J’entends déjà les esprits chagrins se lamenter sur un énième article concernant la Mazda MX-5. Mais bon, honnêtement, suis-je le seul à craquer sur une jeunette de 25 ans au point de lui consacrer au moins une pensée mensuelle ? L’opportunité d’essayer un modèle originel, en stricte état d’origine, mérite bien encore un petit topo sur cette icône qui sera renouvelée en grandes pompes le 3 septembre (tiens, le jour de mon anniversaire !).
Retour aux origines
J’aurais souvent pris le volant d’une MX-5 cette année. Après l’essai de la version actuellement commercialisée en motorisation 1.8L et la découverte de la version course open race, me voici donc cette semaine au volant de celle avec qui tout à commencé.
A la fin des années 80 les roadsters ont déserté le paysage automobile. Après des décennies de succès, les Triumph, Austin-Healey, MG et autres spécialités anglaises ne font plus recette ailleurs que dans les brumes de la perfide Albion. C’est du japon que renaîtra la race.
La légende prétend que l’idée de la MX-5 est née d’une discussion entre un responsable Mazda et un journaliste américain lors d’un déjeuner. Il est amusant de se rappeler que ce sont les américains qui, en premier lieu, ont sonné le glas de nombreux cabriolets du fait de normes de sécurités drastiquement renforcées à la fin du vingtième siècle. C’est donc dans la plus grande tradition de « tout et son contraire » propre aux Etats Unis d’Amérique qu’ils redonneront vie à cette espèce menacée.
La genèse de la Mazda MX-5 verra s’affronter plusieurs projets. Du petit coupé au roadster à moteur central. Mais c’est finalement en revenant aux basiques de la propulsion à moteur avant que le projet verra le jour. Ouvertement inspirée des meilleurs de ses ancêtres : Lotus Elan, Spitfire en tête, le roadster japonais dénommé Eunos Roadster au Japon, Mazda Miata aux USA et Mx5 en Europe, rencontrera un succès sera immédiat, les délais de livraison s’allongeant suffisamment pour qu’une flambée spéculative embrase le marché.
Seule sur son créneau lors de son lancement, la MX-5 redonne le goût des plaisirs simples : un peu de puissance, beaucoup de sensations et une facilité d’utilisation qui restera un de ses points forts durant 25 ans (série en cours).
Un regard neuf sur grand-mère
Certes, des grand-mères de 25 ans, ça ne court pas les rues. Mais en tenant compte que depuis son lancement, la MX-5 en est déjà à sa troisième génération, l’appellation n’est pas totalement usurpée.
Ayant conduit de nombreux exemplaires allant de la “NA” (première génération) en ruine ou fortement optimisée piste à la “NC” (troisième génération) dans toutes les configurations possibles, en passant par mon ex-“NB FL” (seconde génération avec Face Lift), j’étais intrigué par ce qu’allait pouvoir offrir la version présentement prêtée par Mazda France.
Dans son état d’origine proche du sans faute, la petite Miata ne fait pas ces 125 000 km (!). L’intérieur est nickel, toujours aussi triste cependant avec ses tons noir sur noir. A défaut de respirer la joie de vivre, il faut bien avouer que les matériaux ont bien vieilli. Et ce n’est pas propre à cet exemplaire entretenu par le constructeur, la majorité des NA encore en circulation restent plus que présentables malgré des kilométrages élevés, souvent passés cheveux au vent quel que soit le temps.
En prenant place à bord, on note toutefois les progrès en termes de confort depuis cette première génération. Alors certes, en rentrant de vacances, les apéritifs répétés n’aident pas à prendre place dans les petits sièges, mais malgré tout, la première impression est que l’habitacle de l’auto a été conçu pour des japonais plus que pour des américains. Heureusement, abstraction faite du siège qui paraît un peu étriqué, la position de conduite est facile à trouver. Le joli volant trois branches tombe bien en main et le pommeau de levier de vitesse fait honneur à sa réputation de joystick. L’instrumentation simple mais bien lisible aussi bien capote en place que rabattue est relativement agréable à l’œil. Il n’y a guère que de nuit qu’elle manque un peu de luminosité.
Ma philosophie concernant les roadsters est simple : la capote ne mérite d’être mise en place que lorsqu’on gare l’auto…Ou à la rigueur lorsqu’il pleut vraiment, mais vraiment beaucoup. Je n’ai donc pas tardé à rouler « top down ». C’est véritablement dans cette configuration que la Miata prend tout son sens. Avec sa ligne de caisse relativement basse et son absence totale d’arceau (en fait il y en a bien un mais intégré dans la baie de pare-brise, donc invisible), l’impression de rouler à l’extérieur de l’auto est véritablement jouissive. Pas besoin de se lancer dans une “arsouille” de folie pour faire le plein de sensations : bruits de la nature, odeurs, vent, chaleur du soleil, c’est une véritable extase sensorielle !
Et la conduite alors ?
La Miata originelle est équipée d’un petit 1.6L de 115 ch. Pas un foudre de guerre, surtout qu’il manque cruellement de couple à bas régime. Il nécessite de tirer sur les rapports pour s’éveiller un tant soit peu. Heureusement il le fait avec bravoure et donne le meilleur de lui-même au-delà de 4000 tours/min, bien aidé dans ses montées en régime par une boite de vitesses à 5 rapports relativement bien étagée et surtout bien guidée par le petit levier qui reste très plaisant à manier d’un simple coup de poignet.
