A l’occasion du salon horloger Baselworld 2019, nous avons interviewé Cesare Cerrito, CEO de Meccaniche Veloci.
Rémy Solnon, AutomotivPress : Cesare Cerrito, pouvez-vous tout d’abord vous présenter et nous dire quel est votre parcours professionnel ?
Cesare Cerrito : J’ai grandi en Italie et après ma maîtrise en finances, j’ai commencé ma carrière dans la banque d’investissement. Comme souvent dans la vie, les meilleures choses arrivent par hasard. J’ai découvert «Meccaniche Veloci» en 2009, alors qu’il était le chronométreur officiel du championnat du monde de Superbike, remporté par Ben Spies, qui en portait une ! J’ai tout de suite adoré cette marque. Six ans plus tard, j’ai fondé ma société de capital-investissement et je recherchais une marque italienne connue dans le monde entier et avec un fort potentiel de croissance. Passionné par les moteurs et les montres depuis que je suis enfant, l’acquisition de Meccaniche Veloci s’est faite comme un alignement stellaire naturel…
La manufacture
RS : Pouvez-vous nous présenter la marque et son histoire ? D’où est venue cette inspiration issue de l’automobile, l’ADN de la marque ?
CC : Meccaniche Veloci est née à Milan en 2006, animé par le vrai amour de la mécanique, celle de la vitesse (d’où « Meccaniche Veloci », « mécaniques rapides »), celle avec des roues en bain d’huile et qui transpire l’arôme de l’essence. Cet ADN est très marqué depuis le début avec sa boite en forme du cœur du moteur, le piston.
RS : Comment se porte Meccaniche Veloci en France ? Comptez-vous étendre le réseau de revendeurs en France ?
CC : Meccaniche Veloci est une marque de niche qui compte des amateurs dans tous les coins du monde, bien évidemment la France incluse. Nous avons un point de vente à Paris (Anshindo) et une clientèle de collectionneurs très attachés à notre marque.
RS : Comment sont assurés le SAV et l’entretien des montres ?
CC : Depuis notre atelier de Genève, nous assurons le suivi et l’entretien des montres de tous nos clients du monde entier. Nous avons aussi un centre SAV au Japon et aux USA.
Les montres liées à l’automobile
RS : D’où vient l’idée de concevoir ce concept original de montres à plusieurs cadrans ?
CC : Le tout première prototype Meccaniche Veloci était une montre faite à partir d’un vrai piston ou l’empreinte des 4 soupapes de la tête a été transformé en 4 cadrans. Aujourd’hui la série QuattroValvole se présente avec le même concept : la boite de forme parfaitement ronde, sans cornes, avec les sièges pour les 4 soupapes qui deviennent les 4 cadrans, devenus iconiques pour la marque.
RS : Les noms de la marque et de la collection “QuattroValvole” évoquent les Ferrari et Lamborghini des années 1980 (328, Countach…). Est-ce-que ce sont des voitures qui vous ont fait vibrer dans votre jeunesse ?
CC : Je suis née dans les années 1970 en Italie, et comme toute ma génération, dans les années 1980, nous avons rêvé de ces voitures « mythologiques » qui ont ouvert l’époque des « supercars ». Les premières Ferrari à introduire la distribution multivalves sont la 328 et la Mondial en 1982, nommés ainsi « Quattrovalvole », suivi par la Countach en 1985. Le nom QuattroValvole devient synonyme de puissance à l’état pur.
RS : Quelle est la gamme de prix des deux collections “QuattroValvole” et “Icon” ? Quels sont les modèles qui se vendent le mieux ?
CC : Les deux collections partent de 9.200 € pour aller jusqu’à 78.000 € pour le modèle en or avec tourbillon. Les ventes sont également distribuées sur les deux collections, avec une préférence pour le modèle ICON en Asie et USA et pour le QuattroValvole en Europe.
RS : Vous avez développé un mouvement in-house, le MV 8882 automatique. Cela a t-il été compliqué de le concevoir en intégrant l’affichage de 4 fuseaux ? Etes-vous parti d’une base existante ? Cela a t-il été compliqué d’y ajouter un tourbillon ?
CC : Nous avons décidé que c’était le moment de positionner la marque à un niveau qualitatif « zéro-compromis » et cette stratégie ne pouvait pas se mettre en place sans passer par un calibre in-house. Il a fallu 24 mois de développement et le résultat final est un calibré intégré. Nous ne voulions pas utiliser un mouvement de base avec une platine additionnelle. Le calibre a été conçu depuis le début pour pouvoir évoluer avec d’autres complications et fonctions, dont la première est le tourbillon MV8880.
