La récente mesure prise, aux forceps, par le gouvernement, d’abaisser la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur “les routes secondaires à double sens sans séparateur central”, autrement dit les routes nationales et départementales, fait couler beaucoup d’encre et ravive les débats. Mais derrière la comm’ gouvernementale et le marketing politique(ment correct) axés sur la Sécurité Routière, quels sont les enjeux économiques et fiscaux pour la France ? Cette réduction des limitations de vitesse ne va t elle pas devenir une lame de fond ?
Réduire l’impact des carburants dans le déficit de la balance commerciale
Autant l’afficher de suite, la politique pro-diesel affichée par la France depuis 50 ans a considérablement alourdi son déficit commercial, le solde entre exportations et importations. En matière d’énergie, nous consommons plus (pétrole) que nous ne produisons (gaz, électricité).
Dans son rapport 2016, le Secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur l’explique clairement, p3 : “La facture énergétique se réduit significativement à 31,3 Md€, soit une baisse de 21% par rapport à 2015 (39,8 Md€). Le déficit énergétique en 2016 atteint ainsi son niveau le plus bas depuis 2005. Cette évolution résulte d’une contraction importante des approvisionnements énergétiques (-11,8 Md€ à 45,3 Md€), en lien avec la baisse du prix moyen du pétrole brut (40 USD contre 47,9 USD en 2015) et la stagnation des volumes importés. Dans le même temps, les exportations énergétiques diminuent (-3,4 Md€ à 14 Md€) mais plus faiblement que les importations. La baisse concerne autant les hydrocarbures naturels que les produits raffinés (respectivement -19% à 7,2 Md€ et -20% à 6,8 Md€).”
Pour ceux d’entre vous que cela intéresse, toute la partie Energie est détaillée en p54.
Heureusement que le prix du baril de pétrole était bas en 2016, freinant le déficit des hydrocarbures naturels et des produits raffinés. Pour 2018, changement de paradigme, la hausse du baril de brut a très fortement augmenté passant de 37 USD (01/01/16) à 68 USD aujourd’hui (15/01/18) !
Sur le déficit des hydrocarbures naturels et des produits raffinés, le quart (25%) provient du diesel, seul. C’est ce qu’indique le Rapport d’Information à l’Assemblée Nationale n°4109, “L’offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale”, p223, datant de 2016 : “Les raffineries françaises ont été conçues dans les années soixante pour répondre à un marché essentiellement essence. Le gazole constituant 80% de la consommation de carburant, la France doit importer 23 millions de tonnes de gazole mais aussi exporter le surplus d’essence, ce qui, selon le groupe Total « constitue un handicap structurel pour l’industrie du raffinage ». Le déficit cumulé de la balance commerciale française lié aux importations de produits pétroliers atteint 47,5 milliards. Au sein de cet ensemble, le déficit lié aux importations de gazole était estimé à près de 10 milliards.”
Comment réduire la (lourde) note ? Augmenter la prix des carburants à la pompe ? C’est déjà fait mais il ne faut pas trop alourdir le poids de la fiscalité indirecte des français. L’autre piste, c’est de baisser la limitation de vitesse sur les axes secondaires, passant de 90 à 80 km/h. La perte de temps est faible, nous dit la Sécurité Routière : 1 min pour 10 km, 4 min pour 50 km ou 17 min pour 200 km. Réduire la vitesse de 10 km/h, c’est abaisser la consommation de carburant de près de 15%, soit trois à cinq litres lorsqu’on parcourt 500 kilomètres (source Bison Futé) et la Sécurité Routière estime que cette mesure permet de réduire “jusqu’à 30% des émissions de polluants”… ben, voyons. Bon en fait c’est -12,5%, soit -12 kg d’émissions de CO2 sur 500 km ! Comment ne pas être sensible à ces arguments ?
