La version 2022 du Mondial de l’Auto Paris était bien triste. Peu de constructeurs – Renault et Stellantis avaient été bien seuls face aux constructeurs chinois – et peu de vraies nouveautés. 2024 sonne le renouveau du Mondial de l’Auto Paris. Certes nous sommes encore loin de l’époque bénie où Ferrari faisait de la capitale française l’écrin pour les premières mondiales de ses modèles, mais cette année, le déplacement porte de Versailles n’est pas à dédaigner : de nombreux constructeurs sont revenus et surtout, il y a de belles choses à voir.
Top 5 de Philippe
Numéro 5 : Alfa Romeo Junior
Je n’aime pas les SUV. Je crois que je ne les aimerai jamais. Cependant, la petite Alfa Romeo Junior (lire notre essai ici) tire bien son épingle du jeu. Une fois je côté boite à chaussure digéré, la ligne de la Junior est plutôt très réussie. Râblée, dynamique, elle est particulièrement mise en valeur en finition Veloce avec une teinte bi-tons rouge à toit noir. A l’intérieur, la planche de bord est une vraie réussite. Moderne, elle « ringardise » la Tonale qui n’est pourtant pas si ancienne. 280ch (206 kW), 1,6 tonnes, c’est largement suffisant pour emmener les enfants à l’école. Encore faut-il qu’ils évitent de grandir trop vite. Car la place reste comptée sur la banquette arrière.
Numéro 4 : GAC Aion Hyptec SSR
Le constructeur chinois GAC Aion ne s’est pas encore fait une grosse place sur le marché français. Au vu de la gamme proposée au salon, pas certain qu’il révolutionne le marché. Des SUV interchangeables avec ses congénères et bien d’autres marques occidentales.
Par contre, l’Hyptec SSR apporte un vrai vent de fraîcheur. Des supercars chinoises nous en avons vu un certain nombre. Souvent sous formes de prototypes. L’Hyptec SSR est quant à elle déjà disponible sur son marché d’origine. Puissance 1200ch (900kW) et 1230 Nm de couple, 0 à 100 km/h en moins de 2 sec, cela est « presque » la norme pour une supercar életrique. Et tant qu’elle n’aura pas été confrontée à la concurrence internationale il sera difficile de la considérer comme une concurrente sérieuse. Mais son design fait mouche. A mi-chemin entre une McLaren Artura (lire ici) et une Maserati MC20 (lire ici) j’ose le dire : l’Hyptec SSR est belle. Et rien que pour cela elle mérite sa place dans mon top 5.
Numéro 3 : The Toy, par Easy Racing Concept
Oui, c’est une voiture de course. Oui, ce n’est encore qu’un prototype. Mais c’est français Môssieur. Et c’est bien pensé, bien conçu et ça donne terriblement envie.
Le principe ? Réaliser une voiture de course qui permette de se faire plaisir pour (relativement) pas cher. Pour cela, un châssis tubulaire, une carrosserie en fibre, un moteur issu de la série – le 1.8L de l’Alpine A110S (lire notre essai ici) – et des pneus de route.
Pour les rotules roulements et autres pièces mécaniques, les concepteurs sont aller chercher là aussi des pièces de série robustes, histoire d’éviter de les changer plus vite que les plaquettes de freins.
Tout cela donne une évocation moderne de la R5 Turbo et de la Clio V6 avec 850 kg pour 300 ch et un coût de « roulage » deux fois moindre qu’une Alpine Cup (pour des performances équivalentes).
Le petit plus ? une vision « écologique » du sport auto : moins de pneus à changer, moins de pièces à renouveler, une carrosserie en fibre… de lin (!) matériau utilisé par Porsche et dont les caractéristiques de résistances seraient proches de celles du carbone. The Toy roule aussi à l’E85 (et même E100) pour limiter encore plus son impact carbone.
Alors oui, ça polluera toujours plus qu’un Scalectrix, mais ça va dans le bon sens et surtout ça donne une grosse envie de jouer avec.
