Nouvel épisode du Rennsport Reunion V à Laguna Seca et fêtes de fin d’année oblige, on se laisse aller à quelques excès de gourmandise. On ne va pas arranger la situation avec une overdose de protos Porsche des années 60’s/70’s ! Heureusement, ce n’est pas votre foie qui va trinquer cette fois-ci !
Ce plateau est le plus faiblement fourni en nombre d’engagés, et le plus sujet à la perte de concurrents sur panne mécanique au fur et à mesure du weekend, mais c’est peut-être aussi le plus magique.
La part belle est donnée aux prototypes des sixties jusqu’au début des années 70, et l’on retrouve avec délectation l’implacable escalade qui a vu passer Porsche, en une poignée de saisons, du rang de spécialiste des petites cylindrées, à celui d’ogre de l’endurance écrasant tout sur son passage.
Les autos présentes sont les résultats des ambitions quasi mégalomaniaques d’un certain Ferdinand Piech, qui n’a reculé devant rien pour lancer la jeune marque allemande vers les sommets.
906, 910, 908, 917… Il ne manque guère à l’appel que la 907 pour reconstituer la galerie de l’évolution au complet.
La lignée des prototypes Porsche démarre au millésime 1966 avec deux 906 ou « Carrera 6 ».
La première est un exemplaire jaune, le châssis 906-148 engagé par Wade Carter.
Cette 906 ne présente pas de palmarès particulièrement notable. Comme beaucoup de Carrera 6, elle a fait le bonheur de clients privés américains et a été vue dans les compétitions locales jusqu’au début des années 70.
Son état cosmétique et sa couleur inhabituelle en font un bel exemplaire.
Engagée par Charles Harris, la seconde Carrera 6 est présente un aspect différent, très haute sur pattes alors que l’autre semble particulièrement basse.
Numérotée 906-150, elle arbore fièrement les couleurs d’une équipe sicilienne sous lesquelles elle a terminé les 720 km de la terrible Targa Florio, en 8ème position en 1966. Une épreuve remportée par une autre 906.
La Targa reste le fait principal de la carrière de cette auto dont on ne connaît pas plus d’historique. Elle semble néanmoins fréquenter régulièrement Laguna Seca et son Corkscrew.
Les courbes en appui accentuent vraiment cette importante garde au sol !
Deux 910 sont engagées dans la Weissach Cup. Comme nous l’avons déjà vu la 910 (type 906/10) est l’évolution de la 906 pour 1967 qui tient principalement en une aérodynamique revue, un toit amovible, l’abandon de la bulle arrière en plexiglas et le passage à des roues à écrou central issues des Lotus de Formule 1.
Le châssis 910-004 aux mains de Reginald Howell ce weekend est une voiture d’usine, utilisée au 12 Heures de Sebring 1967 par Jo Siffert et Hans Herrmann, avec à la clé une 4ème place au général derrière deux Ford et une voiture sœur.
Fidèle à la politique de Piech, cette voiture désormais « usée » par cet unique engagement a immédiatement été reconditionnée pour être vendue à des clients privés.
Notons que le toit amovible n’est pas un luxe vu la hauteur du toit !
Le châssis 910-025 a lui aussi connu les honneurs de l’engagement par le Porsche System Engineering, avec une participation à la Targa Florio 1967 aux mains de Gerhard Mitter et Colin Davis.
Équipée d’un 8 cylindres, plus puissant que le classique Flat-6, elle a connu moins de réussite avec un abandon sur sortie de piste. Mais l’honneur est sauf, trois autres 910 assurent un triplé dans cette épreuve devenue le jardin de Stuttgart.
Aux mains de Stephen Thein sur le Rennsport, cette 910 a manifestement connu des soucis techniques qui ont limité son temps de piste et ne lui ont pas permis de prendre le départ de la course.
Avant d’attaquer les monstres, attachons-nous à quelques curiosités artisanales. Leur présence dans ce plateau est un peu décalée et leurs performances sont sur une autre planète mais elles ont le mérite d’apporter un peu de quantité.
La Dolphin America (1962) de Victor Skirmants est une voiture créée à l’initiative d’un distributeur Porsche par un artisan californien pour le pilote Ken Miles, qui deviendra par la suite un des acteurs centraux des programmes Shelby : Cobra et GT40.
Suite à quelques succès aux dépens des 718 RS, l’usine Porsche suggèrera gentiment aux fauteurs de trouble de cesser leurs activités s’ils souhaitent continuer à distribuer la marque en Californie !
A priori exemplaire unique avec une motorisation Porsche, cette drôle de « Porphin » a un aspect à mi-chemin entre une Lotus XI et une Ferrari 250 TR.
Les Elva-Porsche, en revanche, sont des initiatives validées par le constructeur allemand et développées avec son aide.
La MK VII de Michael Knebel date de 1963 et a fait le trajet depuis l’Allemagne pour courir à Laguna Seca.
Un total de 15 Elva-Porsche est proposé aux clients américains qui ne tardent pas à se les arracher grâces aux excellentes performances de ces barquettes britanniques et ce, malgré un comportement routier légèrement scabreux.
La seconde voiture pilotée par Gregory Campbell est une version MK VIIS de 1964.
Construite en 1964, cette Bobsy SR3 a un look pour le moins singulier.
Il s’agit là aussi d’une création du pays de l’oncle Sam, pilotée par Donald Anderson
Dernière curiosité, la Platypus de Neil Alexander est une autre « Special », made in Los Angeles.
Son museau plat a inspiré son nom à ses concepteurs, même si « l’ornithorynque » aurait aussi bien fonctionné sur la Bobsy.
Voilà pour les curiosités. Passons désormais dans la cour des grands, dans la seconde partie de cet article…
Le prochaine fois je dois être lá avec notre Renntransporter avec le prototype de Formula Vee!