Peugeot et l’appellation GTI, c’est une histoire démarrée dans les années 80 avec la 205, continuée avec la moins charismatique mais non moins passionnante 309 (GTi puis GTi16) puis interrompue (en France tout du moins) durant près de quinze ans. Voici donc la suite de cette histoire avec la 208, qui se veut une évocation de son ainée… remise au goût du jour.
Un style d’actualité
La 208, apparue en 2012 marque une petite révolution dans le style de la marque au lion. Fini le style rabâché des 206, 207 ou encore 307. La nouvelle petite Peugeot profite d’un design plus équilibré avec des porte-à-faux moins marqués et une proue plus dynamique que par le passé. Dans cette livrée GTi, la petite bombe sochalienne gagne encore en charme avec ses légères extensions d’ailes, son béquet arrière et les discrets logos au design rappelant ceux de la 205 (mais modernisés malgré tout). Il n’est cependant pas question ici de trop sortir de la norme et seuls les yeux avertis sauront identifiée la fille sportive de la gamme. La GTi se veut définitivement plus élégante que sportive.
A l’intérieur, les nombreuses touches de rouge (entourage des compteurs, poignées de porte, rappel de milieu sur le petit volant) sont plus évocatrices et la première impression est plutôt flatteuse. Le tableau de bord recouvert de cuir, le petit volant, le pommeau de levier de vitesse en métal. Je me dis que cela va être plutôt agréable de rouler dans cette 208. Je note assez vite cependant que l’ordinateur de bord semble moins évolué que sur sa concurrente directe Renault Clio RS 200 EDC. Une interface moins intuitive et avouons-le, moins esthétique aussi. L’essentiel est cependant présent avec un GPS intégré et un ensemble de fonctions de confort en phase avec la production actuelle. La qualité perçue reste quand à elle perfectible avec des “grigris” dans l’habitacle, les sonorités des commodos (clignotants en particulier) ou même le klaxon qui rappellent un peu trop l’époque de la 205…
Niveau ergonomie, le petit volant tend à dérouter initialement mais sa prise en main s’avère agréable. La jante est d’un diamètre idéal pour assurer une bonne préhension et le méplat sur le bas rajoute au style sympathique. Contrairement à ce que j’avais pu lire par ailleurs, je ne suis pas gêné dans la lecture des compteurs. De leur côté, les sièges ne tiennent pas leur promesse en terme de confort ou de maintient. L’assise est ferme et un peu trop étroite tandis que les rebords du dossier sont positionnés trop bas, enserrant la taille inutilement alors que le torse manque de maintient. Rien de rédhibitoire dans l’absolue, le confort restant suffisant pour rouler au quotidien. Cependant la concurrence fait mieux.
Puissance maîtrisée
Le 1600 THP, fort de 200 ch démarre avec un feulement des plus prometteurs. Cependant sa sonorité s’assagit quasiment instantanément. Dommage car ce premier cri est plutôt une bonne surprise eut égard à la faible cylindrée du moteur. Les premiers tours de roue confortent encore cette bonne impression, le moteur semblant presque mal à l’aise à bas régime et à froid. J’ai l’impression de ressentir quelques soubresauts propres aux bouilleurs gonflés de la 205. Je sais, cela révèle plus d’une nostalgie déplacée que d’une vraie qualité mais j’assume. Cela ne dure pas hélas et avec la montée en température des fluides, le THP reprend ses bonnes manières dignes du 21è siècle : pas de bruit, pas de coups. Et pourtant les performances sont bien là. Les accélérations surprennent d’autant plus que les sensations délivrées par la mécanique sont si lisses qu’on ne les ressent presque pas. Un départ de péage se fait presque coude à la portière et c’est avec étonnement que je me surprends à rouler 30 à 40 km/h au dessus de la vitesse que j’estimais avoir atteint. Attention au permis !
Conduite à distance
Une fois sur le réseau secondaire, je découvre le côté le plus déroutant de la 208 GTi. La sportivité attendue n’arrive pas à se révéler. Alors que le moteur continue à jouer sa partition en sourdine, le châssis s’avère d’une neutralité à toute épreuve. Mais ce qui pourrait s’avérer un ensemble parfaitement homogène (à défaut de passionnant) me déroute. Je ne me sens pas connecté à la danse avec l’auto. L’amortissement est pourtant parfaitement calibré : assez souple pour absorber les irrégularités de la chaussée et suffisamment ferme pour ne pas les subir. La boite mécanique est elle aussi très bien calibrée, ne faisant pas apparaître de trou béant, quel que soit le rapport engagé. Elle manque certes un peu de consistance dans son guidage mais garde ma préférence par rapport à la boite robotisée de la Renault Clio RS 200 EDC.
Non, le principal défaut de la 208 est en fait sa direction. Trop assistée, trop démultipliée, trop artificielle en fait. Le volant à moins de consistance que celui de ma console vidéo ! Et de fait, la conduite dynamique s’apparente plus à une simulation qu’à une véritable expérience de pilotage. Les courbes s’enchaînent et jamais je ne ressens le plaisir de placer la voiture « du bout des doigts ». Tout se joue dans le regard : je veux aller chercher la corde à tel endroit, j’applique tel angle au volant, je suis au bon endroit mais sans ressentir le train avant mordre le bitume. Et cela se répète dans le serré, le rapide, les enchaînements ou les courbes sans fin. Très vite je me mets à penser à ma liste de courses ou au prochain essai. Quelle tristesse !
Et pourtant les ingénieurs de Peugeot ne semblent pas avoir perdu leur talent : le châssis est véritablement bluffant. Si quelques pertes de motricité se font sentir lorsque l’on met franchement les gaz en sortie d’épingle, cela ne perturbe pas l’équilibre de l’auto qui garde tout de même le cap. L’équilibre est d’ailleurs la plus grande qualité de la voiture. Au freinage, lors d’un levé de pied en pleine courbe et surtout dans les appuis prolongés, la 208 est imperturbable, aussi efficace que rassurante. Je n’ai pas réussi à la prendre en défaut même en forçant le trait. Son efficacité est d’autant plus impressionnante que le manque de ressenti de sa partie mécanique et je le répète, de sa direction font qu’il n’est pas possible à mon sens d’approcher les limites sur route ouverte. Ces dernières sont trop lointaines et la voiture pas assez communicative pour donner envie de s’en approcher.
Un coup dans l’eau
Performante, efficace, jolie, la 208 GTi semble viser juste au premier abord. Malheureusement quelques gros défauts, dont la direction en premier lieu, font qu’elle rate le coche de la sportivité pour se contenter d’être une petite citadine rapide et sûre. Là où une Renault Clio RS 200 EDC joue sur la polyvalence tout en proposant des artifices pour renforcer sa sportivité à l’occasion, la Peugeot 208 GTi dispose d’un unique set-up trop sage pour contenter l’amateur de conduite. Pourtant la jolie 208 a en elle les attributs pour que pilote et route avancent main dans la main… Il faut juste lui enlever ses moufles.
P. Lagrange
Et maintenant nous avons enfin droit à une version anniversaire pour les 30 ans !!! 🙂