L’histoire de Toyota aux 24 Heures du Mans est assez unique : d’éternel 2ème pendant près de 3 décennies, Toyota est devenu depuis 2018 l’épouvantail de la classique mancelle avec 4 victoires consécutives. Depuis le mois de Juillet et jusqu’au 6 Mars 2022, le Musée du Circuit vous propose de vous replonger dans ce parcours semé d’embuches au travers de 7 modèles emblématiques ! Dépêchez-vous d’y aller car l’expo est aussi belle qu’intéressante !
Tout commence au milieu des ‘80s, quand Toyota décide de tenter l’aventure des 24 Heures du Mans, encouragé par la popularité des voitures du Groupe C au Japon. Si les résultats seront plutôt décevants avec de nombreux abandons sur ennuis mécaniques, la quête de la victoire est en marche.
La Toyota 86C participa aux 24 Heures du Mans ’86. Quand la #36 sera contrainte à l’abandon à la 7ème heure, la #38 sera non classée, terminant à 72 tours de la Porsche 962C (lire ici) victorieuse.
Au début des ‘90s, un podium et pourquoi pas une victoire sont désormais les objectifs clairement affichés de Toyota. Mais la réglementation vient de changer et la Peugeot 905 (lire ici) survole la discipline avec une victoire en ’92 et même un triplé historique en ’93. Toutefois, Toyota signe en ’92 son premier podium et concrétise les progrès de l’équipe. Un succès semble désormais accessible !
La Toyota TS010 courut en ’92, motorisée par un V10 3.5l de 600ch pour seulement 800kg !
Avec le retrait de Peugeot, Toyota fait figure de favori pour l’édition ’94. Le constructeur nippon tiendra son rang en prenant la tête à la 14ème heure pour ne plus la lâcher… jusqu’à 1h30 de l’arrivée. Un problème de transmission nécessita un long arrêt aux stands … Eddie Irvine reparti 4ème le couteau entre les dents et récupérera la 2ème place lors du dernier tour de course, la victoire revenant à la « vieille » Porsche/Dauer 962C.
La Toyota 94C-V devra également se contenter de la seconde place en ‘94 … Aie, encore raté !
En 1998, Toyota inaugure une auto qui deviendra mythique : la GT-One ! On retiendra surtout que la #29 était encore en tête le dimanche midi avant d’être contrainte à l’abandon suite à un problème de transmission, laissant la victoire à Porsche.
Les 24 Heures du Mans 1999 s’annoncent incroyables : Toyota, Mercedes, Nissan, BMW, Chrysler, Audi… c’est la course du siècle ! Pas épargné par les ennuis mécaniques et les accidents durant toute la course, Toyota peut encore rêver de victoire à un peu plus d’une heure du drapeau à damiers puisque la GT One #3 revient rapidement sur la BMW #15 de tête. Moins d’une minute les sépare lorsqu’un pneu de la Toyota éclate … retour au stand, changement de roues … la victoire s’envole et le constructeur Nippon devra de nouveau se consoler avec une énième 2ème place, derrière BMW cette fois-ci. Vous avez dit malchanceux ?
La Toyota GT-One #3 de l’édition ’99. Saviez-vous que, règlement oblige, il existe 2 exemplaires « civils » de cette bête de course ?
La désillusion GT-One et l’engagement en Formule 1 auront éloigné Toyota de l’endurance pendant plus d’une décennie. Mais avec la réglementation 2012 et l’introduction d’une motorisation hybride, l’occasion était trop belle pour Toyota de prouver son savoir-faire dans le domaine. Afin de pallier le retrait inattendu de Peugeot début 2012, Toyota accélère son programme pour ne pas laisser Audi sans concurrence lors des 24h de cette même année. Sans surprise, l’auto n’est pas encore complètement fiabilisée et les 2 voitures seront contraintes à l’abandon. En 2013, de nouveau surclassé par Audi, Toyota finira … 2ème, encore et toujours !!
1ère voiture de l’ère hybride, la Toyota TS020H qui disputa les 24 Heures du Mans en 2012 et 2013 ne parviendra pas à briser l’hégémonie Audi !
Après s’être vu privé de victoire par les ogres Peugeot puis Audi, c’est Porsche qui s’y met entre 2015 et 2017. Mais Toyota n’a pas démérité et n’a jamais été aussi près d’un succès que lors de cette mémorable édition 2016. Kazuki Nakajima est en tête mais signale des pertes de puissance à 7 minutes de l’arrivée. Alors qu’il a tout juste entamé le dernier tour, il est contraint d’immobiliser sa Toyota #5 le long du muret des stands, laissant filer la victoire, une nouvelle fois (lire ici). Les larmes d’Hugues de Chaunac, PDG d’Oreca qui assure l’exploitation des Toyota, étaient véritablement bouleversantes.
Mais ne dit-on pas que tout vient à point qui sait attendre ? La ténacité et la résilience de Toyota seront récompensées à partir de 2018 avec une première victoire, suivi de 3 autres en 2019, 2020 et 2021. Alors certes, la concurrence a déserté l’endurance et Toyota est le seul constructeur officiellement engagé, mais encore faut-il finir cette course extrêmement éprouvante sans encombre.
Enfin ! Voici la Toyota TS050H qui remporta l’édition 2020, encore marquée par les stigmates d’une très longue course.
Mais l’histoire de Toyota au Mans ne se limite pas à la catégorie reine. Il y eu également quelques engagements semi-officiels et notamment celui d’une Toyota Supra en ’95 et ’96. Basée sur la version qui court en championnat SuperGT, elle ne se révéla pas spécialement performante et pourtant … c’est mon coup de cœur de l’expo. Que voulez-vous, on ne peut lutter contre les souvenirs d’adolescence et la Supra fut l’une des star de 2 grandes franchises qui m’ont profondément marquées : le jeu vidéo Gran Turismo en ‘98 sur Playstation et le film Fast & Furious en 2001. Une gloire à titre posthume dirons-nous !
La Toyota Supra GT LM terminera 14ème de l’édition ’95.
N’oubliez pas l’expo permanente
En plus de cet espace dédié à Toyota, vous retrouverez lors de votre visite toute la collection du Musée des 24 Heures du Mans, retraçant l’histoire de cette course bientôt centenaire avec des dizaines de modèles de toutes les époques, et même des motos en ce moment.
Bref, une visite absolument incontournable pour tout passionné d’automobile avant que la nouvelle saison du WEC ne reprenne. Et cette fois, Toyota et sa GR010 Hybrid (lire ici) se retrouveront confronté à une concurrence féroce en Hypercar puisque Peugeot revient officiellement en 2022 avec sa spectaculaire 9X8 dépourvue d’aileron arrière (lire ici) avant d’être rejoint par de nombreux constructeurs en 2023. On a hâte d’être au mois de Juin pour que connaître la suite de l’histoire !
Egalement notre article Toyota et les 24 Heures du Mans, une histoire commencée il y a 30 ans (lire ici).