée ne provoque aucune amorce d’embardée. Cela reste vrai une fois sortis de l’autoroute pour emprunter les petites départementales qui nous mènent au Circuit de Pau-Arnos. Alors que j’appréhendais initialement de devoir me frayer un chemin sur des routes étroites, mouillées et tapissées de feuilles mortes, la NSX s’est là encore montrée une compagne prévenante et facile, ne rechignant pas pour autant de se faire taquiner. Bref, à part une largeur peu adaptée à ce type de tracé très étroit (ou seize pour les p’tits marrants du fond…), la Honda NSX s’acquitte aussi bien de la “routavirages” que de la ligne droite. Un seul bémol sur le ressenti des palettes quand on passe en mode manuel : la qualité perçue n’est pas à la hauteur du reste de l’auto avec un sentiment d’avoir au bout des doigts les tiges de plastique d’un volant de console de jeux.
Design
Arrivé à destination, il est temps de faire un tour du propriétaire dans un cadre bien plus agréable que le parking d’un aéroport. La Honda NSX est clairement une réussite esthétique. Elle marie subtilement une certaine élégance avec une sportivité assumée. A la façon d’une Audi R8 (relisez notre essai), mais avec sa personnalité propre beaucoup de modernité. Ce qui me semble intéressant dans son dessin c’est que le modernisme et le classicisme arrivent à en faire une voiture qui, à mon avis, ne se démodera pas trop vite.
J’aime particulièrement le dessin des ailes arrière, moins marquée que sur la dernière Ford GT, mais dans le même esprit. La NSX présente un style qui s’apprécie dans la durée. Discrète, elle devient belle dès que l’on s’y attarde et passionnante quand on se concentre sur les détails. Seule la poupe me semble un peu fade. Pas ratée à proprement parler, mais trop “facile” par rapport au reste du dessin.
Après une grosse heure de route, le bilan est globalement positif. Si les compétences sportives de la Honda NSX restent à démontrées, la belle sait se montrer une compagne facile. Discrète, facile à prendre en main, confortable, rassurante, dynamique à la demande, elle apparaît comme une réussite. Pour ce qui est des aspects passionnel, performance et efficacité, un essai plus long sera nécessaire. Ceci est bien, au cas où vous en douteriez, un appel du pied à Honda France.