Vous le savez certainement, et vous allez pouvoir lire nos compte-rendus, ce week-end c’était Spa Classic, voyage dans le temps avec toutes ces autos d’époque, la magie Peter Auto fonctionne à chaque fois. Mais cette fois-ci prenons vraiment la DeLorean, direction 1969… Après un premier essai plutôt concluant en 1968 au Marathon de la Route, Mazda continue dans sa campagne de communication sportive pour faire connaitre le moteur rotatif en Europe.
Pour 1969 le cap est mis sur la Belgique et le mythique circuit de Spa, de 14km à l’époque, pour la course des 24 heures, le tracé ultra exigeant apparait comme une suite logique au Marathon de la Route. Rendez-vous majeur du calendrier automobile européen, les 24h belges sont presque aussi reconnues que celles du Mans et surtout l’épreuve est au calendrier du Championnat d’Europe des voitures de tourisme.
Cette épreuve est donc l’occasion rêvée de se confronter à la concurrence européenne alors référence en sport auto, parmi lesquelles on retrouve bien-sûr Porsche avec sa 911, BMW avec des 2002 Ti et des 1600, Opel qui aligne pas moins de 6 Commodore officielles, Alfa sur GTA, Super et 1750 plus deux Mercedes 300 SEL officielles pour leur grand retour en compétition et même une Chevrolet Camaro.
Pour Mazda le choix de la monture diffère, après la Cosmo place à la petite dernière rotative de la gamme le Coupé R100. Mue par un bi-rotor 10A de 2 x 491 cm3, elle développe 100 chevaux à 7.000 tr/min, d’où son nom, pour un poids autour des 800 kg promettant un beau dynamisme au charmant coupé nippon.
Trois voitures sont préparées tout aussi sommairement que les Cosmo de l’année précédente, c’est-à-dire ablation des pare-chocs et rajout de longues portées. Par contre, contrairement au Cosmo, le régime maximum serait un peu plus élevé que le modèle de série pour fournir un peu plus de puissance.
La numéro 28 est confiée à un équipage japonais avec Masami Katakura (J)/Toshinori Takechi (J), la numéro 29 assure la continuité entre le soleil levant et le vieux continent avec Yves Deprez (B)/Yoshimi Katayama (J) et enfin la numéro 30 est 100 % belge avec “Eldé” (B)/Hughes de Fierlant (B).
Les reproductions en miniatures permettent de voir les différences de couleurs sur la stripe afin identifier plus facilement les voitures en piste.
Les qualifications mettent en avant de gros problèmes de pneumatiques, la maison mère à Stuttgart prendra rapidement la décision de retirer les 2 Mercedes officielles. C’est donc la Camaro qui fait parler sa puissance brute du V8 6.5 litres en réalisant la pole position en 4:09.400 à plus de 200 km/h de moyenne ! Une fragile 2002 Turbo est en seconde place suivie par un large groupe de Porsche 911. Les numéros 28 et 29 font un tir groupé en 12ème et 14ème place toutes les deux en 4 :35, la 30 est un peu en retrait en 4 :47 à la 25ème place.
La bagarre fait rage dès le départ entre la BMW et la Camaro mais rapidement la voracité en carburant fait défaut à l’américaine, à moins que ce ne soit son petit réservoir, tandis que la BMW file en tête avant d’abandonner sur un joint de culasse. Même si l’Alpina 2800 CS fait illusion sur les premières heures, elle abandonne elle aussi sur problème mécanique. La porte est grande ouverte aux Porsche, archi favorites une fois de plus !
Les Mazda feront tristement parler d’elles puisqu’Elde, le vétéran belge se tue au volant de la numéro 30 en sortant de la route dans la grande ligne droite de Masta.
Le team Mazda décide malgré tout de rester en piste avec les 2 autres voitures. Gaban/Larousse sont installé confortablement en tête devant 4 autres 911, mais doit abandonner à 6 heures du matin faute de pression d’huile. Les 4 autres 911 rejoignent l’arrivée offrant la victoire à Chasseuil et Ballot au bout de 4286 km, à peine 40 de plus que la seconde Porsche.
Et nos deux Coupé R100 dans tout ça ? Ils traversent la nuit sans encombre, alignent les tours et finalement se classent à une honorable 5ème place pour la numéro 30 et 6ème pour la numéro 29 avec respectivement 4046 et 3975 km. Belle performance des japonaises qui sont les premières des non-Porsche devant les Alfa, BMW, Ford et Opel, et même quelques autres 911.
Une nouvelle démonstration de la fiabilité et la performance du moteur rotatif, la mission de Mazda est réussie et l’apprentissage de la course automobile sur les terres européennes se poursuit. Si le grand public retient surtout Le Mans 1991 avec la victoire de la 787B, l’histoire sportive de Mazda qui sera mise à l’honneur au Festival of Speed de Goodwood s’écrit depuis de longues années !
Crédit photos @ Archives Mazda et Paul Kooyman
Bonjour,
Il y a une petite coquille dans ce superbe article. “Eldé” ou Léon Dernier de son vrai nom pilotait la voiture numéro 28 et non 30 au moment de l’accident.
En tout cas bravo pour cette passionnante histoire !