Taquin incrédule, voilà le meilleur qualificatif que j’aurai pour le chef ! Car oui il aime bien me taquiner le chef et il a du mal à croire le croyable… Vous vous souvenez quand il m’a demandé de vérifier si un mariage en limousine c’était cool ? Le truc évident qu’il doit être le seul à ne pas croire… Ah oui il m’avait aussi demandé de vérifier si une Austin Mini était une bonne routière pour faire un essai longue durée de 10.000 km, tellement évident comme évidence, tout comme l’histoire des fantômes qui seraient effrayés par les breaks Volvo blanc. Bref tout ça pour dire que la dernière fois qu’il m’a dit qu’il avait une mission toute taillée pour moi, j’ai eu un peu peur ! Sa dernière interrogation fondamentale était de savoir si faire les choses à moitié étaient forcément moins bien. Surprenant comme question, mais avant qu’il me suggère de faire un slalom en Reliant Robin, je lui ai dit que je me chargeais de comparer un essai de Philippe avec sa moitié, pas sa femme hein, la moitié de la voiture essayée. Pour moins me pénaliser, j’ai regardé dans le lourd pour qu’il en reste suffisamment une fois divisé en 2, et la Mercedes Classe C s’est vite révélée un choix judicieux : Philippe a essayé la C63 AMG V8 biturbo, divisé en 2 le 4 cylindres turbo de la C300 offre un demi moteur parfait, c’est parti.
La vie à bord
Coté look je suis plutôt gâté puisque ce modèle est équipé du pack AMG, jolies jantes, boucliers agressifs, touches de chromes et intérieur soigné. On est loin des sublimes sièges de la C63, mais ceux-ci offrent un confort tout à fait agréable et satisfaisant, tout en permettant de trouver la position qui nous sied le plus parmi la foultitude de réglages. En parlant de réglage, l’infotainment n’en manque pas non plus, par contre son utilisation se révèle pour le moins peu intuitive. Philippe l’avait déjà relevé sur la C63 puis confirmé en essayant le Cab’ C43, j’avais mis ça sur son âge avancé et un début d’aversion à tout forme de modernité électronique (sa voiture n’a ni ABS, ni vitre électrique, ni climatisation pour rappel !), mais non ce système est vraiment pénible à utiliser. Oui peut-être que je vieillis aussi me direz-vous, mais tout au long de l’essai ce non userfriendlyness m’a sauté aux doigts !!
En route
Passons donc sur les généralités et impressions de Deutsch Qualität pour prendre le volant de la belle. Une fois mis en route le 2 litres turbo se montre pour le moins discret. Les quelques premiers tours de roues pour mettre en température l’auto montre une docilité plutôt déconcertante. Les vitesses se passent dans une discrétion absolue sans le moindre à-coup, la direction est souple mais pas absente de remontée, en cruising urbain et sur route cette C300 ne se fait remarquer que par la sécheresse des suspensions. Je veux bien croire que les pneus taille basse sur les jolies jantes 18’’ du pack AMG n’aident pas trop, les sièges plutôt enveloppant du même pack non plus. Par contre une fois que le rythme s’accélère, la fermeté se fait apprécier en même temps que la sonorité augmente. C’est à ce moment aussi, lorsque le rythme s’accélère, que le petit 4 cylindres turbo montre son second visage : ses 241 ch répondent présent et sont particulièrement bien exploités par la boite 7G-Tronic. Le paisible daily devient une fine lame, rapide, efficace et précise. Ah oui efficace parce qu’avec les 4 roues motrices il semble quasiment impossible de prendre en défaut la motricité, quel que soit le moment de remise des gaz. Plutôt bluffant d’efficacité pour une berline de moyenne gamme comme dirait les loueurs, le look substantiellement sportivo-agressif apparait d’un coup plus justifié.
Allez poussons un peu plus loin le bouchon, salut Maurice, quelques clics pour se mettre en mode Sport +, les afficheurs se rougissent, on peut voir le nombre de G encaissés par la voiture ainsi que l’angle de braquage des roues tandis que la Benz est représentée entre des vibreurs de circuit. Elle ne se métamorphoses pas pour autant en pistarde ultra performante qui irai rivaliser avec la C63 mais tout semble plus réactif. L’aiguille du compte tour n’hésite pas à grimper très haut avant que la boite ne passe la vitesse supérieure bien qu’il reste toujours les petites palettes derrière le volant pour garder la maitrise de la boite. Une nouvelle fois je suis très agréablement surpris par l’agilité de l’ensemble poussé par les 370 Nm de couple dispos dès 1.300 tours, les plus de 1600 kg de l’ensemble se font oublier facilement.
Et sur la neige ?
Elle n’est (vraiment) pas moche, elle n’est pas (trop) inconfortable, elle est (plutôt) polyvalente, et si on l’essayait dans des conditions un peu moins printanières ? Ça tombe plutôt bien, une cousine de Snowzilla est annoncée et j’ai un peu moins de 200 km à faire avant de rendre la voiture là où je l’ai prise… Bon la blague c’est qu’en plus de la grosse quantité de neige qui s’accumule sur ce qui devait être un ruban de bitume hier, un fort vent blizzardesque complique un peu les conditions de circulation. Les congères s’accumulent, la visibilité décroit mais la Benz arrive toujours à se frayer un passage. Plus de haut régime ni de recherche de limite de grip, là maintenant je cherche simplement à continuer d’avancer là où je veux. L’électronique n’est pas complètement à l’ouest, que ce soit l’ESP, l’antipatinage ou l’ABS, tout le monde arrive à digérer ces conditions un peu particulières en autorisant quelques dérives et quelques pertes de motricité qui permettent d’adoucir la progression.
Voici donc le 3ème visage de cette C300, une berline vraiment tous temps capable d’affronter les pires conditions ! Véritable découverte pour moi, la berline Class C affirme un peu plus que Mercedes se détache de cette image de voitures de vieux, ou pour chauffeur de taxi, et propose une offre vraiment cohérente et tout à fait comparable aux BMW … l’autre premium allemand qui profitait jusque-là d’une image plus sportive. A méditer donc si vous chercher une belle berline bonne à tout faire ! Pour info, la C300 n’est pas dispo en 4Matic sur le marché français, il faudra vous orienter sur la C200 et son L4 de 184 ch ou alors la C400 et son V6 de 333 ch pas très loin de la C43 AMG. Et donc pour répondre au chef, oui faire les choses à moitié, c’est parfois pas si mal, merci Mercedes 🙂
Crédit photos @ Ambroise Brosselin