Il a fallu que je relise mon article sur la Fiesta ST pour me souvenir à quel point l’auto m’avait globalement plu. J’avais quelque peu oublié. Ce n’est pas la faute à la Fiesta en elle-même, c’est surtout que depuis, j’ai eu l’occasion de prendre le volant de plusieurs autos plus passionnantes. Pas forcément de la même catégorie certes, mais il y a eu au moins la 208 Gti By Peugeot Sport qui était devenue entre temps pour moi le top du segment. Avec quelques poulains de plus sous le capot, la Fiesta ST 200 a-t-elle de quoi contester la suprématie de la petite lionne ?
Commençons, comme d’habitude par l’aspect esthétique de cette nouvelle Ford Fiesta ST200. Pas vraiment de révolution par rapport à la ST « 182ch ». En fait pour être franc, il faut vraiment être expert pour dissocier les deux. Tout se joue sur les couleurs. La livrée “Gris Storm” (gris souris) est spécifique, tout comme la peinture noire des jantes 17 pouces.
N’étant pas à la base forcément emballé par le ramage, pas besoin de s’attarder outre mesure sur le design extérieur (vous pouvez toujours relire mon essai de la ST « normale »).
A l’intérieur, même combat. Les sièges sont inchangés si ce n’est dans leur couleur. Il faut cependant avouer que dans cette livrée noire, ils paraissent de meilleure qualité que les gris de la version essayée précédemment. Pour le reste de l’habitacle, aucun changement. Heureusement sont parsemés les logos ST200 tant à l’extérieur qu’à l’intérieur pour identifier cette version survitaminée.
C’est avec un plaisir non feint que l’on réalise que tout change dès que le moteur est en route. Déjà sympathique en version ST de base, le petit 1.6L confirme son côté attachant. Des bronches bien dégagées (ce qui est rare en cette saison) lui permettent de gronder pile-poil comme il faut. C’est assez suggestif pour le pilote sans pour autant agresser le passant. Et pas besoin de chercher un quelconque bouton « Sport » pour amplifier les choses. On est là dans une sportive bio. Il n’y a à mon avis actuellement pas de meilleure preuve de la confiance d’un constructeur en son produit que le fait de ne proposer qu’un seul réglage. Quand en plus ce réglage global de l’auto est aussi pertinent, je dis bravo ! C’est sportif tout en restant vivable au quotidien.
Permettez-moi une petite digression. Si vous estimez que la sportivité se mesure au nombre de chevaux voici un test bien intéressant à faire. Prenez d’un côté une Peugeot 308 GT : 205ch. Cet exemple n’est pas fortuit, c’est depuis deux mois mon nouveau daily. Prenez de l’autre côté la Fiesta ST200 : 200ch (sans compter l’overboost, je sais). Démarrez et prenez la route tranquillement la temps de chauffer la mécanique. Avec la Peugeot vous ne profitez pas encore de la puissance dans ces conditions, la voiture est douce, prévenante et sage. Avec la Ford, vous sentez que le moteur est déjà aux aguets, prêt à partir au quart de tour à la moindre sollicitation. La réponse à l’accélérateur est déjà plus immédiate dans ces conditions que ne le sera jamais la Peugeot, même chauffée à blanc. Voilà. Vous venez d’expérimenter la différence entre une voiture performante et une voiture sportive.
Mais revenons à notre essai.
La position de conduite ? Toujours bonne. J’ai même l’impression que les sièges ont gagné un peu de confort par rapport à la version précédente. Mais peut-être est-ce juste une impression faussée par le temps. Quoi qu’il en soit je trouve facilement les réglages me convenant. Le volant transmet toujours aussi bien les informations sur l’état de la chaussée et le niveau de grip, tandis que l’amortissement sait se faire oublier en conduite normale.
La commande de boite est clairement une des meilleures que j’ai essayé depuis longtemps. Elle réussit à transmettre des sensations mécaniques tout en restant très précise et douce. C’est un bonheur de passer les vitesses. Par ailleurs elle est plutôt bien étagée et se marie parfaitement donc avec le caractère du moteur.
« Rageur, le moteur n’est pas d’une folle brutalité ». Voici ce que j’écrivais il y a deux ans à propos de la ST normale. Les choses ont changé depuis. Dans cette Fiesta ST200, il conserve son côté rageur, mais gagne la brutalité qui lui faisait défaut auparavant. Les mises en vitesse sont énergiques et procurent cet effet « coups de pied au cul » que tout amateur de sportive recherche. Il faut dire que le bouilleur à fait progresser toutes ses valeurs de façon conséquente : 200 ch et 290 Nm, ce sont les valeurs de base de la ST200, qui correspondent aux valeurs avec overboost de la version normale. Avec ce même overboost, l’auto atteint désormais 215 ch et 320 Nm. Comme par ailleurs les rapports de pont ont été raccourcis de 4.06 à 3.82, clairement la sensation d’accélération est bien meilleure. Même si les performances ne sont finalement qu’un petit peu améliorées avec 2 dixièmes de gagnés sur le 0-100km/h. Elles restent un peu en deçà de celles de la Peugeot 208 GTi – 6,7 sec pour la Ford contre 6,5 sec pour la sochalienne – mais se hissent au niveau de toutes les autres concurrentes (Clio RS, Corsa OPC, Ibiza Cupra…). Cependant dans ce genre de voiture, la sensation l’emporte souvent sur le chronomètre et à ce jeu, l’américaine est bien au niveau de la française.
