Cela faisait bien longtemps que j’avais envie d’essayer la dernière-née de la famille Z. Pas de bol, après des mois et des mois de négociations avec Nissan France, le rendez-vous est pris juste pour la semaine où les stations-services sont vides…Comment réaliser un essai pertinent quand l’objectif principal est : sauvons de l’essence !
Initialement sous la marque Datsun, cela fait quarante-sept ans que Nissan propose dans sa gamme un coupé sportif signé « Z ». De la 240 à la 370Z, les modèles se sont succédés sans toutefois jamais véritablement renier leur positionnement sur le créneau : jamais première de la classe mais toujours bien placée au rapport qualité-prix.
Dès sa sortie, la 370Z a attisé ma curiosité. Alors que la 350Z qui l’avait précédée me semblait un tant soit peu pataude de ligne, la 370 se la jouait plus râblée et agressive. Il est vrai que la 370 a rapetissé par rapport à la 350. Perdant 6cm en longueur et près de 10cm en empattement, 5cm en hauteur tout en gagnant 30cm en largeur.
Ses feux en forme de boomerang ainsi que le bouclier avant plus acéré lui confèrent une personnalité plus marquée que sa devancière et la ligne du pavillon plonge plus rapidement vers le bouclier, donnant l’impression que le porte-à-faux arrière est plus réduit. Dans la catégorie des coupés abordables, je trouve personnellement que Nissan propose une des plus agréables lignes avec cet équilibre entre un arrière court et un capot avant long. Cependant je me dois de prendre en compte les commentaires d’une amie qui trouve que l’ensemble manque de finesse dans la réalisation. Si le profil est équilibré dans le sens longitudinal, il faut bien avouer que l’auto semble épaisse. La faute à des flancs désespérément lisses et à une aile arrière qui, si elle présente un galbe sexy de trois-quarts avant, manque toutefois de relief suffisamment marqué. Rajoutez à cela une poignée de porte massive il est compréhensible que ce dessin ne fasse pas l’unanimité. Mais je m’en fiche, moi j’aime bien.
Côté habitacle c’est pareil. Au niveau du design rien de véritablement moderne ou original, des matériaux relativement quelconques. Mais l’essentiel est présent pour le pilote avec une qualité d’assemblage tout à fait correcte, un agencement des commandes dédiées au pilotage ou à l’infotainment sans fautes ergonomiques apparentes à première vue.
L’installation au volant met en évidence la première grosse lacune de cet habitacle : le manque de réglage de la direction. Il est en effet possible de régler la hauteur du volant, mais pas sa profondeur. Il en résulte que je trouve difficilement la position de conduite idéale malgré un siège assez confortable à défaut d’être particulièrement beau.
Devant mes yeux le tableau de bord est résolument traité dans un style sportif avec le compte-tour bien au milieu. A sa gauche, la jauge d’essence qui aura attiré mon attention plus que de nécessaire durant cet essai… Trois petites compteurs très sympathiques trouvent place sur le haut de la planche de bord, au-dessus de la console centrale. Leur orientation vers le conducteur rajoute un peu à l’ambiance sport de l’ensemble.
Lors de la récupération de la Nissan j’ai eu la mauvaise surprise de réaliser qu’il s’agissait d’une version automatique. Eh oui, j’ai des préjugés négatifs sur le fait d’équiper une sportive de ce type de boite qui, dans la majorité des cas tend plus à gommer le plaisir qu’à l’amplifier. Je vous dirais plus tard ce que j’en pense. En attendant il est temps de démarrer.
Le V6 3.7L (328 ch à 7000 trs/min et 363 Nm à 5200 trs/min) se réveille relativement calmement. Sa sonorité à basse vitesse est plutôt quelconque, ce qui dans un premier temps déçoit, d’autant plus que contrairement à toutes les dernières sportives proposées sur le marché, il n’est pas équipé d’échappements actifs.
Comme d’habitude, les premiers kilomètres sont avalés à allure réduite, le temps de prendre connaissance du gabarit de l’auto et de son comportement. De plus, le GPS intégré m’a fait prendre des routes plutôt étranges, l’obligeant à traverser le centre-ville de Versailles. C’est au moins l’occasion de me rendre compte de la docilité de la Nissan dans ces conditions urbaines. La suspension n’est pas trop ferme, la boite est douce et dans l’ensemble, je ne serais pas beaucoup plus à l’aise pour conduire en ville si j’étais au volant d’une Micra. Premier bon point pour la Z.
Côté look, si je m’attendais à passer inaperçu, c’est raté. Non pas que les piétons se retournent sur le coupé japonais, mais au moins les regards sont plus insistants que si j’étais dans une berline quelconque. A défaut de déclencher les passions, la Nissan attire tout de même le regard.Une fois extirpé de la ville, je trouve enfin l’occasion de placer une accélération. Deux constats s’imposent rapidement : en premier lieu ce moteur chante plutôt bien quand on l’emmène dans les tours, ensuite sa poussée ne semble pas en accord avec les 328ch revendiqués.
La boite, toujours en mode automatique, répond par contre assez bien aux injonctions du pied droit. Elle manque de rapidité par rapport aux unités à double embrayage de certaines concurrentes, mais cela n’entache pas son bon comportement.