Surtout qu’en ne changeant que les pneus et les amortisseurs, The Toy by Easy Racing Concept permet de rouler sur piste, sur terre ou sur neige. Avouez que l’on est pas loin du sans faute ?
Numéro 2 : Alpine A290
Pourquoi l’Alpine A290 (lire ici) plutôt que la R5 e-tech electric (lire ici) dont elle dérive ? Parce que j’ai envie d’y croire. La Renault 5 a reçu de nombreux éloges sur son châssis lors des premiers essais presse. L’Alpine A290 ne peut que faire mieux. Puis une GTi (même électrique) qui ne joue pas la surenchère de puissance (180 ch en version GT, 220 ch en version GTS) c’est rafraîchissant. Depuis le temps que je dis que la puissance ce n’est pas le plaisir, en particulier sur route ouverte. Je fonde de gros espoirs sur cette petite R5 Alpine moderne. Pourvu qu’elle soit joueuse, amusante. Et tant pis si elle se fait pourrir par une Mini JCW sur le 0-100km/h.
Numéro 1 : Le Groupe Renault
J’ai été biberonné aux marques PSA. Simca, Talbot, Peugeot, Citroën. Mais là je ne peux que m’incliner. Sans le Groupe Renault, le Mondial 2024 serait malgré tout un peu fade.
Vous voulez un SUV pas trop cher mais sympa quand même ? Le Dacia Bigster est fait pour vous. Vous voulez une petite citadine craquante ? La R5 vous tend les bras. Besoin d’un peu plus de place ? Zou ! La R4. Un peu moins d’encombrement ? On vous promet la Twingo pour demain
Et le sport mon bon Monsieur ? N’ayez crainte, Alpine veille au grain : de l’A290 à l’A110 normale (lire ici), S, GT (lire ici), R (lire notre essai) et désormais R Ultime – 345 ch/420 Nm (+80 Nm vs R) avec du carburant de compétition RON 102 sinon 325 ch (+25 ch vs R) en SP 98, nouvelle boîte de vitesses à six rapports, nouvelles jantes forgées 18 pouces AV/19 pouces AR, freins AP Racing avec disques bi-matière 330 mm, +160 kg d’appui, 110 ex., 265 000 € TTC hors malus (!) – vous avez le choix des armes.
Renault arrive avec brio à couvrir l’ensemble du spectre automobile avec modernisme, fraîcheur et sérieux. Un sans-faute !
Top 5 d’Yvan
Numéro 5 : MG Cyberster
Avec l’électrification de l’automobile, quel est l’avenir de la voiture plaisir ? Aux vues des modèles électriques de la décennie passée, nous sommes restés sur notre faim. L’espoir est venu de MG qui présente le Cyberster, un roadster électrique à transmission intégrale (67 990 € TTC) d’une puissance de 510 ch (375 kW) et de 725 Nm de couple. La batterie de 77 kWh permet pour une autonomie de 443 km (cycle WLTP). Malgré la masse de près de 2T (1985 kg répartis 50/50), le 0 à 100 km/h est annoncé en 3,2 sec, VMax 200 km/h. Une version plus abordable viendra par la suite en 2025 : propulsion deux roues motrices, 340 ch (250 kW) et 475 Nm, 0 à 100 km/h en 5,2 sec. Nous avons hâte de l’essayer pour voir si son ramage se rapporte à son plumage…
Numéro 4 : l’exposition Matra
L’innovation technique a toujours fait parti de l’automobile. L’un des acteurs de cette démarche, c’est bien la marque Matra, à la fois centre d’ingénierie et sous-traitant pour les marques, ainsi que constructeur sous le nom d’Automobiles Matra. Le département sportif Matra Sport a un sacré tableau de chasse obtenu en moins de 10 ans : 3 succès consécutifs aux 24 Heures du Mans 1972/1973/1974, double titre mondial en Formule 1 en 1969 ainsi que les deux titres de champion du monde des voitures de sport (ancêtre du WEC) en 1973 et 1974. L’exposition Matra du Mondial de l’Auto Paris 2024 nous refait vivre l’histoire et les compétences techniques de Matra grâce au bénévoles du Musée Matra de Romorantin.
