Essai Lotus Eletre S : Changement d’univers
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Essai Lotus Eletre S : Changement d’univers

photo par Lauracars_photographie

L’exercice est difficile pour moi. J’aime les voitures légères, je n’ai jamais compris l’engouement pour les SUV et le tout électrique me parait principalement adapté aux véhicules urbains. Avec de telles convictions, allez juger objectivement un SUV électrique de 2.6 tonnes. Estampillé Lotus par-dessus tout.

Reset, redémarrage et nouveau regard

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Les copains du Club Lotus France m’avaient prévenu lors du Festival Lotus organisé le 22 juin dernier à Montlhéry : « Tu verras, c’est surprenant ! » ; « C’est redoutablement efficace ! » ; « Étonnamment, c’est sympa conduire. ».

Si même les plus pures et durs se laissent convaincre, c’est à mon tour de tenter l’expérience. Mais pour cela il va me falloir changer de prisme. Oublier les petites sportives et caler le référentiel sur une concurrence plus cohérente. Mon expérience en SUV électriques étant limitée, je devrais donc me contenter de mes souvenirs de l’essai de la Tesla Model X 90D (lire notre essai ici) pour situer la Lotus Eletre S (lire ici).

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Lotus Eletre S : Ajustement des repères

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Au moment de récupérer la Lotus Eletre S dans les nouveaux locaux de Lotus Cars à Nanterre, je suis à nouveau surpris par la taille de l’engin. 5m10 de long, 2m02 de large, 1m63 de haut. Même comparé à des véhicules plus « grand publique » que les Lotus historiques, c’est énorme. Pensez donc, c’est 30cm plus long et 12 cm plus large qu’un Peugeot 5008 (lire notre essai ici). L’ajustement des repères va donc commencer par la prise en main de ce paquebot. Il va falloir faire attention à ne pas frotter les jantes sur les trottoirs ou dans les parkings sous-terrain…

Le second ajustement concerne la qualité perçue de l’habitacle. Ce n’est pas faire injure à Lotus de rappeler que la qualité de finition n’a jamais été un point fort de la marque.

Passons en revue les impressions au volant de cette Lotus Eletre S.

Lotus Eletre S : Prise en main délicate

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Gardez en mémoire le fait que je ne suis pas familier avec des véhicules de ce gabarit. En sortant de Lotus Nanterre, j’ai l’impression d’être dans un bus ! La Lotus Eletre S me paraît véritablement énorme et c’est sous le tunnel de la Défense que je réalise à quel point elle l’est véritablement. J’ai l’impression d’avoir les roues de gauche sur la ligne et celles de droite à la limite du trottoir. Cette impression se confirme sur autoroute. Le système de maintien dans la file me donne l’impression d’être une boule de billard car à peine donne-t-il une impulsion pour s’éloigner de la ligne de droite, qu’il redonne une impulsion dans le sens inverse pour s’éloigner de la ligne de gauche.

Une fois ce gabarit digéré, il faut noter que la Lotus Eletre S se conduit avec une facilité déconcertante. La régénération au lever de pied est très bien calibrée. La sensibilité de la pédale d’accélérateur permet de gérer aussi facilement le fait de se laisser glisser doucement que le fait de ralentir plus fortement.

Lotus Eletre S : Technologie avancée

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Le point le plus perturbant dans le cadre d’une utilisation normale reste le remplacement (en option) des rétroviseurs latéraux par des caméras. Si cela s’explique par une meilleure aérodynamique (gain de 15 km d’autonomie) et par un côté « technologeek » sympa, j’ai trouvé qu’à l’usage cela était moins pratique que des rétroviseurs normaux. La qualité de l’image n’est pas en cause. C’est plutôt que le positionnement des caméras dans les portières, sous la ligne de caisse, oblige à quitter la route des yeux. Je conseillerai aux acheteurs d’essayer les deux solutions (miroir et caméra) avant de signer le bon de commande.

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Si la conduite en elle-même s’avère plus intuitive que ce que je craignais, il faut un peu de temps pour se familiariser avec les commandes périphériques.

La tablette tactile centrale est pourtant bien organisée et ergonomique. Mais elle manque de sensibilité et il faut souvent cliquer deux fois sur une fonction pour l’activer.

Plus gênant, le régulateur de vitesse, activé par un bouton sur la gauche du volant, manque quant à lui de simplicité et j’ai passé les trois jours de l’essai à tenter (vainement) d’en apprivoiser le fonctionnement.

Lotus Eletre S : Qualité loin des standards de la marque

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Et c’est en soit une très bonne chose. Attention, je suis un inconditionnel de Lotus (lire mon article ici). Et la qualité « relative » de mon Elise S1 n’a jamais été un problème pour moi. Il s’agit d’un véhicule sportif, capable d’enchaîner les track days sans faiblir. Les rossignols, ajustements approximatifs et autres défauts de finition ne sont pas un critère déterminant.

Mais pour monter en gamme et se poser comme un concurrent légitime des marques de luxe ou prémium plus, il fallait un effort notable.

La Lotus Eletre S est un véritable écrin de matériaux nobles : bois, cuir, métal. Les ajustements sont propres, le toucher est agréable où que se pose la main.

L’habitacle est aussi très plaisant à l’œil avec un design à la fois moderne, sobre et sophistiqué.

