On a testé pour vous le mariage en limousine !

« Euhhh oui ». Ce sont par ces deux mots si anodins, et certainement les longues minutes d’inattention qui les ont précédés que je me suis retrouvé embarqué dans cette aventure un poil louche. Il est vrai que le boss nous avait parlé il y a quelques temps de se mettre à la place du lecteur, de faire autre chose que des essais ou des évènements d’anciennes. Ouais et bien là c’est tombé sur moi, et je peux vous garantir que je ne lirai plus jamais Vintage Racer en réunion au lieu d’écouter les questions du boss…

Ahh le mariage c’est une sacrée étape dans une vie, quelque chose que l’on met des années à réfléchir et concrétiser, des mois à préparer et penser dans les moindres détails, bref un grand moment pour lequel on souhaite que tout soit parfait. Après avoir choisi le lieu de la réception, trouvé LA robe de la mariée, définit, redéfinit et reredéfinit la liste des invités puis peaufiner le menu et les plans de table, envoyé les faire-part, il ne reste qu’un dernier détail, non des moindres : la voiture des mariés !

Une coutume ancestrale voudrait que pour ce jour exceptionnel il vous faut absolument un véhicule exceptionnel qui marquera les invités mais aussi vos souvenirs. Si certains peuvent être tenté de demander la dernière 745i à tonton Dédé qui connait le concessionnaire BWM du quartier, d’autres préfèreront certainement ce voisin sympa qui a une jolie voiture ancienne et qui serait sans doute ravi de participer à la grande fête. D’ailleurs c’est quoi sa voiture ancienne, ahh une Traction noire, ouais classe mais pas très gai pour un mariage… Quitte à faire classe et se lâcher pour ce grand jour, pourquoi ne pas oser une Limousine ?! Voilà nous y sommes, le premier thème retenu par le boss pour cette nouvelle rubrique « Je teste pour vous chers lecteurs » est le mariage en limousine. C’est donc pour ça qu’il semblait étonné que je réponde oui si facilement à cette question que je n’avais ni écoutée ni entendue : j’ai dit oui pour dire oui, je vais me marier !

La recherche du gros engin

Mais comme vous pouvez vous en douter, tout comme dans le monde de l’entreprise si les idées sont là, les budgets nettement moins, et c’est tout à fait valable chez nous ! Oup’s j’annule donc ma réservation de Bentley à rallonge all inclusive à Las Vegas, dommage je me faisais déjà une joie de voir Elvis me marier. Ma mission est de vous vendre du rêve sur une version plus … campagnarde dirons-nous ! Même si le mariage à la campagne a du bon, le challenge proposé par le chef est plutôt ardu et il va falloir une nouvelle fois compter sur les idées débiles des copains de la DRiFT KK TeaM. Pour vous, une option sans doute un peu plus sérieuse et efficace que celle que je viens de retenir se présente sous la forme des agences de location de véhicules de luxe, incluant tout sorte de limousine, fleurissent un peu partout sur le net. Reste à faire jouer la concurrence et trouver la bonne solution dans votre région.

Après quelques recherches fructueuses sur le bon coin, 2-3 échanges pour s’assurer que la déco et les boites de conserve seraient bien là, nous voilà réunis au cœur de notre base secrète de Lurcy-Levis pour un premier (unique et dernier d’ailleurs) briefing : une future mariée, un futur marié, une maire, un prêtre et un sac de riz premier prix, tout est là. Enfin tout ou presque : je n’ai pas encore vu la voiture, pardon la limousine. Quel choc quand elle débarque, elle est énorme, bien plus qu’en photo en tous cas, bruyante avec sa fuite d’échappement et finalement pas si moche ! Je vais donc me marier en Opel Omega de 1991. Wahouu ça fait bizarre de dire ça, si si allez-y et dites-le à voix haute ! Il faut avouer que le soufflé retombe pas mal à l’annonce du pédigrée de la bête … Opel Omega, et de ses origines peu roturières, mais son 6 cylindres en ligne de 3.0 litres annonçant 170 cv redonne le sourire jusqu’à ce que je remarque la boitoto. Pas grave, on n’est pas là pour faire la course, passons plutôt en revue la bête…

Le look

Franchement, l’équipe produit en charge de l’Omega devait abuser un peu trop du schnaps et des saucisses le vendredi midi. Valider l’idée d’une limousine sur une base aussi quelconque que cette grosse berline Opel était osé, mais signer un partenariat avec Lotus pour une version sévèrement affutée relève carrément de la folie … ou du génie ! Les vendredi après-midi devaient être sympas chez eux quand même 🙂

Donc oui coté look pas de (bonne) surprise, la ligne de l’Omega standard est étirée et l’ajout d’une porte au milieu ne métamorphose pas la bête. Le traitement bi-tons l’allonge un peu visuellement tout en essayant d’être plus chic, mais le vitres teintées d’un bleu peu heureux gâchent un peu l’ensemble. Disons que ça reste raccord avec l’époque de l’auto, on ne parlera pas encore de Vintage ou de Youngtimer, tout au plus de hasbeen ou ringard…