RS : Toutes les montres Meccaniche Veloci ont des boitiers imposants de 49 mm très masculins. N’est-ce pas une gêne à la vente ? Comptez-vous faire des modèles plus petits pour ceux qui ont des petits poignets et une gamme féminine ?
CC : Le chiffre de 49 mm est trompeur ; la boite n’a pas de cornes donc l’encombrement au poignet est comparable à ceux d’une boite de 45mm avec des cornes ; de plus, elle dispose d’une solution fonctionnelle qui permet de la rendre très ergonomique au poignet. Le bracelet est conçu avec un insert spécial en aluminium aéronautique (Ergal) développé par Meccaniche Veloci. Cet insert a trois fonctions : attacher le bracelet à la boite de manière simple et durable par le moyen de deux vis, donner une courbure au bracelet qui s’adapte parfaitement à tout type de poignet, rendre harmonieux la courbure du fond de la boite qui se prolonge visuellement avec le bracelet. Pour nos clients, la taille n’est pas du tout gênante, au contraire, elle fait partie des choses qu’ils aiment. Et nous comptons beaucoup de femmes aussi ! Pour le futur, nous avons en développement une nouvelle montre de 44 mm de diamètre, mais nous en reparlerons en 2020…
RS : Envisagez-vous de signer des partenariats avec une course ou une marque automobiles ?
CC : Meccaniche Veloci a été historiquement très présente dans le monde des courses ; elle a été partenaire du Rallye de Pharaons, de la SuperBike, des championnats GT4 et GT Cup et aussi de Record Motor Cycle, une équipe italienne que tenta de battre le record du monde de vitesse à moto sur la plaine salée de Bonneville (Utah – USA) actuellement à 423 km/h.
Pour les marques automobiles nous avons été partenaire de Spada Vetture Sport, un artisan italien qui a travaillé avec Zagato et qui a conçu la Spada Codatronca, dans laquelle vous retrouvez un QuattroValvole dans le tableau de bord !
Aujourd’hui nous cherchons surtout à raconter de belles histoires liées au monde de l’automobile et aux motos, comme par exemple avec Brembo, Dell’orto, Suomy et cette année avec la nouvelle Nardi Edition qui célèbre le volant iconique monté sur la Ferrari des années 1960, devenue aujourd’hui une vraie icone pour toutes les voitures vétérans.
RS : Quelles seront les prochains modèles ?
CC : Nous avons en développement la nouvelle SuperQuadro avec une boite de 44 mm et un calibre entièrement développé à l’interne avec des fonctions très intrigantes…
Questions personnelles
RS : Pour revenir à vous, quelles sont vos marques horlogères et/ou montres préférées ?
CC : Aujourd’hui je cherche l’originalité et la diversité. J’aime beaucoup tout le travail que font les marques « indépendantes », c’est là qu’il y a beaucoup de créativité : MB&F, HYT, De Bethune, Urwerk, Arnold & Son… pour arriver à l’élégance pure de Rexhep Rexhepi et F.P. Journee.
RS : Quelles montres possédez-vous ou avez-vous possédé ?
CC : Ma passion pour les montres est née avec une Breitling Chronomat, un vrai must des années 1980. Ensuite cette passion a évolué en passant par les « graals » : Omega Speedmaster, Rolex GMT et Explorer, Audemars Piguet Royal Oak… Aujourd’hui je me dirige plutôt vers les non-mainstream.
RS : Etes-vous comme beaucoup de passionnés de montres un passionné d’automobiles d’exception ?
CC : Bien évidemment ! mais je considère une voiture d’exception pas forcement comme une voiture très sportive ou très luxueuse. Je pense à des voitures incroyables comme la Citroën DS, le Land Rover Defender, la petit Isetta qui sont pour moi aussi sexy que des supercars contemporaines, plus faciles à aimer.
RS : Quelle est votre « Graal » horloger ?
CC : MB&F
RS : Et votre « Graal » automobile ?
CC : J’en ai deux Bentley comme marque mais surtout, et vous serez surpris, la Mercedes G, qui est, selon moi, la plus iconique.
RS : Quelles autres passions que l’horlogerie avez-vous ?
CC : J’aime toutes les choses qui me provoquent une réaction émotionnelle ou sensorielle : l’art contemporain, l’architecture, le design, et, en général, la beauté d’âme des choses. Je suis collectionneur de rhum et de cigares. Quant aux activités, mis à part rouler sur ma Triumph Bonneville quand j’ai le temps, j’aime beaucoup voyager, faire du snowboard, de la boxe, du vélo et surtout du trekking en famille.
Un grand merci à Cesare Cerrito d’avoir répondu aux questions d’Automotivpress.