Essai classic Datsun 240Z : Une reconnaissance méritée
Essais Nissan

Essai classic Datsun 240Z : Une reconnaissance méritée

Si la Fairlady originelle, joli et sympathique cabriolet, avait posé les bases de la sportivité chez Datsun, c’est la 240Z qui a définitivement installé la marque dans le monde des sportives reconnues. La première « Z » est depuis devenue une icône, mise souvent à la sauce « restomod ». L’occasion offerte par Nissan France d’essayer la légende pure était trop belle pour être ratée. Après de longs mois d’attente, j’ai enfin mis mes fesses dans la 240Z.

Le long processus de maturité.

Ah ! La découverte de l’amour…

Au début on est attiré que par la plastique parfaite. Pamela qui court sur la plage de Malibu, la « cousine Daisy » des frères Duke avec son mini-short ou Lynda Carter dans sa tenue de WonderWoman.

Oui, je sais. Ces références vous datent un homme, mais laissez-moi finir ma séquence nostalgie s’il vous plait.

Donc au début, on ne regarde que la plus belle fille du collège ou du lycée. Puis, sans forcément que cela ait un rapport avec notre propre potentiel de séduction (mauvaises langues), on se rend compte, petit à petit, qu’il n’y a pas que la capitaine des pompom girls qui a des atouts. Un sourire, un regard, un caractère joyeux. Finalement il faut ouvrir ses chakras pour voir la beauté partout où elle se cache.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que mon histoire avec la 240Z c’est un peu la même chose…

  • « Oh Papa, regarde la voiture ! On dirait une Jaguar E. »
  • « Non fiston, c’est une Datsun. C’est moins bien. »

Cette conversation, je me souviens l’avoir eu avec mon père alors que je devais avoir 8 ou 10 ans. Il faut dire qu’à l’aube des années ’80, les japonaises n’étaient pas encore prises très au sérieux en Europe. Et oser comparer une 240Z à la star anglaise relevait presque du sacrilège.

Pourtant Datsun avait réussi à convaincre en dehors des frontières du soleil levant. En Amérique en particulier. Le pays du dollar était un Eldorado pour les constructeurs japonais qui avaient su capter l’envie de sportivité « facile » des jeunes américains.

A titre personnel il m’a fallu du temps pour m’affranchir du complexe de supériorité européen pour commencer à apprécier les Japonaises en général. En allant visiter la Californie justement au début des années ’90. Les Mazda Miata, Datsun 240Z, 260Z, 280Z, 300ZX (lire notre essai ici) pullulaient. Des modèles encore rares en France, sinon inexistants. Et confrontées à la circulation majoritairement constituée de grosses berlines vaguement cubiques construites à Detroit, ces petits coupés ou cabriolets se paraient d’un charme certain.

Plus tard, les Honda NSX, S2000 et diverses générations de MX-5 et Z ont fini par me réconcilier avec les productions nippones (ni mauvaises…comme ça, c’est fait). Et en regardant dans le rétroviseur, la 240Z a commencé à titiller ma rétine.

La bonne exécution d’une recette simple

Il faut dire qu’avec son long capot, ses phares ronds et sa queue tronquée, elle a tous les attributs des sportives classiques à moteur avant des années ’60 et ’70. Le profil n’est pas aussi effilé que celui de la Jaguar précitée, certes, mais il reste gracile et évocateur de vitesse. De face, la calandre assurant le refroidissement du radiateur alourdit encore un peu le dessin, mais en contrepartie il virilise un peu une bouille qui pourrait sembler un peu trop gentille par ailleurs.

De derrière enfin, l’entourage des feux peint en noir fait très course. L’aileron noir surmontant le coffre en rajoute une couche dans le style sportif. Au final il n’y a guère que les roues à enjoliveurs qui altèrent la crédibilité haut de gamme de la 240Z. Quoi qu’il en soit, j’en suis arrivé à beaucoup aimer ce dessin qui n’en fait pas trop et propose une vraie élégance sportive.

L’intérieur tout de cuir vêtu se marie à merveille avec la robe blanche de la carrosserie. Les sièges font craindre un maintien peu propice au sport, mais leur moelleux compense l’assise plate. On s’enfonce bien dans le siège et finalement on n’y navigue pas trop dans les virages.

La visibilité est excellente, la petite taille de la voiture aidant à se sentir à l’aise dans le flot de circulation de la région parisienne.

