La Megane RS, deuxième génération, a déjà près de 5 ans d’existence. Cependant malgré une concurrence toujours plus agressive (Ford Focus ST, Opel Astra OPC, Seat Leon Cupra, VW Golf R…) elle reste diablement attirante pour tout passionné de tractions sportives. Bien qu’elle vienne d’être remis au goût du jour par un nouveau restylage, la Megane est désormais une vieille connaissance. Elle est depuis sa sortie la digne héritière de la Megane RS première du nom, couronnée lors de la dernière décennie, du titre de “traction la plus rapide sur le Nurburgring”.
Look sportif, intérieur flatteur en finition Luxe
Plus réussie esthétiquement que sa devancière, son style respire la sportivité. Beaucoup plus en tout cas que sa « petite sœur » Clio RS 200 EDC que nous avons essayé récemment. La ligne de coupé est plutôt réussie à la base, apprêtée en RS avec un masque avant dit « lame F1 », élargisseurs d’ailes, spoiler, jantes au design travaillé, elle impose une agressivité sans équivoque et sans verser dans un pseudo-tuning excessif. Il s’agit selon moi de l’évolution idéale des GTi du XXIème siècle : si c’est sportif il faut que cela se voit, mais montrons-le avec classe et distinction !
A l’intérieur, Renault assume là-aussi son positionnement. Le volant en cuir, au dessin peut-être trop travaillé (difficile de trouver une position idéal des pouces autour de l’épaulement à 10h10), met tout de suite dans l’ambiance, faisant parfaitement écho aux sièges aussi beaux qu’ergonomiques. Leur confort est assez ferme pour les séances dynamiques et suffisamment ouaté pour le quotidien.
Sur la version essayée, la finition est plutôt flatteuse, mêlant les rappels de carbone réels (bien imités en tout cas) ou pas (tel le plastic moussé sur les portières) et le plastic laqué sur cette finition Luxe. Les cadrans derrière le volant sont étrangement inclinés mais je m’y suis fais rapidement. L’équipement général ne prête pas le flan à la critique et le large toit en verre apporte une luminosité des plus agréables sans pour autant altérer la vue (ceci dit, l’essai s’était déroulé sous la grisaille, ce ressentit n’est pas garanti en toute occasion).
RS Monitor addictif
Le moniteur central multifonction, « R link » est idéalement placé pour la visibilité. Il donne accès, outre les systèmes audio et de navigation, au RS monitor : gadget ultime pour les geeks/pilotes/ingénieurs. Je dois pourtant l’avouer, au-delà de la taquinerie, le système est impressionnant et rapidement addictif. Histoire de me donner bonne conscience, j’ai commencé à l’utiliser au travers de sa fonctionnalité de surveillance de la mécanique : attendant que l’huile soit en température avant de titiller le moteur. Puis une fois le doigt mis dans l’engrenage, j’ai commencé à jouer avec les diagrammes indiquant les G encaissés, l’indicateur de performance, le graphe d’utilisation de la puissance ou du couple… Pour les heureux propriétaires, le système permet d’aller encore plus loin en récupérant les données d’une journée circuit par exemple et en les analysant sur un ordinateur grâce au logiciel téléchargeable. Il est même possible de partager ces données avec d’autres propriétaires pour comparaison. Une façon plutôt originale et intéressante de faire durer le plaisir des journées trackday que l’on affectionne tant !
Châssis réputé et confortable, moteur au caractère affirmé
Mais pour autant que le RS Monitor soit amusant, l’essence même de l’automobile réside quand même dans sa conduite. La Megane présente pour cela de sérieux arguments : un moteur 4 cylindres 2.0L turbo de 265 chevaux et un châssis ; sport sur le modèle essayé ; réputé.
Dès les premiers tours de roue, la conduite de la RS donne un sentiment de sportivité grâce à un amortissement ferme sans être inconfortable. Lorsque le rythme augmente le moteur se met à chanter de façon sourde. En pleine accélération il souffle comme une turbine et la poussée qu’il procure est suffisamment violente pour contenter n’importe quel amateur. A défaut d’être mélodieux, il exhale sans conteste un caractère affirmé. Au passage d’un péage, la Megane RS n’a pas peur des départs canon pour s’envoler loin devant le reste de la circulation. Pour l’anecdote, nous remercions cet inconnu au volant d’une Nissan GTR qui nous a amicalement attendu pour badger au péage, afin de faire un bon run ! Sans surprise, la japonaise s’est échappée…
Au-delà de ses capacités de mise en vitesse (qui peuvent être mesurées sur le RS monitor en direct) le châssis présente aussi sa part de plaisir.
Pilotage demandant implication et concentration
Lors de mon essai, la météo peu clémente ne facilite pas la motricité mais malgré cela le grip longitudinal est globalement au rendez-vous. Les quelques amorces de patinage sont facilement maîtrisables et il est de toute façon beaucoup plus intéressant de doser l’accélérateur en mode race pour trouver la motricité que de s’en remettre à l’anti-patinage en mode sport qui tend un peu trop à museler le moteur à mon goût. Lorsque je commence à la pousser sur une route quelque peu sinueuse, la Megane RS demande une implication plus intense que ce que je ne pensais : les accélérations me jettent les virages à la figure, je dois alors sans tarder me jeter sur la pédale de frein, dont le feeling est satisfaisant. Au passage, en cas de freinage violent (appuyé) un sentiment déroutant d’instabilité apparaît, sans pour autant compromettre la stabilité de l’auto.
En virage, dans la phase d’inscription, l’auto est stable, le train avant allant chercher la corde avec précision tandis que l’arrière semble naturellement s’adapter au degré de confiance du pilote : si ce dernier adopte une conduite séquencée (je freine puis je braque), il restera soudé au sol. Si au contraire la conduite se fait plus fluide avec un freinage dégressif, il accompagnera sans brutalité le positionnement de l’auto d’une façon gratifiante autant que rassurante.
Une fois le virage engagé, il faut être attentif au transfert de masse car le sous-virage arrive plus vite que prévu. Mais avec le mode d’emploi il est possible de l’éviter et de reprendre l’accélérateur assez rapidement et de se propulser vers la sortie sans que la voiture ne tire trop large.
Efficacité et plaisir de conduite
Mais il ne faut pas s’y tromper : si la Megane RS perpétue la tradition des Renault sportives, performantes et efficaces tout en restant prévenantes, elle demande un vrai investissement au volant car tout défile très vite. Sur circuit l’auto gagnera certainement à être équipée du châssis Cup, mais sur route ouverte, elle réussit dans cette configuration le tour de force de concilier efficacité et plaisir car les limites ne semblent pas repoussées à un niveau inatteignable. Ici le plaisir réside dans le fait de devoir doser sa conduite pour tirer le meilleur de l’auto tout en ayant le sentiment (justifié) qu’elle se montre d’une grande efficacité.
Conclusions… On aime !
Nul doute que la Megane RS a encore de beaux jours devant elle, vu son tarif compétitif de 32 050 euros. Jolie à regarder, agréable à vivre au quotidien, elle sait gratifier son pilote à chaque voyage, quel que soit le rythme adopté. Avec certainement des versions encore plus passionnantes à venir, elle reste totalement d’actualité dans le monde des berlines sportives. Sans compter les versions à paraître que Renault ne manquera pas de proposer aux amateurs les plus avertis… 😉
P. Lagrange