A l’intérieur

Fin de la cérémonie, me voilà une autre femme (… dans un corps d’homme pourtant !) prenons place à bord, à l’arrière bien sûr, mon nouveau mari et moi. La voiture est en configuration XL avec la banquette centrale rabattue, nous ne manquons pas de place aux jambes ! En largeur non plus, on est plutôt à notre aise et la limousine assume la promesse de son rang. Le confort est tout à fait acceptable, ferme mais pas trop, contenu mais souple. Un peu plus loin en route vers la suite des festivités, nous apercevons le curé en train de faire du stop, il nous expliquera plus tard que c’est la crise pour tout le monde et que trouver des pièces pour sa Citroën GS devient chose de plus en plus difficile ! Nous l’embarquons à bord mais il refuse de monter devant, est-ce la place du mort, la proximité du maire, notre chauffeur pour l’occasion, qui le dérange ou tout simplement l’envie d’utiliser les portes centrales de notre carrosses ?

Nous ne saurons jamais mais la manipulation de la banquette intermédiaire est étonnamment facile et presque aussi intuitive que dans un monospace moderne. Nous voilà reparti avec nos 3 rangées de sièges, et là il faut bien l’avouer, le prestige de la limousine prend une claque une fois transformée en bétaillère. L’option banquette centrale dos à la route devait remédier à l’effet minibus, mais malheureusement notre modèle d’essai n’a que pour seule option, peu pratique en plus, l’absence de poignée extérieure sur les portes centrales… J’ai toujours trouvé ça rigolo les options qui enlèvent des trucs 🙂

Et au volant ?

Oui il faut bien l’avouer, rester à l’arrière d’une auto pour un essai, ça ne fait pas parti de nos habitudes chez AutomotivPress ! Me voilà donc quelques mètres plus en avant, dans un siège velours d’une mollesse pas vraiment agréable ni forcément désagréable, qui vous replonge instantanément dans les années 80-90. Le contact avec le siège est bizarre tout de même, est-ce le grain du tissus légèrement piquant ou alors ce sont mes bas un peu serrés aux cuisses qui troublent ma perception ? Je crois que c’est une autre histoire qui nous intéresse moins, restons sur les impressions de conduite…

Contact, moteur, le 6 cylindres s’ébroue dans un feulement évocateur plutôt agréable qui ne colle pas vraiment avec la fausse impression de luxe que voudrait donner cette Opel. Allez on s’élance et la première sensation est l’étonnante légèreté de l’ensemble ! Et oui aussi incroyable que cela puisse paraître ce gros morceau de métal décolle avec aisance, la seule précaution étant de ne pas trop serrer ses virages compte tenu de l’empattement un peu plus long que la normale. En fait c’est la vue dans les rétros qui est la plus dérangeante : la lunette arrière est loiiiin, on voit 3 portes de chaque côté, à croire que le vin de messe de la cérémonie a laissé des traces ! Après quelques kilomètres et le gabarit de l’auto assimilé, on prend du plaisir à user de la stabilité de l’Opel (grâce à son empattement) et à rouler aux frontières de l’illégalité, presque de la délinquance routière. Finalement elle devait être appréciée pour ses qualités dynamiques dans les 90’s, à défaut de faire chavirer les cœurs par son look.

Le WD40 d’honneur ayant eu lieu sous le barnum en plastique du circuit de Lurcy-Levis, oui oui le budget toujours, impossible de résister à la tentation d’aller faire quelques tours de piste. Miracle cette grosse baleine grise ne rechigne pas à se faire cravacher voir même un peu chahuter et se déhanche avec un entrain pour le moins surprenant. Les freins semblent endurant malgré le poids, la rigidité, via les nombreux renforts de caisse suite à l’élongation, n’est pas si catastrophique et la boite auto remplit sa fonction. Bien sûr je ne prendrai pas le départ d’une course d’endurance à son volant, mais la limo témoigne d’une polyvalence insoupçonnée et tout simplement insoupçonnable.

L’essayer c’est l’adopter ?

Autant être franc tout de suite, la réponse est plutôt non ! Malgré la relative rareté de l’engin, les prix restent incroyablement bas. N’espérez pas pour autant faire fortune en pensant la louer tous les week-ends de Juin et Septembre pour des mariages, car même si c’était le but de cet essai, je doute que des gens normalement constitués puissent avoir une quelconque envie d’associer une Opel Omega, même limousine, au « plus beau jour de leur vie ».

Mais l’expérience reste assez amusante, le concept de la limousine donne une certaine importance à ses occupants, peu importe la voiture. Nous avons pu nous en rendre compte en se promenant à son bord, elle attire les regards et la curiosité : c’est forcément quelqu’un d’important dans une limousine 🙂 Donc si l’idée de vous marier dans une limousine vous avait déjà traversé l’esprit, creuser un peu plus la piste… Ce ne sera pas le charme d’une Jaguar Type-E roadster vous attendant à la sortie de la Mairie, mais ce sera fun à coup sûr. Encore un grand merci à la DRiFT KK TeaM pour ce moment magique !!

Crédit photos @ Ambroise Brosselin