C’est au salon de Genève en mars dernier que nous avons pu découvrir en détail la nouvelle berline de la marque au lion. Reprenant le nom de celle qu’elle remplace, la 508 se présente comme un « access premium ». Comprenez par-là que sans véritablement se présenter en concurrente directe des stars du segment que sont les BMW série 3, Audi A4 et Mercedes classe C, elle entend cependant se faire une place de choix, un peu au-dessus de la mêlée des familiales.
Design
Pour en revenir à ce fameux Geneva International Motor Show 2018, nous avions eu la chance de faire un tour détaillé de la 508 en compagnie de Gilles Vidal, responsable du design Peugeot. Une heure d’ interview exclusive que vous pouvez retrouver ici pour découvrir toutes les subtilités de la voiture.
Une fois plongée dans la « vraie vie », à savoir sortie de la moquette d’un salon, la 508 garde une grande partie de son pouvoir d’attraction. Racée, elle l’est sans aucun doute. Son profil dynamique me fait invariablement penser à une BMW série 4 Grand coupé. En particulier en ce qui concerne le traitement de la chute du pavillon au-dessus des portes arrière. Sachant que la teutonne est à mon avis une des plus belles berlines « accessibles » de la production actuelle, vous comprendrez que c’est un beau compliment.
Il faut cependant avouer que l’ensemble de l’auto, vue de profil, fait preuve de moins de finesse que la bavaroise. Le capot avant est en effet assez massif et peut-être un peu trop horizontal. Vue de face, la critique est plus difficile, la Peugeot fait en effet preuve de beaucoup de personnalité. Une belle réussite du style Peugeot que de rendre la proue aussi dynamique sans être pour autant inutilement agressive. Le détail de la découpe du capot au-dessus des phares est magnifique. Quel changement entre les phares trop grands des Peugeot d’il y a encore 3-4 ans et ce regard expressif !
Le morceau de bravoure reste cependant la poupe. Sculptée, fine et musclée, il y a définitivement du félin dans cet arrière train puissant. Mr Vidal, dites-moi que vous travaillez à perpétuer la lignée mythique des coupés de la marque sur cette superbe base !
A l’intérieur cette version GT sort le grand jeu. Les sièges en alcantara surpiqué et les inserts en bois sombre (faux certes, mais très réussis) positionnent directement la 508 comme une voiture haut de gamme. Certes il reste encore quelques petites imperfections lorsqu’on la compare aux allemandes premium (casquette de tableau de bord au joint trop prononcé, vide-poche à la cinématique un peu rustre) mais l’environnement du pilote et de son passager avant sont définitivement des plus valorisants. A l’arrière les passagers sont plutôt bien traités aussi au niveau de la qualité d’assise, mais du fait de la ligne de toit abaissée il est préférable de ne pas infliger de longs trajets à vos amis dépassant les 1m80. Seule fausse note, le dos des sièges avant aurait mérité un traitement plus raffiné que le plastique caoutchouteux proposé sur le modèle essayé.
Le tableau global est encore amélioré une fois que vous avez appuyé sur le bouton START. Le i-cockpit fait directement entrer la 508 dans l’ère numérique. Les différents « tableaux » proposés sont ma foi plutôt pertinent et l’utilisation de la fonction GPS directement affichée dans la ligne de mire du conducteur me réconcilie avec les GPS embarquées (moi qui ne jure habituellement que par WAZE). Non pas que j’ai eu tellement l’occasion de tester les compétences de guidage du système, mais le confort de lecture est tel que déporter son regard vers un écran téléphonique semble désormais…inconfortable ? Pas seulement. Pénible, presque. Pardonnez ce langage mais ce qui me vient naturellement à l’esprit, c’est que devoir regarder ton téléphone devient alors chiant.
Cela devient d’autant plus vrai que le système d’Infotainment se montre globalement très agréable. Le système Apple Car Play (oui, j’ai un iPhone…) se connecte sans manœuvre particulière et si réussir à s’y retrouver dans les différents menus proposés par la 508 mérite encore des efforts, l’ergonomie permet une familiarisation avec le système étonnamment rapide.
Les touches « piano » de raccourci vers les principaux menus sont splendides, mais surtout très pratiques et facilement actionnables sans avoir besoin de quitter la route des yeux. A Genève Gilles Vidal nous avait lâché le terme « phygital », il prend ici tout son sens. On accède à la technologie digitale via de la matière physique, comme jouer d’un instrument de musique.