Emballez, c’est pesé ! Voici l’exemple d’une mesure impopulaire qui va passer comme une lettre à la poste, au motif de sauver des vies, tout en étant salutaire pour les finances publiques !
Car l’état ne va pas perdre d’argent avec la baisse attendue de la consommation de carburants… Non, grâce à l’augmentation des taxes sur les carburants (TIPCE) mais aussi sur les véhicules (Taxe régionale à l’immatriculation, Ecotaxe (bonus/malus), Super malus pour les voitures neuves ou importées (puissance >36 CV), Taxe CO2 pour les véhicules d’occasion de moins de 10 ans (CO2 > 200 gr ou selon la puissance), Taxe sur la gestion du certificat d’immatriculation, Redevance pour acheminement du dit certificat, etc…) sans compter la TVA ! Et je ne vous parle pas de la manne financière rapportée par les radars !
Conclusion : la baisse des limitations de vitesses va enchérir l’état, moins de dettes et plus de recettes !
Augmenter l’autonomie des véhicules électriques… et autonomes
Ah oui, je vais loin, mais la baisse de la limitation de vitesse 90 au lieu de 80 km/h sur les axes secondaire, c’est tout bénef’ pour l’autonomie des batteries des véhicules électriques. 10 km/h de moins, c’est 20 mètres de gagnés au freinage (108 à 90 km/h, 88 à 80 km/h) nous dit la Sécurité Routière. Vrai, comme il est juste d’affirmer que l’autonomie des batteries des voitures électriques augmenterons mécaniquement lorsqu’elles emprunterons ces voies secondaires limitées à 80 au lieu de 90 km/h.
Eh hop, atténué le problème avec l’autonomie “faiblarde” des véhicules électriques : “Tu roules moins vite, mais plus longtemps…” Exemple pour une Tesla Model S P85, conso spécifique (Wh/km) : à 90 km/h = 180 Wh/km et à 80 km/h = 160 Wh/km, soit +10% d’économie. Si vous voulez connaitre la valeur à 110 km/h c’est 210 Wh/km (+31% vs 80 km/h), à 130 km/h c’est 250 Wh/km soit +56% (vs 80 km/h) !
Et la voiture électrique, c’est la hors d’oeuvre de la voiture autonome qui, elle, respectera les limitations de vitesses. Aujourd’hui, c’est déjà demain…
Conclusion : la baisse des limitations de vitesses va préparer à la transition énergétique
Inutile je pense de vous faire un dessin. Malheureusement, la baisse des limitations de vitesses est une lame de fond. Prochaine étape, les autoroutes, avec une réduction logique d’au moins 10 km/h si ce n’est pas 20, passant de 130 à 110 km/h… Bienvenue dans un mode futur (proche) !
je n’ai pas la prétention d’etre un as du volant mais lorsque j’observe autour de moi les amis, collègues et autres conduirent ,je trouve qu’il y a peu d’accidents par rapport à ce qui se passe sur nos routes ! pour bien ou assez bien conduire il faut d’abord aimer conduire ensuite,un peu de courtoisie ne fait pas de mal, les autos école ? je pense que qu’elles sont au niveau de notre éducation nationale!c’est à dire qu’il y a de tout .J’ai tendance à rouler assez vite j’ai donc participé une fois à une cession de rattrapage de points j’ y ai entendu de la part des animateurs des débilités sur les pneus par exemple, sur l’utilité des stages de conduite ect….pilote hélico j’ai beaucoup retenu de cette expérience la concentration,l’observation , la maitrise lors des simulations de pannes ect .Mis en application sur la route c’est un petit voir un gros plus .j’ai par la suite travaillé pour un constructeur allemand: 100000kms /an avec des voitures puissantes , j’ai eu l’occasion d’effectuer quelques stages de conduite avec des clients qui au départ ne maitrisaient pas une glissade ,une perte de controle, à la fin du week end sans etre champion ils savaient tenir un volant et s’en sortait plutot bien pour certains la première glissade se trouve hélas etre la dernière .Il fut une époque je m’était fait une raison je roulais à 130 sur autoroute j’ai constaté que je devenais dangereux je n’était plus concentré sur ma conduite! j’ai repris mes anciennes habitudes …Aujourd’hui à la retraite je roule moins mais je constate que toutes les nouveautés meme si elles ont un coté utiles engendrent la distraction GPS TEL RADIO .Enfin je seras curieux de connaitre le kilométrage parcouru par tous ces gens qui prennent les décisions de nous faire rouler à 80/h ,aux USA certains états vont augmenter la vitesse la norvége également mais en France on va faire rentrer des sous dans les caisses de l’état ….