Heureusement d’ailleurs car il faut se ré-habituer à un volant qui semble tout droit emprunté à un voilier. Grand diamètre, jante fine, assistance inexistante. Cela remet directement dans l’ambiance d’époque, mais nous avons depuis pris l’habitude de volants plus petits et plus épais. En particulier sur les sportives.

Le levier de vitesse avec son long manche métallique tombe bien en main et l’ensemble des commandes sont, comme souvent sur les Japonaises, disposés avec le souci d’une ergonomie intuitive.

Quitte à rester dans l’habitacle, il faut aussi noter le côté pratique du haillon qui donne directement dans l’habitacle. Facile du coup de récupérer les affaires mises dans le coffre. Et contrairement à certaines de ses descendantes ; en particulier la Nissan 350Z (lire ontre essai ici) et sa barre anti-rapprochement qui mange tout l’espace dans le coffre ; pas de soucis pour mettre un sac de golf. Ou les affaires de Madame pour partir en week-end. La 240Z se veut une voiture de sport certes, mais pratique malgré tout.

L’installation de la confiance

La prise en main de la Fairlady 2000 (lire notre essai ici) avait été un peu folklorique. Prendre la route, de nuit, avec une voiture de 55 ans s’approchait plus d’une expérience de mort imminente que d’un tranquille retour à la maison.

Avec la 240Z il en est tout autrement. Et pourtant, cet exemplaire de 1972, à peine plus âgé que moi d’un trimestre, n’est pas beaucoup plus récent que la Fairlady. Elle arrive pourtant à se montrer infiniment plus moderne dans sa conduite.

En premier lieu, les freins mettent immédiatement en confiance. Je n’irais pas jusqu’à avancer qu’ils pourraient tenir une descente de col à fond de train sans fléchir, mais le feeling de la pédale autant que la capacité de ralentissement ne nécessitent pas une anticipation particulière. Ce premier point permet déjà de se détendre au volant.

La direction elle aussi se montre digne de confiance. Alors oui il faut s’habituer à mettre un peu d’énergie dans le volant à basse vitesse, mais une fois la voiture lancée, la direction se montre suffisamment précise et conciliante pour se faire oublier.

Le seul élément qui date un peu la voiture, c’est sa boite de vitesse. Si l’étagement ne prête pas particulièrement le flanc à la critique, le guidage manque de netteté. Il s’avère nécessaire de bien décomposer ses mouvements pour engager les vitesses à la montée des rapports, tandis que le double débrayage (le vrai, avec passage au point mort pour le coup de gaz) devient une nécessité au moment de rétrograder.

La meilleure surprise dans tout cela, c’est que la confiance que l’on ressent dans les pieds et les mains se traduit aussi dans le bas du dos. La Datsun 240Z bénéficie d’une tenue de route des plus rassurante en conduite normale. Confortable grâce à son bon amortissement et ses pneus à flancs hauts, elle fait aussi preuve d’efficacité lorsqu’il s’agit de la jeter dans les courbes. La Datsun se cale en appui avec un équilibre neutre et en forçant le trait, un léger survirage apparaît. Simple à maîtriser, un peu moins à maintenir du fait de la modeste puissance plafonnant à 151ch. En tout état de cause, l’équilibre est au diapason du look sportif de la 240Z et c’est une excellente surprise pour moi.

Pour en revenir au moteur, le 2.4l et ses 151ch ne sont pas le gage de performances hors du commun. Mais ils est suffisant pour s’insérer tranquillement dans la circulation actuelle et même s’extraire de la foule avec dynamisme. Si les (environ) 8 secondes nécessaires pour vous propulser de 0 à 100 km/h n’impressionnent plus grand monde de nos jours, le plaisir que l’on a à cravacher le 6 cylindres en ligne de la belle Japonaise n’en reste pas moins entier. Il a l’avantage de bénéficier d’une belle voix, juste ce qu’il faut de caractère sans pour autant être envahissante.

Si vous espérez faire une bonne affaire en achetant une 240Z avant que tout le monde ne se rue dessus, c’est déjà trop tard. La doyenne des Z est déjà rentrée en collection, dans le sens où elle est désormais recherchée par les collectionneurs. Et c’est bien mérité. Il s’agit d’une belle voiture, bien conçue, agréable à conduire et relativement fiable. Bref, le Graal pour une ancienne. Comptez entre 30 et 40 000€ pour un modèle en bon état.

La Datsun prend désormais sa revanche sur ceux qui l’ont dénigré à l’époque. Adolescent je la snobais, la considérant indigne de moi. Aujourd’hui, je me rends compte de mon erreur mais c’est trop tard, d’autres ont su lui accorder les attentions qu’elle mérite.

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