Rafael Simoes Miranda a fondé la marque horlogère DWISS pour concevoir des montres au design original et audacieux. Il évoque l’histoire et le succès de la marque et présenter la M3W qui surprend par son affichage “à heure vagabonde” inspiré par l’univers automobile. Retour sur une success story horlogère !
Présentation
AutomotivPress/Rémy Solnon : Vous êtes le fondateur de la marque horlogère DWISS. Pouvez-vous tout d’abord vous présenter et nous dire quel a été votre parcours professionnel ?
Rafael Simoes Miranda : J’ai commencé ma carrière en tant que designer industriel à Milan en 2002, en concevant des meubles. En 2003 j’ai commencé à travailler chez Hitachi Europe en développant des produits électroniques grand public et des études de design avancées. C’est en 2006 que j’ai commencé à concevoir des montres pour un studio de design à Milan qui a ensuite été racheté par le groupe Timex. J’ai créé des montres pour des marques du groupe comme Versace, Valentino, Ferragamo, Nautica et Timex. En 2009 j’ouvre mon propre studio de design à Milan, et j’ai eu des clients comme Bulova, pour qui j’ai dessiné une montre pour Richard Branson, et d’autres clients comme Cavalli, Morellato, CYMA. En 2011, j’ai décidé de créer ma propre marque en Suisse appelée DWISS.
AP : Quelle montre portez-vous aujourd’hui ?
RSM : Je porte la nouvelle DWISS M3W à heure vagabonde avec un cadran blanc.
La manufacture
AP : DWISS (pour “Design Watch Independent Switzerland”) a fêté ses 10 ans cette année. Pouvez-vous nous présenter la marque et son histoire ?
RSM : N’importe quelle montre peut vous donner l’heure, mais DWISS l’affiche différemment ! C’est en résumé la philosophie de la marque. Mais cette vision de l’innovation ne se limite pas à la conception d’affichages de l’heure uniques. La marque a développé le financement participatif sur internet et la vente en ligne. C’est également l’une des premières marques à accepter la crypto-monnaie comme moyen de paiement, elle a également créé le premier club de montres par abonnement où les membres conçoivent leur montre ensemble en équipe.
La première collection a été la “Classique” qui proposait des montres fabriquées avec des matériaux précieux et semi-précieux, comme la Brasilia en or 14 carats et la C2, la première montre au monde en Niobium, récompensée par l’International Design Award en 2012 .
La collection “M” a été lancée en 2011 avec le modèle M1, suivi de la M2 en 2016, dont le design a été récompensé deux fois, puis de la M3 (2020), la première montre conçue avec les membres du DWISS Club qui a remporté le European Product Design Award. et le Good Design Award. Tous les modèles de ces collections utilisent un mouvement ETA 2824-2.
Avec la collection “R1” (modèles RC1 et RS1), DWISS a présenté ses premières complications, utilisant un tourbillon de fabrication suisse pour les modèles haut de gamme. Les autres montres sont animées par des mouvements automatiques ou manuels. La RW1 (2018) est la première montre à heure vagabonde et a remporté plusieurs prix dont le célèbre IF Design Award.
Cette année, DWISS commémore son 10e anniversaire avec la M3W, inspirée de la M3, qui se distingue par un module d’heure vagabonde composé de trois disques satellites tournant sur le cadran squeletté permettant de voir le calibre Sellita SW-200 modifié.
AP : Chaque campagne de financement participatif que vous avez lancée sur Kickstarter a été un véritable succès. Vous avez remporté plusieurs concours de design, notamment l’European Design Award, l’International Design Award et l’Asian Design Award. Comment expliquez-vous cet engouement du public et cette reconnaissance de la profession pour vos montres au design original qui ne laissent pas indifférent ?
RSM : Je pense que le public apprécie les montres DWISS car il aime porter quelque chose d’unique et valorisant. Une montre qui affiche l’heure différemment, d’une grande qualité à un prix abordable.
AP : Quels sont vos principaux marchés ? Quels sont les modèles qui se vendent le mieux ?
RSM : Les montres qui se vendent le plus sont les M3, et le principal marché est aux USA.
Les montres
AP : Chaque collection de montres DWISS se distingue par l’affichage original et disruptif de l’heure qui s’avère pourtant facile à lire. Il ne laissera pas indifférent. Pourquoi avoir rechercher des affichages originaux de l’heure pour chaque modèle (M1, M2, M3, R1, RS1, R2) ?
RSM : Parce que je suis un designer avant tout ! Je veux explorer de nouvelles voies et m’écarter de l’affichage classique de l’heure que propose de la majorité des montres. L’intérêt d’une nouvelle marque horlogère pour le public est d’offrir quelque chose de différent, d’innovant.
AP : Pour célébrer ce 10e anniversaire, vous avez lancé la M3W, une montre automatique à « heure vagabonde ». D’où vous est venu l’idée de ce concept original né sur la montre R1 ? A t-elle été difficile à réaliser (sur la base d’un mouvement suisse Sellita SW-200) ?
RSM : Le concept d'”heure vagabonde” n’est pas nouveau, il a été créé au XVIIème siècle. Mais il est aujourd’hui rarement proposé sur le marché horloger, et quand il l’est, soit les montres sont à un tarif extrêmement élevé, soit elles sont de mauvaise qualité. D’où ma volonté de proposer un rapport qualité/prix intéressant.
AP : Vous réussissez le challenge d’offrir une complication originale et une finition de qualité à un prix particulièrement attractif, à comparer à des montres offrant des complications similaires comme Urwerk. Comment faites-vous ?
RSM : J’utilise des mouvements qui sont déjà sur le marché, en n’échangeant que les pièces nécessaires pour faire fonctionner la complication. Cela permet de proposer un prix abordable.
AP : Comment sont assurés le SAV et l’entretien des montres ?
RSM : Ils sont assurés en Suisse dans nos ateliers. Si la montre est sous garantie, nous payons les frais d’expédition aller-retour aux clients.
Questions personnelles
AP : Quelles sont vos marques horlogères et/ou montres préférées ?
RSM : Vacheron Constantin, Urwerk, MB&F, Czapek.
AP : Quelles montres possédez-vous ou avez-vous possédées ?
RSM : La plus prestigieuse est la Patek Philippe Calatrava de mes grands-parents avec un bracelet en métal doré (qui n’était pas d’origine).
AP : Quelle est votre « Graal » horloger ?
RSM : La montre MB&F LM perpetual.
AP : Etes vous un amateur de voitures ? Quel est votre « Graal » automobile ?
RSM : Pas tant que ça, mais j’aime la Ferrari Testarossa, probablement parce que c’était le rêve de tout enfant né dans les années 1980.
AP : Quelles autres passions que l’horlogerie avez-vous ?
RSM : Ma fille ! La gymnastique et le snowboard.
Un grand merci à Rafael Simoes Miranda et à Anaïs Georges Duclos, fondatrice de DC-Agencies, pour la réalisation de cette interview.