Vous ne connaissez pas (encore) le SCCT ? Le Seventies Classic Club Trophy est une association créée en 2006 (15 ans l’an prochain !) qui a pour but de réunir les passionnés d’anciennes autour des circuits en organisant des journées de roulage. A force de croiser cette joyeuse équipe au GPAO (lire ici), de regarder leurs belles autos, discuter avec les uns et les autres ou encore lire les comptes-rendus de leurs journées sur divers supports, voilà quelques temps que l’idée de passer une journée SCCT me trottait dans la tête. Alors lorsque tout s’est réuni pour que ça se fasse, je n’ai pas hésité bien longtemps à m’inscrire à Ladoux 2020.
Ladoux vous dit peut-être quelque chose, il s’agit du site Michelin à Clermont Ferrand qui regroupe sur 45 hectares 20 pistes d’essais pour une longueur totale de 45 km. Rarement ouvert aux clubs, j’avais déjà pu y poser mes roues il y a quelques années pour une journée glisse, mais là le SCCT a soigné le programme en proposant la matinée sur un circuit rapide (et sec) de 2770 m et l’après midi sur le canard arrosé en continu pour garantir des conditions de glisse constantes !
Au coeur du Bib’
Passons sur les 4h de route du vendredi soir, qui se transforment en 5 tant les conditions sont mauvaises avec pluie et brouillard sur l’ensemble du trajet pour se retrouver samedi matin, vers 8h00 à l’entrée du site Michelin, point de rendez-vous pour montrer patte blanche et obtenir un badge d’accès. En effet rentrer dans un site industriel ne se fait pas aussi facilement que sur un circuit classique, chaque participant est donc déclaré, et sur présentation d’une pièce d’identité nous voilà en mesure de se laisser guider jusqu’au paddock badge visiteur autour du coup. Le parking extérieur donne le ton, quelques Datsun/Nissan Z sont là, j’aperçois plusieurs Porsche 924 ou 944, une superbe MG B arrive sur remorque et au moment de m’engager vers le portail c’est une Ford Capri qui arrive, tractant une petite remorque avec tout le nécessaire pour la journée. Esprit Gentleman Driver des 70s à 300 %, j’adore ! Impossible de se tromper, le chemin est parfaitement balisé jusqu’à l’aire plane située entre nos 2 circuits du jour, en plein cœur des pistes Michelin. Alignement impressionnant de MG puis de BMW, je ne sais où donner de la tête en cherchant une place pour me garer. Nous irons finalement sur le second espace rejoindre une belle Mini, quelques Z, une Capri, une MG B, des BMW et une sublime Lotus Elan.
Juste le temps de faire un tour du paddock que sonne déjà l’heure du briefing par Franck le Vice-Président du SCCT et surtout un habitué des lieux. L’introduction nous rappelle combien nous avons de la chance d’être là aujourd’hui, d’une part sur le site Michelin mais d’autre part aussi nombreux réunis en cette période étrange de restrictions en tous genres. Un mélange subtile de sérieux et de décontraction dans le message donne le ton de la journée : nous voilà réunis pour nous faire plaisir entre gentlemen, faisons en sorte que tout se passe bien ! Hop on reprend la queue pour récupérer le bracelet pilote et la couleur à mettre sur le pare-brise. Ce sera Jaune pour la Cortina et vert pour la Mini de Julien (le frère de mon mari mais aussi le prête qui a célébré notre union (lire ici) 😉 ), les voitures sont réparties par puissance en 3 groupes, permettant de contenir le monde en piste à moins de 20 voitures avant d’ouvrir en open.
En piste
Allez on décharge le coffre de la caisse à outils, le bidon d’huile et de liquide de refroidissement et les quelques bricoles qui trainent dans l’habitacle, on sort le casque et il est l’heure d’aller se mettre en entrée de piste. Quelle ambiance, une Midget Ashley devant moi, la sublime Escort Mk1 derrière et un point jaune sous la forme d’une MG B V8 qui prend la piste, alors que les dernières BMW 02 du groupe vert rentrent au paddock. Je croise Julien les yeux pétillant qui a juste le temps de me hurler à travers le casque à la fenêtre de sa Mini “#utain, c’est génial !”. Allez première et je m’élance pour un tour derrière le pace car (la 2002 de Franck) qui modère les allures pour découvrir le tracé et aussi situer la sortie vers le paddock pas évidente à deviner avant qu’il ne nous la montre. Il faut dire que ce circuit d’essai est vierge de tout obstacle en bord de piste, y compris des panneaux ou indications, de quoi rassurer en cas d’excès d’optimisme. Les tours s’enchaînent, les trajectoires se calent sur les connes qui indiquent les points de corde parfois tardifs dans ses grandes et longues courbes rapides. Tiens une 944 à la déco délicieuse se fait grossissante de mes rétros, clignos pour moi, petit signe de la main pour le pilote de l’allemande, l’opération sera renouvelée à chaque dépassement en tant que “dépasseur” ou dépassé. Les 20 min sont écoulées, déjà, il faut donc rentrer au paddock après un tour à laisser refroidir la Ford, chose rapide vue la température extérieure.
