Il suffit parfois d’un détail pour faire la réussite ou l’échec d’un salon chez les visiteurs : une voiture surprise qui déclenche le coup de cœur, le discours d’un patron qui jette un froid… Bref, parfois un détail peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
Je partais cette année avec quelques appréhensions car la dernière édition, il y a deux ans, avait été d’une tristesse rare. Le discours porté lors des diverses conférences de presse ressemblait plus à une lettre d’excuse qu’à une déclaration d’amour pour l’automobile. Comme en plus cette année de nombreux constructeurs (et non des moindres) boudent le salon, tout s’annonçait plutôt mal.
Au final pourtant, cette édition n’est pas si mauvaise. Il y a un peu de tout et au final quelques raisons de croire en l’avenir.
Les belles choses
En commençant la visite par la conférence de presse Ferrari, je mettais quand même la barre haute. Je reviendrais plus tard (et dans une autre rubrique…) sur les célébrations des 70 ans de la marque. Non, ce que j’ai beaucoup aimé, c’était principalement le film de présentation de la LaFerrari Aperta : une balade en compagnie de Sebastian Vettel en forme d’hommage aux voitures de courses les plus mythiques de la marque. La Aperta ? Oui, elle est belle, même si cette livrée noire à liseré rouge n’est pas à mon avis la plus heureuse.
Restons en Italie, chez Alfa Romeo. Si la 4C et la Giulia QV ne sont plus des nouveautés, elles sont toujours superbes. La présentation de la Giulia Veloce est une excellente surprise : 280ch essence, c’est plus raisonnable que le V6 de 510ch mais loin d’être inintéressant. Sans compter que la ligne est toujours aussi réussie.
Chez Citroën, la nouvelle C3 est intéressante. Pas de version sportive au programme pour l’instant (en vrai, sur la route…), mais une offre originale dans le segment des compactes. Le design repris de la Cactus pourra en rebuter certains, mais je le trouve plutôt réussi. Très original, il ne singe aucune concurrente et fait preuve d’un dynamisme certain. Citroën retrouve depuis quelques années une personnalité propre, c’est une bonne chose.
Toujours chez PSA, le cousin Peugeot axe ses nouveautés sur le segment des SUV. Clairement pas ce qui m’emballe le plus, mais il faut reconnaître que c’est bien fait. Le design des 3008 et 5008 est dynamique, au point que je me verrais presque demander l’essai d’un hypothétique version GTi si elle sortait.
Pour les papas sportifs, Kia présente l’Optima GT : 245ch dans une berline spacieuse. Voici une concurrente sérieuse pour, par exemple, la Skoda Octavia RS.
Finissons le tour des jolies choses avec la Mercedes AMG GT-R. j’avais adoré la GT-S, je pourrais me damner pour la R ! aussi belle mais encore plus agressive. Le coup des barres verticales dans la calandre, sensées rappeler la 300SL ayant participé à la Carrera Panamericana en 1952, est génial. Sans oublier la teinte verte démoniaque. J’adore. J’aurais aimé voir la version cabriolet, GT C Roadster, malheureusement elle était dévoilée la veille, hors salon – lors d’un évènement privé à la Piscine Mollitor – et absente du stand.
Le ridicule ne tue pas…
Après s’être fait plaisir, voici l’envers du décor. Parfois les constructeurs se ratent dans leurs propositions. Commençons là-aussi avec Ferrari.
2017 verra donc la marque fêter son 70e anniversaire. Et pour se faire, une équipe à bossé dur à Maranello. Dommage, ce ne sont pas les ingénieurs mais les p’tits gars du marketing… Du coup, apprêtez-vous à payer un petit supplément pour le logo qui équipera toutes les voitures du millésime. Et si vous êtes encore plus inconditionnel, vous pouvez vous jeter sur l’une des 70 versions spéciales, décorées aux armes d’une légende de la marque.
