Lamborghini nous dévoile enfin sa nouvelle Temerario dans le cadre de la Monterey Car Week sur les côtes californiennes. Performance, Plaisir de Conduite et Confort sont les maîtres mots de la remplaçante de l’Huracan qui va redéfinir de nouveaux standards dans l’univers des Supersportives selon le PDG de Lamborghini Stefan Winkelmann. Mais avec l’abandon du V10, l’arrivée du turbo et des moteurs électriques, la Temerario n’aura-t-elle pas perdu ce qui faisait la singularité de sa devancière ? Un caractère mécanique absolument sensationnel qui compensait des performances pures en retrait face à la concurrence.
V8 bi-turbo électrifié : 920ch et 10 000tr/min
Commençons par évoquer la motorisation de cette Lamborghini Temerario car c’est sur ce point que le constructeur de Sant’Agata était attendu au tournant. Il faut dire que le V10 de l’Huracan (lire ici) avait un coffre et une sonorité assez envoutante. Arrivé au bout de son développement – et également contraint d’un point de vue émission, Lamborghini devait abandonner son V10 pour passer au turbo. Le choix d’un V8 contrairement au V6 des McLaren Artura (lire ici) et Ferrari 296 GTB (lire ici) était un bon début, mais visiblement pas suffisant.
Pour donner du caractère à son moteur et offrir un maximum d’émotions mécaniques, Lamborghini a concocté un tout nouveau V8 biturbo de 4.0l qui peut prendre 10 000tr/min. Sur un moteur de série, turbo qui plus est, c’est véritablement inédit ! Avec 800ch en thermique et 920ch en ajoutant les 3 moteurs électriques, Lamborghini fait plus que rattraper son retard par rapport à la concurrence. La Ferrari 296 GTB est reléguée à 90ch tandis que la McLaren Artura semble jouer dans une autre catégorie avec « seulement » 700ch.
Cette caractéristique de 10 000tr/min était un vrai défi. Pour ce faire, la masse des pièces en mouvement a été limitée au maximum – utilisation de pièces en titane notamment – et le V8 se voit greffer 2 gros turbos au cœur de son V leur permettant de souffler encore très fort, très haut dans les tours. La puissance maxi est d’ailleurs atteinte à 9000tr/min et reste constante jusqu’à 9750 tr/min. Une prouesse !
Qui dit gros turbo dit manque de couple à bas régime et temps de réponse infini, façon années 80. Deux effets qui seront parfaitement compensés par les 3 moteurs électriques – un directement entre le moteur et la boite de vitesse, les 2 autres sur l’axe des roues avant, 110 KW chacun – qui apporteront du couple et une réactivité à l’action sur la pédale de droite. Enfin, l’utilisation d’un vilebrequin plat doit permettre d’offrir un comportement moteur rageur et assez linéaire, à l’instar d’un moteur atmosphérique, avec des sensations auditives et des vibrations augmentant crescendo jusqu’au tréfonds de la zone rouge. Une approche plutôt audacieuse et devant permettre à la Lamborghini Temerario de se démarquer de la concurrence !
La nouvelle boite de vitesse à double embrayage et 8 rapports, particulièrement compacte, a été installée transversalement derrière le moteur pour libérer de la place pour la batterie, limiter l’empattement et optimiser la répartition des masses. Côté électrique, la batterie « haute densité » de 3.8kwh – comme dans la Revuelto (lire ici) – est placée dans le tunnel central désormais dépourvu d’arbre de transmission. Idéal pour la répartition des masses et l’abaissement du centre de gravité. Elle se recharge en moins de 30 minutes sur un chargeur classique 7KW ou bien directement en roulant grâce au V8 ou l’énergie récupérée au freinage.
Des performances de Supercar
Avec un 0 à 100km/h abattu en 2.7sec et plus de 340 km/h en vitesse de pointe, la Lamborghini Temerario est très proche de la Revuelto – respectivement 2.5 sec et limitée à 350 km/h. La Revuelto garde pour elle la noblesse du V12, son statut de Supercar et un côté extrême que ne peut revendiquer la Temerario. Visiblement, les 920ch et les 730Nm de couple entre 4000 et 7000 tr/min n’auront donc aucun mal à déplacer les 1690kg – à sec – de cette supersportive. C’est tout de même 200kg de plus que la McLaren Artura et 180 kg de plus que l’Huracan Evo (lire ici) qu’elle remplace.
Le plaisir de conduite au cœur du projet
Au-delà des émotions purement mécaniques, le plaisir de conduite a été l’une des autres préoccupations majeures de l’équipe de développement. Cela passe tout d’abord par l’utilisation d’un tout nouveau châssis spaceframe utilisant de nouveaux alliages d’aluminium et des techniques de fabrications plus performantes. Par conséquent, il est désormais sensiblement plus léger, 24% plus rigide et utilise 50% de pièces en moins que celui de l’Huracan. Le système de freinage est repris de la grande sœur Revuelto avec des disques carbone céramiques pour assurer des décélérations franches et durables même lors des sessions piste. A cet effet, le refroidissement, des disques et des étriers a été largement optimisé par rapport à l’Huracan.
En utilisant le bouton rotatif à gauche sur le volant, le conducteur pourra paramétrer la Temerario selon ses désirs et les situations de conduite :
- Citta: mode 100% électrique, vous voilà au volant d’une Lamborghini… traction avant ! La puissance est limitée à 190ch.