Vidéo entrée en piste :
Les 40 min avant la session suivante passent ultra vite, d’abord un petit café / brioche sous le barnum du SCCT calé entre 2 VW transporter. Ensuite à observer les beautés présentes et leur niveau de préparation allant de rien à tout, ou plutôt de la Saab Sonett, MG B, 304 cab’ ou BMW 1602 entièrement d’origine à la Peugeot 505 de piste sévèrement affutée en passant par une Mustang 350 GT absolument divine ou des Capri et Z plus ou moins méchantes, le tout en discutant avec les uns et les autres autour de leur autos ou en bord de piste, il est déjà l’heure d’y retourner. Les repères sont là, la confiance dans les freins et le niveau de grip de la voiture aussi, quelques tours derrière la belle Lotus Elan, puis c’est à la poursuite d’une MG B affutée que je finirai la session, avec une banane grandissante dans mon casque ! La session des rouges se jette en piste avant de finir la matinée en open pit-lane. L’occasion de monter dans la Mini de Julien pour quelques tours dans le siège de droite. Les petites Mini n’en finiront jamais de m’étonner, cette Cooper injection 100% d’origine envoie du gros ! Julien ne la ménage pas mais le rythme est étonnant, les freins aussi (ouf !) aidés par le faible poids, il se permet même de dépasser une Golf GTi … en tour de chauffe 🙂
On rentre aux stands et on repart en Cortina pour prendre la piste entre une 325i aux couleurs Fina et une 944 Rothmans, mince on est vraiment en 2020 ? Avant même la fin du premier tour Julien, les 2 mains sur la poignée de porte me confirme que le maintien latéral des sièges est inexistant, c’est vrai que j’avais l’impression de beaucoup me tenir au volant… Une Triumph TR6 nous ouvre la voie à bon rythme quand un missile rouge apparaît dans mon rétro, je laisse passer la Corvette C3 pour se délecter de son V8 et ses feux arrière … puis ses phares ! Blocage de pont au rétrogradage à l’entrée de la chicane pour Franck qui découvrait la grosse américaine, on dirait qu’elle ne se laisse pas dompter facilement. La Toyota Celica TA22 ne fait pas honneur à la fiabilité japonaise, la voici arrêté en bord de piste, signe de retour aux stands. Julien se doutant que sa Mini sera moins à la fête sur le mouillé de cet après-midi retourne en piste alors que la pluie s’invite timidement. De mon côté un petit tour de l’auto montre quelques boulettes de gomme sur les ailes arrières. C’est vrai que je trouvais que Julien avait pris un peu depuis la naissance de son 2ème… D’autres diront que la Cortina est un peu basse, peut-être aussi, mais hormis un léger effacement du marquage Yokohama sur le flanc, rien de quoi s’alarmer.
Le fameux Canard
Pause rapide de midi autour d’une généreuse pizza au feu de bois faite sur place par le camion convié par le SCCT, et hop la digestion va se faire sur la seconde piste de la journée, la 3bis mieux connu sous le nom de Canard ! Comment va se comporter la Cortina en pneu route sur cette pellicule d’eau constante ? Je n’en mène pas large au moment de prendre la piste, même si pour mettre toutes les chances de mon côté je suis passé de 2.0 bars au carré à 1.8 à l’avant et 2.2 à l’arrière. Premier tour derrière le pace car, le tracé n’a pas changé depuis la dernière fois, je peux ainsi provoquer la voiture dès le second tour sans me demander où va pointer le prochain virage. Bonne surprise le train arrière réagit plutôt bien en perdant tout forme d’adhérence, par contre les suspensions un peu souple donne du tangage au moment de la reprise de grip. OK alors il suffit de mettre plus de gaz pour entretenir la glisse, enfin du moins essayer. L’exercice se révèle physique, non les sièges ne maintiennent pas plus que le matin, et les 20 min de cette première session semble passer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, juste assez pour se donner chaud.
