2019 marque le 60ème anniversaire de la Mini originale que nous apprécions tant, alors avant que le Brexit ne vienne perturber les bonnes relations franco-britannniques, il nous a semblé intéressant d’aller essayer la petite dernière à porter le même nom, la Mini (F56) 2019. Plutôt que de partir sur une déclinaison sportive Cooper S ou pire, enfin mieux JCW déjà essayée par Philippe en 2015, nous avons opté pour le milieu de gamme plus abordable, pour ne pas dire populaire, la Mini Cooper, sans le S donc.
Le tour du propriétaire
La Mini a été reliftée en 2018, la ligne reste la même, pardon très proche, de la précédente, seuls quelques détails permettent de distinguer cette nouvelle. Le plus visible sans aucun doute est le dessin des feux arrières intégrant désormais le dessin de l’Union Jack. Chocking ? Je ne sais pas vous mais moi j’adore, oui je conçois volontiers que l’on puisse trouver ça un peu “too much”. Les feux avant ont évolués également pour intégrer un cercle lumineux qui fait échos à la maison mère à l’hélice tandis que l’intérieur gagne un écran tactile sur toute la gamme et s’uniformise vers le haut. Niveau gabarit on ne fera pas écho à l’originale puce anglaise, l’époque n’est plus la même et tout augmente ma pauv’ dame. La bonne nouvelle est qu’au fil des face lift la Mini reste dans sa lignée, conservant sa bouille sympathique et son popotin marqué. Une new Mini reste une new Mini et ne ressemble pas à ses concurrentes, c’est tant mieux (je parle des versions 3 portes hein, entendons-nous !).
Intérieur intimiste
On déverrouille la voiture et hop après un clin d’œil de phares le logo Mini est projeté au pied de la porte conducteur. Et oui quand on a une Mini on en est fier et on le montre, détail amusant qui donne le sourire avant même de s’installer au volant. Bonne surprise les sièges sont enveloppants, aux réglages multiples (y compris le volant qui se règle en déplaçant le bloc compteur avec lui) afin de trouver une bonne position de conduite et être prêt à faire ronronner le moteur. Si on regarde derrière, on se dit que d’éventuels passagers seraient moins bien lotis : la banquette propose autant de rembourrage qu’un siège Easyjet mais surtout l’espace aux jambes est limité. Normal me direz-vous, on est dans une compacte et les places arrières ne sont pas la priorité du segment, un peu comme le volume du coffre plutôt limité. L’écran central tactile est conjugué à une molette multi commandes entre les sièges, plus intuitif que celui d’une Mercedes Classe A (lire notre essai) le système est malgré tout plus basique, gérant moins d’options ou de paramètres. A mon gout c’est bien suffisant et plutôt flatteur pour le yeux, bien plus que le poste radio K7 d’origine dans ma Subaru en tous cas. Seul bémol au tableau, l’habitacle est assez sombre dû à la couleur de la sellerie mais aussi la hauteur limitée de son vitrage, nul doute qu’un grand toit vitré (ouvrant ?) optionnel apportera lumière et gaieté dans la Mini.
Moteur, hein vraiment ?
Allez il est temps de tourner la clé de contact. Euh oui sauf qu’il n’y a pas de clé, ah un bouton start quelque part peut-être ? C’est au centre du tableau de bord qu’il faut regarder, hommage aux boutons poussoirs de l’originale : l’ensemble est très flatteur pour les yeux avec ce gros interrupteur rouge “Start Engine” et plutôt pratique une fois le réflexe pris. Le moteur démarre en toute discrétion, l’infotainement nous demande de valider son profil conducteur, pratique en cas de plusieurs conducteurs fréquents. Première du bout du long levier qui étonne en conservant une course raisonnable. Difficile à concevoir comme concept je l’accorde, je prends ça aussi comme un clin d’œil à l’originale. Je me faufile en dehors du centre-ville avec aisance, on sent la Mini dans son élément même si j’ai peu de mal à appréhender correctement son gabarit. En mode normal, comprendre ni Eco ni Sport, la (grosse) puce est vive comme il faut pour cette environnement avec une direction agréable.
