Si vous avez vu il y a quelques années le film Ratatouille, vous vous souvenez peut être où le petit rat Remy explique que les saveurs, lors que l’on les combine, se transcendent pour créer un feu d’artifice. C’est exactement ce que j’ai ressenti cette semaine, au cours d’une expérience que je ne pensais pas aussi exaltante à vivre.
Comme beaucoup d’entre vous chers lecteurs, le monde de la F1 m’a toujours passionné, et chaque fois que j’en ai eu l’occasion, j’ai essayé de le toucher du bout du doigt, comme on essaie de capter furtivement un parfum agréable, sachant que ça ne dure malheureusement jamais bien longtemps. Par ailleurs, je me suis découvert presque malgré moi un intérêt pour la course à pied l’an passé. A priori, aucun rapport.
Si je vous parle de ça, c’est que dans certains endroits dans le monde, les circuits ne sont pas des endroits répudiés par les bien-pensants, et ils peuvent même devenir le théâtre de jolis moments seul, en famille, ou entre amis. Nous avons déjà en Europe des évènements culturels ou sportifs, comme le festival Rock am Ring, et des courses à pied ou à vélo à Silverstone, Spa, Le Mans entre autres. Mais certains circuits vont encore beaucoup plus loin comme à Montréal, Dubai, ou Abu Dhabi, où les circuits deviennent des lieux quasi publics pour promeneurs et sportifs de tous âges et de tous niveaux, quasiment toute l’année.
Le cas d’Abu Dhabi est intéressant, parce que c’est un grand prix à part dans le calendrier de F1. Ce n’est pas le plus spectaculaire à regarder sur la piste, loin s’en faut. Mais l’atmosphère qu’il dégage par ce départ au crépuscule avec ces jolies couleurs de désert, l’éclairage de la piste, du Yas Hotel, la présence de beaucoup d’expatriés anglais pour l’ambiance et le suspense que réservent parfois les fins de championnat… Bref, c’est totalement subjectif, mais je trouve cette ambiance géniale. Après tout Monaco non plus n’est pas un tracé intéressant à la TV, et pourtant c’est le GP le plus mythique au calendrier !
Alors quand j’ai appris qu’il est possible tous les mardis soirs d’aller y marcher, courir ou faire du vélo, le tout entièrement gratuitement et sans condition particulière, mon sang n’a fait qu’un tour. Après une tentative infructueuse en Février, j’ai retenté ma chance la semaine dernière. Le mode opératoire est très simple : on s’inscrit sur le net avant de venir, et ensuite il faut simplement venir le mardi, entre 18h00 et 21h00.
Premier choc en arrivant : ne connaissant que des circuits dits anciens jusqu’à présent, difficile de ne pas être impressionné : Yas Marina, à côté de tout ce que j’ai pu voir, c’est comme comparer un circuit de compétition automobile avec un circuit de karting pour vacanciers : 2×3 voies à l’intérieur du circuit, rond points, parkings, pelouses, jardins… Bref, je comprends qu’effectivement ces nouveaux circuits doivent être drôlement plus fonctionnels pour accueillir un GP. Et on m’a dit qu’on y voyait bien mieux les courses également. Promis, je vérifie pour vous dès que possible…
Une fois dirigé vers le parking par le staff, on arrive sur une aire où on reçoit un bracelet et un briefing succint. on peut choisir la course à pied ou le vélo. Pas de chaussures de sport ? Pas de problème, on vous en fournit. Pas de vélo ? On vous en prête un gratuitement dans la limite des disponibilités. Sur le parcours, deux points de distribution de bouteilles d’eau, des petites voitures de golf sont postées à divers endroits du circuit en cas de coup de fatigue ou un souci. Si vous venez avec vos enfants et que certains n’ont pas l’Age ou l’envie de faire un tour, plusieurs animatrices pour enfants sont sur un grand tapis de gym pour les faire danser et s’exercer en attendant que vous ayez fini votre sport. Bref, avant même d’avoir commencé le tour, on réalise à quel point on a des leçons à prendre…
Mais le plus sympa reste à venir : le tour en lui-même révèle la piste sous un autre jour : plate à la TV, on capte qu’en fait cette piste est en pente, avec un long faux plat descendant dans la ligne droite (malheureusement en courant c’est un faux plat montant !), les vents tournants, et surtout l’odeur de la mer lorsque l’on contourne la Marina. Le crépuscule, la nuit, l’éclairage, l’hôtel multicolore… On est vraiment en immersion totale, d’autant qu’à deux endroits de piste, les organisateurs mettent de la musique pour encourager les troupes.
Mais là où j’ai vraiment trouvé l’expérience géniale, c’est que pour peut être la première fois, j’ai pu faire exactement ce qu’un pilote fait en préparant sa course. J’ai pu voir d’une part le tracé comme le voient les pilotes lors des reconnaissances, j’ai pu imaginer Franck Montagny assis par terre en tenant son micro d’une main et en utilisant le plat de sa main pour expliquer la meilleure façon de passer un virage, j’ai pu voir comment en vélo on peut s’amuser en prenant les trajectoires… Et en même temps il y avait ce père qui courait avec son petit garçon qui le suivait à vélo, cette famille qui était venue faire un tour en courant avec une poussette dans laquelle dormait le petit dernier, des collègues qui venaient se défouler sur leur vélo de course après une journée de travail…
Bref, d’une croix à cocher, c’est vraiment devenu une super expérience, d’autant plus qu’à cette période de l’année où il fait bon, sans qu’il fasse trop chaud, le dépaysement est total. Malheureusement, cette petite parenthèse s’est refermée bien vite, et il a fallu dès le lendemain reprendre la vie normale. Mais peu importe. L’espace d’une heure, j’étais pilote de F1. C’est quand même ça le principal !
Si vous avez l’occasion de tenter l’expérience : http://www.yasmarinacircuit.com/en/fitness/fitness-activities/trainyas-by-activelife