Une mention spéciale à l’équipement audio KEF dont la qualité flatte autant les oreilles que les yeux.

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Le modèle essayé avec déjà plus de 11 000 km au compteur aurait pu laisser échapper quelques grincements. Il n’en est rien. Le silence de fonctionnement permet de profiter de la musique ou de discuter comme jamais cela n’a été possible de le faire auparavant dans une Lotus.

Lotus Eletre S : Et le plaisir de conduire ?

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Le confort c’est bien. Mais la Lotus Eletre S, si elle vise un nouveau segment de marché pour le constructeur, se doit de faire preuve de qualités dynamiques à la hauteur de la réputation de Lotus.

Tout commence par la direction. Depuis des décennies porté aux nues, le feeling de la direction des Lotus a du mal à se retrouver dans un aussi gros véhicule. Cependant, si la sensibilité est loin de celles des coupés et roadsters de la marque, la précision est bien au rendez-vous et la consistance est bien calibrée : ni trop lourde, ni trop légère.

Côté performances, pas grand-chose à redire. Même si dans l’absolu la Lotus Eletre S ne brise pas les cervicales à la moindre pression sur la pédale de droite, l’accélération est largement suffisante pour se défaire de la majorité du parc automobile actuel. Pour comparaison, avec 4.5 secondes pour le 0-100km/h, la Lotus Eletre S échoue à un dixième de seconde d’une Alpine A110S (lire notre essai ici).

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Lotus Eletre S : un châssis presque joueur

En abordant mon enchaînement de référence, j’arrive avec prudence dans un double droit assez rapide. Je n’oublie pas les 2.6 tonnes de l’engin et je ne me vois pas tenter un freinage de trappeur à la première tentative. La Lotus Eletre S s’engage dans le virage avec neutralité et très peu de roulis. Un peu de gaz….euh, de watts pardon…puis je reprends les freins pour la seconde partie du virage. L’Eletre conserve sa trajectoire sans problème et je peux réaccélérer à la sortie sans arrière-pensée. La Lotus Eletre S passe ce premier test avec brio.

Le petit rond-point suivant devrait être mois favorable avec son rayon réduit. Là encore je reste raisonnable sur l’entrée, ce n’est pas le meilleur endroit pour tester les freins.

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Comme je m’y attendais, la réalité de la physique s’invite à la fête. Si la Lotus Eletre S reste rassurante et vire toujours à plat, il faut s’armer de patience et lever le pied pour éviter le sous-virage.

Quelques kilomètres plus loin j’arrive enfin sur une portion où je peux tester les freins. A l’entrée du virage la route n’est pas totalement droite. Le freinage s’effectue légèrement en appui. J’ose enfin arriver fort. La Lotus Eletre S plante son train avant dans le bitume avec une belle hargne, tandis que son train arrière s’allège, prêt à faciliter l’inscription dans la courbe. Impossible cependant sur route ouverte de voir à quel point il est possible de jouer avec les transferts de masse. Le volume de l’Eletre ne laisse pas de marge si on est un peu trop optimiste.

Une fois engagé, le poids se fait encore sentir, ne permettant pas de conserver la vitesse d’entrée. Il n’y a pas de miracles : la Lotus Eletre S est efficace et peut se montrer rapide, mais sur des routes départementales elle reste pénalisée par son gabarit.

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Conclusion

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La Lotus Eletre S réussit en partie à remplir le cahier des charges qui est le sien. A savoir projeter Lotus dans l’ère électrique avec un véhicule performant et luxueux. Pour ce qui est de la performance, Lotus ne se démarque pas de la concurrence établie, en particulier chez Tesla avec le Model X (en tout cas avec la Eletre S). Par contre, la qualité est bien au-dessus de ce que peut proposer le constructeur américain. La Lotus Eletre S chasse plutôt sur les terres de Porsche de ce point de vue. Et pour une fois elle le fait avec des arguments qui pourront convaincre d’autres clients que les passionnés de la marque de Colin Chapman.

Côté comportement, la Lotus Eletre S m’a laissé un peu sur ma faim. C’est efficace, peut-être un peu joueur à la limite, mais sur la route il ne m’a pas paru possible d’aller flirter avec la limite de l’adhérence au vu du gabarit bien trop gros de l’auto.

Il me faut pourtant conclure avec un avis, aussi objectif que possible. Si j’étais client de ce type de véhicule, mon choix se porterait-il sur la Lotus Eletre S ?

Un “oui” franc pour ses qualités de confort, finition, comportement.

Plus mitigé pour ses performances qui ne se démarquent pas foncièrement de la concurrence.

Pas totalement convaincu en ce qui concerne son look et sa filiation Lotus.

Le contrat est donc globalement rempli pour Lotus : l’Eletre ne renie pas ses origines mais elle s’adresse à des clients qui ne sont pas forcément les inconditionnels de la marque. Et c’est certainement une bonne chose pour le volume des ventes.

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Credit photos @ Lauracars_photographie

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Pip's

1 commentaire

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  • Moi j’ai bien ce panneau croisement sur la photo de l’article. Aujourd’hui Lotus est à la croisée des chemins : quitter le thermique pour l’électrique ? Est-ce que ce n’est pas se dissoudre dans cette rupture techno qui n’est pas si verte que prévue ?

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