Envie d’une 488 aux couleurs de la 365 P2 ayant couru à Kyalami en 1965/1966 ? Il faudra aimer le vert, les jantes dorées et le numéro (25) collé sur la portière. Personnellement, si j’avais les moyens, j’aimerai une LaFerrari façon 641 Suzuka 1990 , sans aileron arrière et couleur bac à sable ?
De son côté Mitsubishi présente un concept… “horriginal”. Le Ground Tourer reflète assez fidèlement l’expression d’un parpaing voulant se faire passer pour un menhir. En y regardant de plus près, il y a un Citroën dans la face avant, mais alors la version d’un designer au chevron après une soirée trop arrosée.
Enfin, championne du monde de inattendue, reine incontestée du « j’aurais pas osé » et impératrice du « maiskeskecéksetruc » : la Formula Giol. Une photo suffit pour comprendre mon engouement. Et j’ai encore du mal à me dire qu’il ne s’agit pas d’un poisson d’avril en avance. Heureusement les performances sont là pour faire oublier le physique : 0-100km/h en 10 secondes… C’est bien pour un barbecue.
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient
Finissons ce tour du Mondial de Paris 2016 par les prototypes. Comme d’habitude ils foisonnent sur tous les stands mais certains méritent que l’on s’y attarde.
Renault Sport Clio R.S.16 montrent enfin ce que peut être une Clio au look sportif. Niveau de crédibilité : 5/10. C’est faisable, mais le veulent-ils vraiment ?
Restons chez Renault avec l’une des stars du salon : la TreZor. Superbe coupé aux proportions divines. Il est presque aussi beau quand on enlève l’ouvrant gigantesque comprenant capot, pare-brise et toit. Niveau de crédibilité : 0/10 et la marque au losange ne s’en cache pas.
Chez Mercedes, la Concept Maybach 6 n’est plus une nouveauté, mais je suis encore et toujours fan du look Tex Avery. Niveau de crédibilité : 1/10. Contrairement à Renault avec la TreZor, il y aurait de la place pour un tel vaisseau amiral dans la gamme à l’étoile…
Honda nous présentait la nouvelle Civic avec en prime le concept de la Type R. Si vous trouvez la version actuellement commercialisée brutale, celle-ci est monstrueuse. Mais les proportions sont plus réussies je trouve, avec un petit côté Subaru WRX de la grande époque. J’ai craqué pour son look sans concession. Niveau de crédibilité : 9.5/10. La version définitive devrait être assez proche, à l’exception de la peinture.
Une des surprises du salon se trouve chez Hyundai. En fait il y en a même deux. La Genesis NewYork Concept préfigure une prochaine arrivée de la marque premium du groupe. Un coupé aux lignes étirées mais aux proportions réalistes. Niveau de crédibilité : 4/10. Le concept est réaliste, mais il y a fort à parier que ce n’est pas avec une proposition aussi originale que la marque tentera de percer sur le segment.
En première ligne, la Hyundai RN30 se veut une évocation “racing” de ce que pourrait être la première sportive de la marque. La i30 est une auto conventionnelle mais plutôt réussie, sa déclinaison « GTi » est prévue pour les mois à venir. Parions sur un moteur proche de celui du prototype (2.0L, environ 300ch) et un look proche de celui de l’Opel Astra OPC. A suivre de près. Niveau de crédibilité : 5/10. La déclinaison de série sera certainement bien plus sage en look, mais devrait présenter des caractéristiques proches. Également présente, la version 2017 de l’i20 WRC.
Voilà pour mon petit tour du salon. Il y a bien sûr plein d’autres choses à voir. Des réussites, des ratés et des prototypes plus ou moins réalistes. Mais malgré les absences, il en reste encore trop pour que je m’attarde sur chaque modèle ou chaque marque. Cette année au moins les constructeurs présents semblent retrouver un peu de fierté dans leur travail pour vanter le plaisir de conduire. Allez donc faire un tour porte de Versailles… ou si vous ne pouvez pas, voici le salon parisien en photos par Kevin Goudin.
Crédit photos @ Kevin Goudin