Avant de rejoindre le bord de mer au travers de la campagne, une grosse centaine de kilomètres d’autoroute me tend les bras, voilà de quoi aborder cette F56, 4ème génération de Mini et troisième de l’ère BMW, sous un autre visage. Pas de surprise, elle fait le job plutôt pas mal pour un compacte avant tout citadine. La suspension est un peu sèche sur les raccords de bitume, la direction un peu sensible au vent latéral mais rien de rédhibitoire si ce n’est l’absence d’accoudoir central. Détail futile me direz-vous, certes mais plusieurs fois je me suis demandé quoi faire de mon bras gauche ! Je roule régulièrement en Fiat 500, elle aussi dépourvue d’accoudoir central, mais la position de conduite fait que l’absence est “génante”. La boite 6 bien guidée permet de cruiser tranquillement tout en restant dans le (très) bas du compte-tour, le moteur ne s’essouffle pas spécialement dans les faux-plats. Justement en parlant de moteur, que se cache-t-il sous le capot ? J’avoue ma surprise en regardant la fiche technique, les Mini sont maintenant équipé d’un 3 cylindres 1.5 litres turbo d’origine BMW. Il serait plus flatteur de dire que ce B38 est un demi 6 cylindres B58 – des BMW Z4 (lire ici), Toyota Supra (lire ici) ou Morgan Plus Six (lire ici) – mais je comprends mieux sa propension à souffler tôt. Et puis la tendance au “downsizing” pour satisfaire les normes de pollution n’est plus surprenante, évolution logique donc.
Boite auto … sur la 3
Sortie d’autoroute, direction Lakes District par les B-roads, ne serait-ce pas l’occasion de mettre la puce en mode Sport ? Bien-sûr que si ! La réponse à l’accélérateur est toute de suite plus franche, on sent la Mini moins douce pour ne pas dire un peu plus brutale. Côté direction le feeling change un peu, mais n’attendez pas une métamorphose non plus. Les grands rond-point de sortie d’autoroute et longues bifurcations permettent de sentir le grip du train avant et l’envie de jouer du train arrière, bonne nouvelle la Mini a su rester vive et fidèle à sa réputation. Une fois sur les routes secondaires toute la rigueur du châssis s’exprime, le train avant reste rivé à la route, quelle que soit l’intensité de la remise des gaz sans pour autant affoler l’ESP, c’est efficace et assez rapide. Les freins répondent toujours présents après plusieurs sollicitations, le tableau est plutôt fort sympathique et donne le sourire.
Mais, car il y a un mais, la boite ne permet pas de tirer pleinement partie du châssis avec la puissance limitée, 136 ch quand même : 1er et 2nde s’enchaînent bien mais la 3ème laisse un petit trou avant que le turbo ne souffle et relance avec autant de vigueur et sur la lignée des 2 premiers rapports. Vous allez peut-être vous dire que je suis exigeant, mais en fait ce trou m’a sauté aux yeux après que je me sois rendu compte que cette troisième pouvait se transformer en seule et unique vitesse sur les routes secondaires. Oui car le couple permet de relancer suffisamment tôt et bas dans les tours tandis que l’allonge semble sans fin. J’ai bien essayé de trouver la fin de cette 3ème, mais à presque 175 km/h et toujours pas au rupteur je me suis dit qu’elle était définitivement trop longue. A quoi servent les 4ème et 5ème alors, avant de sauter sur la 6 sur autoroute ? Si vous avez la réponse n’hésitez pas à nous envoyer un email ! Non plus sérieusement j’imagine volontiers que l’étagement de cette boite 6 a été dicté par une obsession à la chasse aux grammes de CO2, mais je reste persuadé que la Mini gagnerait en sensations, mais pas nécessairement en agrément, à avoir une 3ème plus proche de la seconde et qui donne envie de passer la 4 un jour ! Et plus inconfortable encore, c’est le manque de frein moteur au rétrogradage qui m’a le plus manqué. En conduite rythmée j’aime retrograder et profiter du frein moteur à l’approche d’un virage, ici impossible de faire décélérer ne serait-ce qu’un peu l’anglaise en tombant un, deux voir même trois rapport. Non clairement l’étagement de cette boite n’est pas sa plus belle réussite.
Dommage car au final la boite participe à lisser le caractère de l’auto, tout comme la sonorité plutôt discrète du 3 cylindres. Je me souviens avec un peu de nostalgie du son de demi flat-6 turbo de la Smart Roadster (lire notre essai), ici rien à voir : en tendant l’oreille l’échappement se fait un peu entendre tout en haut du compte tour, c’est tout. Disons qu’avec un physique aussi avenant et aguicheur on pourrait être en droit à en attendre un peu plus. C’est certainement pour ça que la Cooper S existe, pour vraiment en offrir plus. Du coup remis dans cette perspective de placement moins extrême, la Cooper apparaît être un compromis agréable offrant une dose de fun raisonnable et polyvalence toute à fait appréciable. Après un peu plus de 600 km à son volant, l’ordinateur de bord annonce 6.2 l/100 de conso moyenne, très largement “optimisable” avec une conduite moins à la découverte de la voiture. Affichée au prix d’entrée de 22.300 Euros, avec des possibilités de personnalisation sans fin ou presque, la Mini est sans doute une compacte chic et fun qui vaut le coup de s’y intéresser. Moi en tous cas elle m’a bien plus, quand tu veux chère Mini pour une nouvelle balade !
Crédit photos @ Ambroise Brosselin