- Strada: mode hybride limité à 800ch privilégiant le confort et l’efficacité énergétique durant de longues liaisons autoroutières.
- Sport: La Temerario change de visage et vous gratifiera d’un comportement plus fun – tendance propulsion affirmée, plus incisif en virage grâce à l’aérodynamique active et la gestion vectorielle du couple sur les roues avants. Les occupants profiteront également d’une ambiance sonore plus immersive dans l’habitacle tandis que la boite de vitesse sera plus réactive. C’est certainement le mode qui offrira le plus de sensations.
- Corsa: Plutôt dédié à la conduite sur piste, c’est l’efficacité pure qui sera recherchée en maximisant l’adhérence et les vitesses de passage en courbe via le travail de concert du moteur thermique, des moteurs électriques et de l’aérodynamique active. Le volume sonore augmentera encore d’un cran à l’intérieur pour motiver le pilote à donner le maximum de lui-même ! Pour les plus téméraires (!), le mode Corsa plus désactivera également les aides électroniques à la conduite.
Ces 4 modes pourront être modulés par un second bouton rotatif « EV » avec 3 modes de fonctionnement des moteurs électriques qui favoriseront la Recharge, le mode Hybrid ou la Performance. Enfin, notons l’apparition d’un mode Drift à 3 positions permettant au conducteur d’engager plus facilement des dérives plus ou moins prononcées tout en gardant un certain nombre de garde fous électroniques. 
Un style dans la tradition des « Baby Lambo »
La silhouette générale est bien dans la lignée des « petites » Lamborghini initiée par la Gallardo en 2003 et poursuivie par l’Huracan en 2014 : une ligne tendue, un seul trait partant d’un museau plongeant jusqu’à la poupe plus en hauteur. Sans verser dans l’agressivité à outrance, on notera surtout l’utilisation de l’hexagone comme élément stylistique majeur : les feux de jour – clin d’œil évident à l’Essenza SCV12 (lire ici) de piste – qui entourent une prise d’air pour le refroidissement des freins, mais également les prises d’air latérales – refroidissement et admission – et bien sûr les feux arrière.
Une poupe particulièrement travaillée, avec une énorme sortie d’échappement très haute – et hexagonale, un diffuseur proéminent et des roues largement visibles qui nous évoquent la magnifique Sesto Elemento de 2010. Tout ce travail aérodynamique a permis des gains de 30% en ce qui concerne le refroidissement ainsi qu’une augmentation de l’appui de 103% par rapport à l’Huracan.
Pack Alleggerita
Avec la Temerario, Lamborghini inaugure le « Pack Alleggerita » principalement dédié à ceux pour qui la piste sera le principal terrain de jeu. Ce sont 12.65kg d’économisés sur les éléments de carrosserie, qui peuvent aller jusqu’à 25kg en considérant l’échappement en titane ainsi que les panneaux de portes intérieurs et les jantes en carbone. Un pack augmentant l’appui généré sur la partie arrière de 67% par rapport à la Temerario standard, idéal pour aller chasser le chrono sur circuit !
Une supersportive du quotidien ?
La notion de confort revient étonnamment assez souvent dans le communiqué de presse Lamborghini. Il faut croire que la Temerario – au moins dans cette version initiale – se veut être docile et utilisable au quotidien avant de se transformer en bête sauvage si le conducteur le décide. Le nouveau châssis a permis des gains de place important à l’intérieur de l’habitacle : +34mm de garde au toit, +46 mm d’espace pour les jambes, les personnes jusqu’à 2m seraient susceptibles de s’y installer confortablement avec un casque. Un monde comparé à l’Huracan qui ne convient guère aux grands gabarits. Pour les longs roadtrips, le coffre avant peut accueillir 2 valises cabine tandis que le reste des bagages trouvera sa place derrière les sièges. Belle invitation au voyage !
La planche de bord est très similaire à celle de la Revuelto avec 3 écrans – pilote / central / passager – dont l’infographie change en fonction des modes de conduite sélectionnés. On retrouve aussi une connectivité sans fil Apple Car Play et Android Auto. On notera enfin l’apparition du Lamborghini Vision Unit (LAVU) qui permettra d’enregistrer vos meilleures sessions piste ou les plus belles routes grâce à 3 caméras : une première au raz de la route, une seconde filmant les émotions des pilotes et passagers quand la dernière se focalisera sur le volant. Associées à un logiciel de télémétrie largement enrichi, cela va révolutionner les soirée diapos au retour des vacances !
Une gamme 100% électrifiée
La Temerario complète ainsi la gamme Lamborghini avec un 3ème modèle hybride rechargeable après l’Urus SE et la Revuelto. Lancée avec deux couleurs inédites Blu Marinus et Verde Mercurius, les futurs clients pourront configurer leur exemplaire à leur guise grâce au programme Ad Personam et choisir parmi près de 400 teintes. De notre côté, c’est surtout dans la vraie vie que nous avons hâte de découvrir cette Lamborghini Temerario et son nouveau tempérament mécanique. D’après notre photographe Jordan Prot qui a eu la chance d’entendre le son du V8, c’est plutôt très prometteur !
Photos : CP Lamborghini