Numéro 3 : Alpine Alpenglow
Présenté ici même il y a deux ans à Paris, le concept-car Alpenglow d’Alpine (lire ici) préfigure l’utilisation de l’hydrogène comme carburant en remplacement de l’essence dans un moteur thermique à combustion interne (ICE). Ici, pas de pile à combustible, pas de batterie de stockage pour l’électricité. Seuls restent les réservoirs spécifiques à l’utilisation de l’hydrogène. Le moteur thermique à donc de l’avenir face à l’électrification des transports. Pour l’approvisionnement, deux natures d’hydrogène sont à retenir pour soutenir le décarbonation : les réserves naturelles (hydrogène blanc) et le renouvelable (hydrogène vert).
Cette année au Mondial de l’Auto Paris 2024, Alpine a upgradé considérablement son concept Alpenglow passant d’un 4 cylindres 2.0L turbo de 340 ch/250 kW (lire ici) dénommé “Hy4” à une version “Hy6” V6 3.5L biturbo ouvert à 100°, de 740 ch/544 kW à 7 600 tr/min et 770 Nm à 5 000 tr/min, régime maxi 9 000 tr/min, à injection directe d’hydrogène + injection d’eau indirecte. VMax annoncée 330 km/h. C’est toujours les équipes d’Alpine qui sont en charge du développement du moteur en partenariat avec Oreca.
L’hydrogène appliqué à l’ICE est une solution innovante pour la décarbonation des voitures de sport, en plus d’obtenir de hautes performances, permettant d’allier respect de l’environnement et sensations de conduite des véhicules à moteur thermique. Cette alternative, aux moteurs électriques, réduit de manière significative les émissions de CO2.
Numéro 2 : L’Alfa Romeo 33 Stradale
Si il y a un stand qui respire la passion, c’est celui d’Alfa Romeo. La marque italienne, comme ses concurrentes, est tournée vers l’électrification de sa gamme. Mais elle n’oublie pas de se rappeler à notre bon souvenir en exposant sa magnifique supercar 33 Stradale (lire ici). Le message d’Alfa : “Oui, l’automobile peut encore faire rêver !” En l’absence de Maserati et de sa superbe MC20, l’occasion est trop belle pour attirer tous les regards. La 33 Stradale est un véhicule d’image mais il permet d’être bienveillant avec les autres modèles de la gamme d’Alfa Romeo. A noter, la présence de la désirable série limitée Spéciale Super Sport de la Giulia, sur base QV, avec 520 ch et 600 Nm, éléments carbone, tarif hors malus 100 000 € TTC.
Numéro 1 : Renault 4… et Renault 5
Après la Renault 5 e-tech electric, voici sa sœur la Renault 4 e-tech electric. Coup double pour la marque au losange qui développe sur la même plateforme “AmpR” (ex-CMF EV), issue de celle utilisée pour la Clio e-tech full hybrid 145 ch, deux citadines électriques. Même recette néo-rétro, même palette de matériaux colorés, le duo R4/R5 égaye la grisaille ambiante et donne envie de conduire en électrique.
La différence entre les deux : le format. Moins compact que la R5, la R4 est comparable à une Renault Captur. Son empattement et plus long, son coffre est plus volumineux. Les intérieurs sont identiques. Aucun doute du succès de ces deux véhicules électriques. Renault a su se réinventer face aux changements qu’imposent l’électrification : nouveaux modes de design, de conception, de fabrication. D’un cycle de 5 ans, Renault est passé à 3 ans, de 20 heures de production/véhicule c’est maintenant 10h car le nombres de pièces a été divisé par deux. Et la prochaine sur la liste c’est la Twingo électrique que Luca De Meo annonce pour 2026, dans deux ans !
Crédits photos @ Mondial de l’Auto Paris/Joris Clerc, Ph. Lagrange, Yvan.