Infiniti était absent au salon de Genève, à juste titre. La marque premium de Nissan vient d’annoncer qu’elle quittera le marché européen début 2020. L’ombre de cette menace planait depuis quelques mois. La marque haut de gamme de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Infiniti, lancée en 2008 chez nous, jette l’éponge après une discrète carrière sur notre continent.
Produits exotiques, distribution réduite et communication sans moyen
N’est pas Lexus qui veut (lire notre article ici). Infiniti a eu beaucoup de mal à s’implanter en Europe de l’Ouest et en France notamment. En 2016, les ventes avait été atteint un pic de 16600 véhicules grâce aux petits SUV’s Q30/QX30 (lire notre essai ici). Un volume qui a décru en 2017 avec 11000 unités puis 5800 en 2018. Bien loin de l’objectif fixé des 40000 exemplaires. La Chine affiche 46000 véhicules vendus et 150000 pour les USA. En France, l’année dernière, 1000 exemplaires furent vendus, dont… 47% de véhicules de démonstration !
La marque japonaise s’est également auto-limitée par son réseau de distribution restreint, des “centres” souvent distincts des concessions Nissan. Sa communication n’a jamais obtenu les moyens financiers, techniques et humains alloués par l’Alliance pour promouvoir et entretenir sa notoriété, misant très (trop) tôt sur le web comme l’a fait ensuite Tesla, Link & Co ou Polestar. Les ventes du véhicule image, le très réussi coupé Q60 (lire nos essais ici en 2.0T et là en 3.0T) restent confidentielles.
Pourtant Infiniti s’est démarqué tout de suite et volontairement avec des modèles très typés, importés des USA comme le gros SUV FX, aux motorisations essence voraces. La marque voulait, de cette manière, se distinguer des leaders européens du segment premium. La berline Q50 (concurrente des Audi A4, BMW Série 3, Mercedes Classe C) est venue recentrer la marque sur des atteintes de la clientèle européenne. Marque de luxe de l’Alliance, Infiniti a pu profiter du partenariat avec le constructeur à l’étoile, en concevant le duo Q30/QX30 basé sur la Classe A (lire notre essai ici). Mais il est surprenant qu’Infiniti n’ait pas développé plus de modèles en profitant des synergies techniques proposées par l’Alliance. La gamme n’a jamais été en phase avec la demande européenne : les clients attendaient des modèles avec des motorisations hybrides, ce qui aurait fait sens pour du premium, comme Lexus l’a fait.
David Paques, directeur des activités marketing et communication pour la France et le Benelux, précise les raisons de cet échec : “Tandis que les Q30 et QX30 n’ont pas atteint, en Europe mais aussi plus globalement, les volumes escomptés, le lancement du nouveau QX50 a été impacté par l’évolution des normes européennes. Le WLTP a impacté tout le monde, mais cet impact a été encore plus visible sur Infiniti et sa gamme réduite. Sans oublier que la marque évoluait dans un univers hyper-concurrentiel, avec des premium allemands très dynamiques. En somme, lnfiniti n’avait pas, pour l’Europe de l’Ouest, de modèles viables économiquement”.
Infiniti restera, pour le moment, sur le marché de l’Europe de l’Est et la marque n’exclut pas en Europe Occidentale si sa gamme électrique à venir lui offre un business model rentable.
Sources : Journal de l’Automobile & Automobile Marketing