@Bruno
Il me semble que l’éco-conduite est apprise à l’auto-école.
Bonjour Pierre-Henri,
Merci pour votre article que je trouve très bien argumenté.
Mais j’aimerais vous soumettre une solution alternative pour réduire le nombre de blessés et de tués sur la route:
Je propose de rendre obligatoire une formation à l’éco-conduite pour tout achat d’un véhicule neuf.
En effet, je constate que la plupart de mon entourage ne sait pas comment fonctionne les moteurs de nouvelle génération, ni comment optimiser leur utilisation au quotidien. J’ai suivi un stage à l’éco-conduite il y a 8 ans et ma conduite a totalement changé. Je roule très souvent en agglomération et en périphérie sans consommer une goutte de carburant sur des kilomètres (en cumulés). Et j’adapte ma vitesse sur route et autoroute en privilégiant la consommation tout en restant dans le flux du trafic.
Cette formation pourrait se résumer à 1H de théorie et 1 heure de pratique sur chaque voiture achetée. La formation permettrait de créer des emplois non délocalisables. Le surcoût serait encadrée par la Loi et limité à 100 ou 200 Euros par exemple. Les personnes qui changent de voiture tous les 3 ans n’auraient à suivre que la partie pratique.
En appliquant les techniques de l’éco conduite, je roule à 50Km/h systématiquement en ville, je ralentis sur les grands axes en respectant parfaitement les limitations de vitesse affichées. Cela rend la conduite plus zen et permet de réduire énormément les comportements accidentogènes. Sans parler de la consommation qui se réduit de 0.5 à 1 litre pour 100Km parcourus. En multipliant les personnes qui pratique ce type de conduite, la circulation serait fluidifiée et le nombre d’accidents en raison des changement brutaux dans le flux de trafic serait significativement réduit. En effet, l’éco-conduite impose de regarder loin et d’anticiper, elle réduit aussi l’inattention. La vitesse se réduit automatiquement à l’approche des vélos qui circulent et des intersections. Les piétons et les cyclistes sont les premières victimes de nos comportements brutaux et peu anticipés.
Je ne sais comment faire avancer cette proposition. Je la trouverais bien plus efficace qu’une limitation de vitesses.
Cordialement,
Bruno
Bonjour Paul,
Comme vous l’avez peut être compris, nous ne pensons pas que cet réduction de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h soit salutaire pour la baisse de la mortalité routière. Ce n’est pas la vitesse qui tue, mais l’excès de vitesse et celui ci est très souvent une composante d’une conduite en état d’alcoolémie, de stupéfiant, d’inattention, de sommeil, etc… L’état des routes secondaires est à améliorer grandement, les revenus des radars fixes n’y ayant pas été affecté comme cela avait été annoncé. La formation est également à revoir, notamment au niveau de la conduite dans des conditions d’urgence (maîtrise du véhicule en aquaplaning, terrain glissant, évitement, etc..).
Notre article est un “coup de gueule” contre l’Etat qui rackette les automobilistes au motif d’améliorer la Sécurité Routière, faux prétexte.
C’est bien, la leçon est bien, très bien, aprise. Vous avez votre diplôme de… communication… propagande… collaboration pro ou anti…
En tout cas, merci monsieur et bonjour chez vous.