Mes premiers souvenirs de Jensen remontent à un voyage de classe en Angleterre en 5ème. Je me souviens sur le trajet entre la famille chez qui je logeais et l’école où nous avions cours le matin de cet impressionnant coupé aperçu le premier jour, lors du trajet en voiture. Le second jour et les suivants, le même trajet était à faire à pied et tout seul, inutile de vous dire que j’accélérais le pas pour pouvoir faire un rapide arrêt devant cette auto inconnue. Jensen Interceptor, voilà un nom qui en impose presque autant que le gabarit de ce coupé au long capot et à l’improbable lunette arrière.
Ce fut ainsi ma pause quotidienne, matin et soir, sur ce court trajet en terre albione jusqu’à ce que le matin du dernier jour j’arrive à la hauteur de la voiture en même temps que le propriétaire sortait de sa maison : un poignant échange en anglais pour le jeune apprenti linguiste que j’étais « verri naïce car Mister » en réponse duquel j’ai eu droit à une longue tirade sur le passé de la voiture et les réparations à venir, enfin tout du moins c’est ce que j’ai cru comprendre de cet homme passionné à l’accent prononcé !
Depuis, chaque fois que j’aperçois une Interceptor, ce qui est malgré tout assez rare, je repense à celle-ci. Et on dirait que je ne suis pas le seul à repenser avec nostalgie à l’Interceptor et le passé de Jensen Motors. La marque créée en 1934 et disparue une première fois en 1976 avait revu le jour avec l’éphémère et peu esthétique S-V8 en 2001-2002. Après Borgward qui annonce son retour, Jensen fait de même par l’intermédiaire de Jensen Group soutenu par Jensen International Automotive un spécialiste de la restauration et optimisation des Jensen originales.
Une Interceptor 2, non non rien à voir avec l’engin de Mad Max, devrait donc voir le jour en 2016 s’inspirant clairement du design de la première du nom sous forme d’un grand coupé GT, reposant sur un châssis ultra léger, habillé de panneaux de carrosserie fibre et aluminium. Le parti-pris est donc celui de la petite série, totalement faite à la main en Angleterre et sur mesure pour les riches clients. Comme à l’époque la motorisation viendra d’outre Atlantique, un V8 6.4 compressé d’origine GM est annoncé avec 665 ch, rien que ça !, accouplé à une boite à 6 rapports. La Jensen GT devrait faire aux alentours de 1530 kg ce qui laisse augurer des performances alléchantes. Seul point d’ombre au tableau, le communiqué de presse précise que si les trains roulants seront équipés de gros freins AP Racing (respectivement 350 et 300 mm pour les disques de freins AV et AR) les trains roulants eux dériveront étroitement de ceux de la S-V8 vieille de bientôt 15 ans… Mais restons optimistes, croisons les doigts pour cette future GT d’exception fasse honneur à la longue lignée d’automobiles créée par les frères Alan et Richard Jensen.
Source : CP Jensen Group