Côté sonorité, le 4 cylindres n’est pas franchement mélomane. Il fait juste son boulot sans tambours ni trompettes. Je comprends que certains propriétaires aient opté pour des filtres à air ou des échappements un peu plus démonstratifs. Cependant en replaçant les performances dans le contexte de l’époque, les 8.8 sec pour le 0-100km/h mettent la japonaise au niveau de bon nombre de GTI respectables.
Côté châssis, l’équilibre naturel de la MX-5 (52% avant / 48% arrière) fait des merveilles. Bien aidé par un centre de gravité assez bas et très peu de poids sur les porte-à-faux, la voiture est à la fois facile et joueuse. Entendez par là que pour le novice, elle n’est pas vicieuse, décrochant avec douceur lors des pertes d’adhérence, tandis que pour les pilotes plus expérimentés, elle procurera un plaisir certain de pas sa capacité à enrouler les virages. Sur route ce plaisir est facilement atteignable car il est facile d’arriver au bout du grip procuré par les petites roues de 14 pouces, sans pour autant que cela soit un frein à l’efficacité.
La MX-5, certainement moins efficace que les GTI contemporaines, procure de fait un plaisir basé sur la maîtrise de l’équilibre plus que sur la performance pure.
Malgré mon affection pour la Miata qui nuit certainement à mon objectivité, il me faut bien avouer que cette version originelle pâtit tout de même d’un manque de rigidité flagrant par rapport aux derniers modèles. Si cela n’entache pas le plaisir pris au volant, il faut bien avouer que cela date l’auto. Les trépidations de la baie de pare-brise sur les aspérités de la route, les quelques grigris dans l’habitacle rappellent tout de même l’âge vénérable de cette désormais légende.
Pourquoi on l’aime !
25 ans après son lancement, que reste-t-il comme héritage de la Miata ?
D’une part une lignée qui peut déjà être considérée comme un classique, à l’instar des Corvette ou Porsche 911.
Mais c’est aussi et surtout du fait quelle a permis de remettre au goût du jour l’esprit des roadsters que la Miata a gagné sa place au panthéon des automobiles. Les MG F et TF, Fiat Barchetta, BMW Z3 et Z4, Mercedes SLK, Lotus Elise, Honda S2000…toutes doivent leur existence au succès immédiat qu’a rencontré la Miata lors de son lancement.
Ceci dit, au-delà même de ce que la MX-5 à fait pour les passionnés d’automobiles sportives, c’est bien entendu par ses qualités propres qu’elle est remarquable.
Avec sa plastique sympathique et élégante, ses gimmicks d’un autre temps comme les phares « popup », ses sensations à fleur de peau et sa capacité à apporter du plaisir aussi bien en utilisation quotidienne qu’en balade ou arsouille, la Miata se pose à la fois comme une excellente école de pilotage, une compagne fiable autant que joyeuse et désormais comme un placement judicieux. Déjà arrivée au plancher de l’occasion avec des tarifs des plus raisonnables (comptez 6000 € pour un exemplaire propre, moins de 3000 € si un exemplaire anglais ne vous rebute pas), elle ne pourra que prendre de la valeur dans les années à venir.
Attention cependant, dans la quête d’une MX-5 “NA” il y a quelques écueils à éviter. Rapprochez-vous d’un des deux clubs français (MX-5 France ou Mx5 Passion), ils sauront vous donner de précieux conseils pour vous procurer l’auto idéale.
Alors n’hésitez pas : plongez ! Vous verrez, quand on y a goûté, on ne peut plus s’en passer : Miatiste un jour, Miatiste toujours !
Promis, je ne vous ferais plus l’article sur la MX-5… Jusqu’à l’essai de la 4ème génération. Mais il en va ainsi de certaines voitures incontournables. Pour les GT, c’est la Porsche 911, pour les berlines sportives la BMW M3. Pour les roadsters abordables, c’est la Miata qui reste la reine car non seulement elle a ré-inventé le genre, mais elle a aussi réussi à se maintenir au sommet de la hiérarchie depuis son lancement il y a un quart de siècle en proposant toujours un compromis idéal entre sportivité, accessibilité, polyvalence et fiabilité. L’essai de la doyenne de la famille permet certes de mettre en valeur les progrès effectués en trois générations successives, mais il permet surtout de re-découvrir les plaisirs de la formule originelle, basée sur la simplicité. Accessible à un tarif des plus raisonnables la Miata première génération vous permettra de goûter aux joies de la voiture de collection sans les tracas des roadsters anglais pour lesquelles le challenge sera toujours de garder l’eau à l’extérieur et l’huile à l’intérieur…
Bonjour Nico,
Nous vous confirmons que l’arceau de sécurité à l’avant est intégré dans la baie de pare-brise.
Amicalement 🙂
Tout est dis dans cette article, une auto très attanchante c’est sûr.
Par contre j’ai clairement un doute la dessus : “(en fait il y en a bien un mais intégré dans la baie de pare-brise, donc invisible)”,…
Les MX-5, première comme dernière génération, font vraiment parti de ces voitures qui me marquent franchement. Un prix pas si élevé au regard des performances et de l’équipement, une ligne quasi parfaite et des performances vraiment sympas !
C’est vraiment le modèle vers lequel je me tournerais si je décidais de m’acheter une sportive !