Où va donc Lotus Cars ? C’est bien la question que l’on peut se poser en détaillant cette nouvelle série limitée à 60 exemplaires de l’Evora, la GT430. Les dirigeants de la marque de Colin Chapman ne se trompent ils pas de cible ? Car à 152300€ TTC en France hors malus et hors options (+39% vs l’Evora Sport 410 à 109500€ !!), la nouvelle Lotus Evora GT430 au V6 3,5L Toyota compressé de 436 ch coûte 12000€ de moins qu’une McLaren 540C, à la conception récente, dotée d’un châssis carbone et son V8 3,8L bi-turbo de 540 ch… J’entends déjà les fans de Lotus – dont je suis – me répliquer que la 540C pèse 1311 kg à sec contre 1258 pour l’Evora GT430, et que le sacro-saint rapport poids/puissance est très proche, respectivement 2,8 kg/ch contre 2,9. Mouai. Pourquoi donc Lotus n’a pas présenté une version Targa de l’Evora, à l’avenir commercial assuré, que l’on attend depuis si longtemps ?
De faux airs d’Evora GTE
Le restyling de l’Evora arrivé avec la 400 (lire également nos articles ici et ici) et la Sport 410 ne nous a jamais vraiment convaincu, trouvant le dessin originel de l’Evora S 350 plus joli, surtout en version Club Racer. Confié à Mansory – pour l’Evora Bespoke Concept vue au Salon de Genève 2011 – la carrosserie de l’Evora GTE était aussi agressive qu’intimidante, aussi fine qu’équilibrée, malgré une aéro chargée. Un rare travail réussi de la part du préparateur d’origine allemande basé en Suisse. Poussé à 444 ch, le V6 3,5L compressé n’avait aucun mal à emmener les 1245 kg à sec de l’ensemble, 105 kg ayant été gagné par rapport à l’Evora S 350, avec l’emploi de nombreuses pièces en carbone. Les rares exemplaires produits s’arrachent aujourd’hui sur le marché de l’occasion malgré un tarif… prohibitif. L’Evora GT430 présentée aujourd’hui par Lotus ne peut renier la GTE, mais également ses ascendantes Esprit V8GT et GT3.
Sur la base de la dernière Evora Sport 410, Lotus a travaillé sur l’aéro d’une part et sur la mécanique d’autre part. Plus légère de 26 kg que cette dernière, 1299 kg à vide contre 1325 pour la Sport 410, la GT430 voit ses appuis augmenter à 250 kg à sa VMax de 305 km/h (190 mph). Ainsi, la carrosserie a évolué retrouvant une bouche plus arrondie, bien plus dans l’ADN Lotus. De larges entrées et sorties d’air font leur apparition sur de nouveaux boucliers avant et arrière en carbone. Le but est de mieux canaliser l’écoulement des flux aéro. A cet effet, le passage de roue avant a été également modifié, en arrière des roues et en haut des ailes avant. A l’arrière, l’extracteur reçoit l’aide d’un second aileron type GT4/GT3 en plus du premier initial dont la forme rappelle celui de la McLaren 675LT.
Mécaniquement, la puissance gagne 20 ch pour atteindre 436 ch toujours au même régime de 7000 tr/min, le maxi étant inchangé à 7200. Le couple est en augmentation de 30 Nm pour atteindre 440 Nm à 4500 tr/min contre une plage comprise entre 3500 et 6500 tr/min sur la Sport 410. Rappel des données de la McLaren 540C : 540 ch (à 7500 tr/min) et 540 Nm (entre 3500 et 6500 tr/min). La boîte de vitesses est exclusivement manuelle à six rapports.
Les performances annoncées sont en nette amélioration, surtout sur le 0 à 100 km/h puisque le gain est de 0,4 sec passant de 4,2 à 3,8 sec. La McLaren 540C annonce 3,5 sec, 10,5 sec pour le 0 à 200 km/h et une VMax de 320 km/h… Pour enfoncer le clou, une Porsche 911 GT3 (991) de 500 ch et 460 Nm (3.8L atmo) est crédité respectivement en 3,4 sec (PDK et 3,9 sec en manuel), 11,4sec et 318 km/h (320 km/h),tarif à partir de 155255 €uro TTC.
Sur le circuit maison d’Hethel, la nouvelle Evora GT430 réalise un chrono de 1 min 25 sec 8 – soit le temps de la Lotus 3-Eleven – contre 1 min 28 sec à la Sport 410, soit 2,2 sec de moins au tour, toujours en pneus Michelin Pilot Sport Cup 2, plus larges pour un meilleur grip, 245/35 R19 à l’avant et 295/30 R20 à l’arrière.
Les suspensions réglables 2 voies sont signées Öhlins, TTX avec une compression de 20 réglages par clic et les ressorts sont des Eibach ultra-légers, permettant de gagner 10 kg sur le poids total. On retrouve le différentiel de glissement (LSD) ainsi qu’une fonction de contrôle de traction variable, dotée de 5 nouveaux réglages de traction préétablis en mode Race : 1%, 3%, 6%, 9% et 12%. Les autres modes de stabilité dynamique sont Drive, Sport et Off. Les disques de freins sont ventilés à l’avant, associés à des étriers AP Racing à quatre pistons à l’avant et trois pistons à l’arrière.
Au niveau des allègements,, la réduction nette pondérée du poids de 26 kg par rapport à l’Evora Sport 410 se décompose comme suit : échappement de titane standard (-10 kg), panneaux de carrosserie en carbone (-4,7 kg), intérieur (-2,5 kg), amortissement Öhlins et Eibach (-10 kg), disques de frein arrière (-2 kg). De plus, ce gain de poids touche également : fond plat en aluminium plus mince (-1,5 kg), supports légers en aluminium (-1,3 kg), verre léger en polycarbonate (-0,5
kg), système de remplissage de carburant re-profilé (-2,5 kg). Cette économie totale de 35 kg est compensée par l’ajout de roues et pneus plus larges (+5 kg) et par le nouveau profilé de l’aileron arrière supplémentaire (+4 kg).
A l’intérieur, on note de nouveaux sièges Sparco récemment conçus avec un design de garniture unique, aux choix du client. En option, les harnais 4 points et une armature des sièges en titane sont disponibles. L’intérieur est garnis d’une combinaison d’Alcantara noir et de cuir perforé, avec de nombreuses combinaison de couleurs à choisir en option, sachant que de série les coloris sont rouge et blanc (coutures) avec du noir mat pour les panneaux de portes.
Alors à qui s’adresse cette Evora GT430 ? Aux inconditionnels de Lotus, pistards invétérés dont les week-end s’enchainent en trackdays ou en Lotus Cup Europe. Mais surement pas aux clients amateurs de sportives qui auront le choix entre une McLaren 540C ou une belle Ferrari 458 Italia d’occasion, au blason plus flatteur et aux sensations plus émotives. Lotus Cars, sans budget, doit maintenir l’intérêt des potentiels acheteurs, en proposant de nouveaux produits élaborés sur d’anciennes bases. Mais à vouloir en faire trop (une série limitée par mois !), Lotus risque de s’y perdre et ainsi que ses clients.
Source CP Lotus