Par ailleurs l’écran tactile, à la sensibilité bien calibrée, est idéalement orienté vers le conducteur. Peugeot creuse là un écart non négligeable face à une concurrence allant de Mercedes à Ford dont l’intégration de la tablette au tableau de bord reste discutable.
Pour en finir avec les aspects information embarquées, il ne manque en fait qu’un affichage tête haute pour atteindre le sans faute. Même si la combinaison i-cockpit et petit volant est excellente, j’avoue conserver une certaine préférence pour l’affichage tête haute en vigueur chez BMW.
Au volant
Une fois fait le tour du propriétaire, il est temps de se mettre à la place du conducteur et de rouler un peu. Première constatation, le siège ne se contente pas d’être beau, il est en plus très confortable. Ferme, mais pas trop, avec un bon maintient sans pour autant vous enserrez dans un étau. Sans compter les fonctions chauffage et massage intégrées qui, je dois l’avouer, sont plutôt agréables quand vous devez vous enquiller quelques dizaines de kilomètres de route ennuyeuse pour aller travailler.
Face à vous, le désormais classique petit volant Peugeot. En tant qu’heureux propriétaire d’une 308 depuis bientôt deux ans je ne suis pas dépaysé, mais le volant de la 508 parait encore plus petit. Certainement en partie du fait du second méplat sur le dessus de la jante. Il n’empêche que ce petit cerceau est plutôt agréable en main, tant pas sa forme que par la qualité du cuir qui le recouvre. Et le méplat prend tout son sens pour dégager le i-cockpit. C’est encore plus lisible que dans ma brave 308. Le seul défaut identifié après les premiers kilomètres concerne l’accessibilité du bouton permettant de changer les modes de conduite. Caché derrière le levier de la boite automatique EAT8, il n’est définitivement pas facile à manipuler.
Cependant il faut bien avouer que ce n’est pas la fonction la plus importante et pour le reste, la 508 s’avère une fois de plus très réussie. On se sent vite à l’aise au volant de la berline.
La position de conduite étant validée, il est temps de s’atteler aux qualités dynamiques de la voiture.
Le premier bon point vient de la sensation de légèreté globale qui émane de la 508. Non pas une légèreté façon voiture au rabais, mais bien d’un sentiment d’agilité globale. La voiture réagit vite (et bien) aux changements de direction et d’allure. Le moteur 1,6L fort de 225ch n’est pas le plus charmeur avec sa voix un peu triste, mais il fait le boulot. Les sensations d’accélération sont plus raisonnables qu’impressionnantes, d’autant plus que la boite, plutôt bonne dans l’ensemble, n’est pas excessivement dynamique.
Au moment de m’attaquer à la descente du Nouveau Monde sur l’ancien circuit des Essarts près de Rouen, les qualités dynamiques si chères à la marque se confirment. La voiture est à l’aise à vitesse élevée et se montre imperturbable dans les changements de cap. Sur ma petite route sinueuse de référence, la 508 fait oublier son statut de berline pour se jeter d’un virage à l’autre comme une véritable sportive. La performance moteur mise à part, elle me rappelle l’efficacité de la dernière Subaru Impreza STi que j’avais testé au même endroit. Le train avant ne lâche jamais prise et l’arrière suit sans difficulté. A défaut d’être très joueur, c’est redoutablement efficace.
Revenons alors un peu sur la boite de vitesse. En mode automatique, elle accomplit le travail intelligemment dans la majorité des cas. Cependant en mode attaque, les changements de rapport, particulièrement au rétrogradage sont un peu lents. En passant en mode « manuel » il n’est malheureusement pas possible de faire beaucoup mieux. Pas tant à cause de la boite en elle-même que des palettes situées derrière le volant. Ces dernières sont définitivement trop petites et au-delà de quelques degrés de braquage, impossible de les actionner sauf à avoir les doigts d’ET.
Ceci dit, la 508 n’est pas destinée en priorité à attaquer sur routes de montagnes. Et dans le cadre d’une utilisation plus standard, elle saura à la fois préserver le confort des passagers tout en restant gratifiante à conduire.
Jolie, moderne, confortable, performante et plaisante à conduire, la nouvelle Peugeot 508 est une belle réussite. La version GT 225ch essence ajoute un niveau de performances dans l’air du temps : rapide mais pas excessive. Sa plus belle qualité ? Donner à son conducteur le sentiment que tout a été (bien) pensé pour lui rendre la conduite la plus agréable possible dans tous les cas de figure. Je rêve dorénavant d’une version plus musclée et chantante. Pourquoi pas dans une carrosserie dérivée sous forme de coupé ? Il y a là une descendance digne à donner à la 406 coupé…