La confiance venant, je décide de prendre en main le mode manuel. Les changements se font un peu plus brutaux, ponctués d’un léger à-coups complémentaire tout juste suffisant à donner un surplus de sensations sans toutefois donner l’impression de maltraiter l’embrayage. Point positif complémentaire, le pilote garde vraiment le contrôle du rapport engagé, la boite ne passant un rapport qu’en cas de rupteur (pour la montée) ou sous-régime flagrant (pour la descente). Dommage que les palettes (fixes, bon point complémentaire) soient trop petites cependant. Lorsque vous démarrez un peu vite avec les roues braquées, le moteur monte vite en régime sur le premier rapport et la palette de droite se trouve à portée de doigts bien trop tard pour passer la seconde. Un détail certainement quand on a pris l’habitude de ce défaut, mais qui semble pourtant facile à corriger avec 2 à 3cm de métal complémentaires.
Je m’habitue peu à peu à la mécanique, bien aidé par cette boite qui gomme son relatif archaïsme par une réalisation bien pensée, et je me rends compte que finalement, la puissance annoncée n’est pas si exagérée. C’est l’habitude des mécaniques suralimentées qui fausse la première impression. Avec ce V6 bio, la puissance arrive au fil des tours et c’est un plaisir plus vintage qui s’exprime, accompagnée par un chant en provenance directe de la baie moteur et non des gamelles à l’arrière.
Tandis que les routes désespérément droites de la proche banlieue parisienne s’éloignent, je commence à tester les capacités du châssis sur les départementales des Yvelines. L’équilibre de la 370Z est suffisamment sain et prévisible pour que, très vite, je décide de déconnecter le contrôle de traction. La progressivité de ce moteur permet de profiter d’une motricité tout à fait correcte en conduite rapide mais propre, alors que sa puissance définitivement suffisante vous laisse dessiner des virgules en sortie de virage si vous le souhaitez vraiment. Côté train avant, l’essentiel aussi est assuré avec un grip raccord avec son homologue arrière. Globalement une conduite rapide et coulée convient très bien au coupé Nissan, ce d’autant plus que la route est lisse et suffisamment large.
Le tableau est un peu moins idyllique lorsque la chaussée se dégrade. Le train directeur montre rapidement ses limites en précision et se désunit de l’arrière, donnant sur certaines bosses l’impression que la voiture est fortement déséquilibrée. Heureusement cela ne devient pas totalement scabreux et il est aisé de conserver un contrôle général sur la voiture. Mais pour une grosse attaque, il apparaît clairement qu’une GTI de dernière génération sera plus appropriée.
Le 370Z se montre en fait un compagnon d’arsouille aux compétences limitées à deux cas de figure : le premier est le plus raisonnable, il consiste à se déplacer en mode gentleman driver : trouver un rythme rapide et rythmé qui ne bouscule pas la monture. Le second est ce que j’appellerai le mode “bad boy”. Il s’agit de faire fumer les pneus et rugir le V6 sur un rythme haché à chaque virage serré. Un départ de stop en burn, une épingle avec sortie à l’équerre.
A environ 41 000€, la Nissan pourrait rester compétitive, mais en face d’elle se dresse depuis quelques mois une américaine aux dents longues : la Ford Mustang. A puissance équivalente et avec des qualités dynamiques relativement comparables, la version Ecoboost du Ponycar propose l’attrait de la nouveauté, le rêve américain et 4 vraies places pour un tarif équivalent. Sauf que l’américaine doit se contenter de 3 000€ de malus quand la japonaise plafonne à 8 000€ !
Il lui reste comme seules armes son V6 plus chantant que le 4 pattes Ford, des performances un poil meilleures et un gabarit plus adapté à notre réseau secondaire.
Les conditions de l’essai n’étaient pas idéales comme je le disais en introduction. Ne pouvant profiter de la belle durant le w-e, il m’a fallu trouver des routes peu fréquentées aux heures de sortie de bureau. C’est en soit déjà une gageure en région parisienne. Avec en plus la difficulté à trouver de l’essence, cette prise de contact mérite un second tour pour confirmer le ressenti de la Nissan 370Z. Mais globalement la voiture a répondu à mes attentes : associer un look sportif a des qualités suffisantes pour en faire une machine à sensations. Il est alors facile de lui pardonner ses quelques défauts. La Z ne doit pas s’appréhender comme un scalpel. Elle manque de précision et n’apprécie d’être bousculée que pour faire le spectacle. Mais pour le quotidien, le grand tourisme ou l’esbroufe elle fait preuve de qualités certaines.
Il y a encore une vingtaine d’années, une Dastun 240Z n’excitait que quelques rares passionnés et aujourd’hui il s’agit d’un modèle dont la cote ne cesse de grimper. On salue désormais son style auquel on reprochait avant d’être une copie grossière de Jaguar type E. La Nissan 370Z, elle, ne copie personne. La marque japonaise ayant, que l’on aime ou pas, depuis la fin des années ‘90 trouvé sa voie stylistique. Avec par ailleurs de vrais arguments mécaniques, je vous fais le pari que cette Z fera fantasmer nos enfants dans une trentaine d’année. Et ce retour en grâce sera tout à fait mérité.
“…une Dastun 240Z……son style auquel on reprochait avant d’être une copie grossière de Jaguar type E….”
Bonne, ben ça change d’une copie d’une Porsche 911T et MGB….les deux 2+2s, une avec un moteur à l’arrière donc pas exactement les mêmes.
Au moins la 240Z a resté svelte quand la Type-E a alourdi après…..! 😉 Merci pour l’article.