Je retrouve Julien au stand qui découvre sa Mini sous un autre jour, ultra fun, ultra pivotante et ultra courte. Bizarre ces traces d’herbes au niveau de la poignée de porte ! En attendant la seconde session je contemple les exploits en piste des Capri et des Z, la Mustang GT350 met pas mal d’angle tandis que la 505 hurle tout ce qu’elle peut en butée de contre braquage. L’équipe Suisse en Celica et Anglia vient discuter un peu autour de la Cortina, aussi pour voir ce qui se cache sous le capot : une caisse nue de Cortina attend patiemment chez eux que l’Anglia soit finie à 200% pour être à son tour l’objet de toutes les attentions. Vu le niveau de finitions de l’Anglia, ça promet une belle seconde Ford à la maison !! La session des verts part en piste, un festival avec les BMW 02, les Mini se dandinent et finissent généralement dans des 360 voir 720, tout le monde s’amuse et trouve les limites de son auto.
Allez seconde session pour moi, je pars juste derrière l’Escort qui semblait envoyer fort lors de la première. Edouard à son volant est un habitué des spéciales de rallye, la piste doit lui sembler incroyablement large et dégagée ici ! A tel point que 2 virages plus loin il part dans un long 360 et me laisse la voie libre. Fin de ligne droite, je remet la 3 et inscrit avec un peu de poigne l’avant de la Cortina dans le droite, l’arrière part et enroule sur les gaz, juste assez pour reprendre du grip quelques mètres avant d’enchainer sur le gauche suivant, “ohh c’est bon !” Évidemment tous les tours ne s’enchaînent pas aussi bien, entre reprise de grip trop tôt, trop de gaz, perdu dans les tours de volant dans un sens puis dans l’autre, mais quel pied !! Au hasard des passages dans l’herbe je me retrouve derrière une des deux Midget, sacré vitesse de passage et sacré angle malgré l’empattement court. Superbe spectacle à suivre. Les 20 minutes sont terminées, une pause va me faire du bien tant les brassages de volant donnent chaud !
Vidéo en caméra embarquée, Ford Cortina 1963 sur le circuit le Ladoux, piste détrempée :
Un rapide coup d’œil à la météo m’annonce le déluge sur Lyon à partir de 19h00 et pour tout le reste de la route. Dilemme, j’attends un peu pour refaire une session Canard dès que la piste est en open au risque de prendre la pluie ou je remballe mes affaires et je file pour essayer d’avoir une route sèche ? La raison (et le souvenir de la looongue route la veille) l’emporte sur la gourmandise (oui je vieillis aussi…), je repars du site Michelin peu après pour rentrer en Haute-Savoie sans l’ombre d’une goutte. L’intensité de la pluie qui s’est abattue peu après que je sois arrivé ne me fait pas regretter mon retour anticipé. Par contre, une chose est certaine, Ladoux 2021 avec le SCCT, la Cortina et moi on sera là !!
Le bilan de la journée
Objectif 100 % réussi pour moi, à savoir une journée pour découvrir en accéléré ma nouvelle auto, sur le sec et sur le mouillé. Une ambiance à la hauteur de la bonne réputation du SCCT avec des passionnés qui partagent la piste dans un super esprit. Nul besoin d’avoir une bête de circuit pour se faire plaisir, la passion est par contre absolument nécessaire. Alors si vous avez une ancienne (dont la date de sortie du modèle est d’avant 1984, mais votre auto peut être plus récente) et que l’idée de la faire rouler sur circuit vous titille, n’hésitez plus !! Retrouvez toute l’actu du SCCT sur leur site internet et forum par ici ou directement sur leur page Facebook.
Crédit photos @ Ambroise BROSSELIN
Crédit vidéos @ SCCT & Ambroise BROSSELIN
Merci Ambroise pour ton article très élogieux .
Ton auto a été la cible de bien des curieux et pour cause, elle est magnifique .
Au plaisir de se revoir, si pas à Ladoux dans l’immédiat, à Pouilly en Auxois en mars 2021.
Gilles en Opel Commodore A 70′
Dingo, non malheureusement ce n’est pas une vraie Lotus, je n’ai toujours pas gagné à Euromillions. C’est donc une 1200 aux couleurs Lotus.
Bonjour , cette Ford Cortina au look Lotus est elle une authentique type Cortina avec son moulin Twin Cam Lotus ?