Si je vous dis que le week-end dernier je suis allé voir le Grand Prix de France de Formule 1, soit vous penserez que j’ai enfin retrouvé les clés de la DeLorean pour aller à Prenois, au Castellet ou à Magny-Cours, soit vous allez me conseiller de boire un plus d’eau d’Evian !!
Et bien vous ne pouviez pas mieux penser, Evian-les-Bains, petite ville thermale de Haute-Savoie, profite des joies de la montagne toute proche ainsi que des plaisirs aquatiques grâce au Lac Léman partagé avec la Suisse voisine.
Plaisirs aquatiques qui peuvent être également mécaniques puisque dimanche avait lieu la manche française du Championnat du Monde de F1 H2o, ces fameuses Formules 1 de l’eau. Aujourd’hui AutomotivPress fait une petite entorse à sa ligne éditoriale et enlève les roues pour vous faire découvrir cette discipline motorisée particulièrement spectaculaire.
Le championnat F1 H2o
Sport mécanique très peu médiatisé en France, il est très populaire dans les pays du Golfe ou les pays nordiques, chose qui se remarque dans la liste des engagés et les noms d’écuries (team Abu Dhabi, pilotes Kowétiens, team Sweden ou encore pilote finlandais), mais pas uniquement puisque l’équipe du français (!) Champion du Monde 2014, Philippe Chiappe, est chinoise. Le championnat 2015 se court sur 7 épreuves, réparties un peu partout sur le globe : Abu Dhabi, Qatar, Shanghai, Chine, Emirats Arabes Unis, Portugal…. et la France !
N’allez pas croire pour autant qu’il s’agit d’un championnat tout récent, voilà plus de 10 ans qu’il a été créé et continue d’exister malgré quelques changements de noms et de sponsors principaux.
Les machines
Les bateaux sont à la fois basique dans leur conception et surtout ultra technologique dans leur réalisation : la coque faite entièrement en carbone/kevlar offre une aérodynamique particulièrement soignées puisque les vitesses maxi atteintes dépassent les 200 km/h. Et pour se propulser (le terme est particulièrement bien adapté !) un V6 2 temps de 2.5 litres et d’environ 425 cv est placé loiiin derrière le pilote. Sur un engin d’à peine 390 kg, dont 120 litres de carburant, pour 6 mètres de long et 2.1 mètres de large pas étonnant de savoir que le 0 à 100 km/h se fait en moins de 4 secondes. Sans embrayage ni boite de vitesse la rotation est transmise à l’hélice via un variateur, le moteur prend du coup un peu plus de 10.500 tr/min, toutes sortes de choc et d’angle de fonctionnement, sans parler d’un environnement quelque peu humide !
De fourniture Mercury exclusive, ce sont par les réglages que les écarts se creusent (hauteur du moteur par rapport à la coque, choix de la géométrie de l’hélice) même si au final c’est bien-sûr le pilote, son sens de la trajectoire tendue et son attaque qui feront la différence.
La manche française
Sur le même schéma qu’une épreuve de Formule 1 sur circuit en asphalte, les essais libres permettent d’adapter et de régler la machine aux conditions spécifiques du week-end. Ensuite les qualifications pour la grille de départ élimine peu à peu les pilotes qui se retrouvent 12 en Q2 puis seulement 6 en Q3 pour s’élancer chacun leur tour sur 2 tours chrono pour s’adjuger la pole. Débutés le samedi après-midi, la dernière partie des qualifications sera reportée au dimanche matin, les conditions météo, vent principalement, ayant rendu le plan d’eau trop dangereux comme pourra en témoigner Ahmed Al Hameli victime un spectaculaire 360° après avoir décollé sur une vague.
C’est finalement le français Philippe Chiappe qui décroche la pole qui lui tenait à cœur ici en France, devant Youssef Al Rubayan, Alex Carella et Shaun Torrente. Ces 4 premiers pilotes se tiennent en 4 dixièmes de secondes sur un tour bouclé en un peu moins de 48 secondes, quand je vous disais qu’il y avait de la bagarre !
Grâce à sa pole et un bon départ Philippe vire en tête à la première bouée et arrive à contenir les attaques d’Alex au moment de prendre un tour aux premiers attardés … jusqu’à ce que la mécanique en décide autrement : abandon autour de la mi-course sur rupture de volant moteur. La déception au sein du team China est énorme, outre la volonté de bien terminer en France, ce sont de précieux points qui s’envolent au championnat. La suite de la course offrira d’autres belles batailles, parfois un peu trop serrées puisqu’à quelques tours à peine de l’arrivée un accrochage fait sortir le safety-boat qui restera présent jusqu’au terme de la course.
Bien qu’ayant passé le drapeau à damiers en tête, Alex Carella sera déclassé après la course pour bateau non conforme, tandis que Shaun Torrente grand animateur de la course en 2ème position au moment de la neutralisation connaitra des problèmes mécaniques qui le font sombrer au classement. C’est finalement le koweitien Youssef Al Rubayan devant le suédois Jonas Andersson et le finlandais Filip Roms qui constituent le podium de ce Grand Prix de France 2015. Notons les belles 8ème et 9ème places des français Deguisne et Larigot juste devant Stromoy qui marque le point de la 10ème place pour la seule femme engagée en Championnat du Monde.
Un beau spectacle qui vaut vraiment la peine d’être vu. Si l’occasion se présente près de chez vous, les pistonheads que nous sommes ne seront pas déçus, n’hésitez pas !
Crédit photos @ Ambroise Brosselin