Vient ensuite le châssis. Les modifications sont là aussi assez nombreuses pour avoir un impact sur le comportement : contrôle vectoriel amélioré, fusée d’essieu spécifique, nouvelle barre de torsion arrière, centre de gravité rabaissé de 15mm, direction plus directe… En bref un arsenal propre à rendre la petite Fiesta encore plus festive. Ma seule interrogation concerne le freinage. Il est censé être amélioré lui aussi mais j’ai trouvé l’attaque de pédale un peu molle. Peut-être est-ce simplement dû à l’usage intensif du véhicule parc presse. En tout cas pas d’alerte particulière concernant la puissance de décélération.
La ST200 se vante d’être encore plus amusante que la version normale, et il faut bien l’avouer, le contrat est rempli. Si la ST 182ch était déjà un jouet fort sympathique, la ST200 la surclasse dans tous les domaines. Le guidage du train avant est aussi précis que l’on peut le souhaiter, permettant de viser les cordes d’une seule traite sans avoir à apporter de correction. Il tient ensuite sa trajectoire avec brio tandis que le train arrière, d’une stabilité bienveillante, ne rechigne pas à glisser pour enrouler plus facilement le virage dès qu’on le provoque. Il en résulte que chaque virage est un manège enchanteur qui se finit dans une accélération franche pour s’extraire de la courbe avec une belle motricité. On prend tellement de plaisir à chaque rond-point qu’on ne cherche plus à accélérer jusqu’à plus soif sur route ouverte. Voilà le génie de la Fiesta : permettre une conduite sensationnelle sans obligatoirement risquer son permis. En fait non, ce n’est pas seulement là que la Fiesta est géniale. Elle l’est aussi dans le fait qu’elle permette ce genre de facétie au premier conducteur venu tant elle est par ailleurs sécurisante.
Seconde digression pour illustrer mon propos. Prenez une Fiesta ST200, une Subaru BRZ et une Renault Clio RS 200 EDC. Prenez aussi un large rond-point permettant de brusquer l’auto sans risquer de se faire une jante. Arrivez dans le rond point : 1) Freins, 2) Accélérez, 3) Levez le pied et 4) Reprenez les gaz brutalement.
Avec la Clio RS 200 EDC : 1) La voiture pointe à la corde avec précision, 2) Léger sous-virage peu pénalisant, 3) Reprise du grip du train avant, 4) Sous-virage. Vous passez sans vraiment de plaisir.
Avec le BRZ : 1) La voiture pointe à la corde avec moins de précision que la Clio, mais ça va, 2) Sous-virage, 3) Reprise de grip à l’avant, l’arrière commence à enrouler, 4) Survirage nécessitant une bonne anticipation et un minimum de finesse. Vous passez avec beaucoup de plaisir, mais éventuellement quelques sueurs froides.
Avec la Fiesta ST200 : 1) La voiture pointe avec la même précision que la Clio, 2) Léger sous-virage , 3) La voiture enroule de bon cœur, 4) Le train avant-garde son grip tandis que l’arrière se remet en ligne. Vous passez avec un grand sourire, plein de plaisir et pas une once de stress.
Voilà le vrai génie de la Ford : être à la fois aussi efficace que les meilleures de la catégorie, tout en était la plus amusante et très sécurisante. Je me sentirais presque à l’aise de la prêter à un jeune permis c’est pour dire !
La Fiesta ST200 transcende les déjà grandes qualités de la ST de base. Avec plus de performances, plus de plaisir et d’efficacité, elle se hisse sans aucun doute au sommet de la catégorie des petites GTi. Une question philosophique me hante cependant : elle est si réussie qu’on serait tenté de lui accorder l’appellation RS plutôt que ST. Ce serait certes mérité, mais voyons le bon côté des choses : la nommer ST laisse de la place pour une version encore plus musclée de la Fiesta. Messieurs et Mesdames de chez Ford Performance, à vous de jouer.
Credit photos @ Philippe Lagrange
En effet. Merci pour ce retour qui m’a permis de faire quelques corrections (en espérant ne pas trop en avoir raté d’autres).
Beau petit article sur cette sympathique auto mais que de fautes ! Ca gâche un peu le plaisir de lire.