Qui aurait parié il y a encore quelques années que Kia saurait proposer une voiture à la fois jolie, performante et efficace ? En toute honnêteté je n’aurais pas osé. Mais quand j’ai vu la Stinger pour la première fois, j’avoue être tout de suite tombé sous le charme de cette grande berline. Cependant, entre le coup de foudre sous les sunlights des salons et l’amour dans la vraie vie il y a un pas. De géant parfois.
Style : classique et efficace
La Stinger est à mon avis plutôt réussie esthétiquement. Pas véritablement révolutionnaire, mais ce n’est pas vraiment ce que recherchent les clients de grandes berlines statutaires (pour preuve le flop de la Citroën C6 qui était pourtant de toute beauté). Cependant je dois avouer une certaine déception lorsque j’ai pris réception du vaisseau amiral de la gamme Kia. Elle est jolie certes, mais est-elle vraiment si différente d’une Kia Optima ? Lors de mon essai de cette dernière en 2017 (voir essai Kia Optima SW GT) j’avais été assez séduit pas le style maison. Avec la Kia Stinger, on retrouve un air de famille certain. En premier lieu bien entendu cette calandre échancrée au milieu. Signe distinctif de tous les modèles de la gamme. Ici, contrairement à l’Optima, les feux ne se retrouvent pas dans le prolongement de cette calandre mais sont bien séparés. Cela rend le regard de l’auto plus clair.
Le profil de la Kia Stinger GT est plus original. La moitié avant fait furieusement penser à une américaine. Du genre Dodge Charger. Et pour moi c’est un compliment. La Stinger n’est pas particulièrement fine sur ce plan mais elle dégage une certaine impression de force et de puissante. Bien plus que celui de l’Optima.
La seconde moitié du profil est plus européenne même si elle conserve encore un côté muscle car. L’arrière avec hayon est plus fin que ce que nous proposent habituellement nos amis d’outre-Atlantique. Et le feu qui se prolonge en forme de trait me fait penser à certaines créations Maserati.
L’arrière est quant à lui très “Jaguar”. De petits feux bien dessinés, reliés entre eux par un bandeau translucide.
Finalement même si l’air de famille entre la Kia Stinger et l’Optima est indéniable, la nouvelle venue est tout de même plus dynamique et définitivement plus jolie.
La Stinger, quelle que soit la version, rajoute une touche de sportivité avec des prises d’air sur le capot et derrière les roues avant. Ainsi qu’une quadruple sortie d’échappement assez discrète, mais pas trop. Bref pile-poil comme il faut pour faire envie.
Au final, plus je regarde cette Stinger GT, plus je la trouve réussie. C’est à priori le point de vue de beaucoup de monde au vu des regards récoltés par les passants durant ces trois jours de test.
Intérieur : standards américains
La Kia Stinger GT semble définitivement avoir été pensée pour le marché américain. Si cela commençait à transparaître au niveau de la carrosserie, cela devient évident une fois la portière ouverte. La qualité perçue générale est assez éloignée de ce que l’on peut trouver chez Audi, BMW ou Mercedes. Et ce malgré des matériaux plutôt agréables autant au touché qu’à l’œil. Plastique moussé sur le tableau de bord et le haut des portières, cuir sur les sièges et les contre-portes. L’ensemble est assez joli mais les détails de finition sont encore parfois approximatifs et la qualité de certains de ces revêtements sujette à caution quant à leur vieillissement. En particulier le cuir des sièges qui m’a semblé un peu léger.
Malgré tout, l’amélioration par rapport à l’Optima est flagrante. Sans encore pouvoir rivaliser avec les marques prémium, la Stinger présente tout de même un intérieur très agréable. Les sièges sont confortables, l’infotainment plutôt réussi. La facilité de prise en main de ce dernier au travers de l’écran tactile est certainement une des meilleures que j’ai vu. Bien meilleure par exemple que ce que propose Lexus dans la LC500h (voir l’essai de la Lexus LC500h).
Côté espace intérieur, la Stinger est la voiture idéale pour emmener toute la famille avec armes et bagages. Les places arrières sont énormes et le coffre à l’avenant du gabarit global de l’auto.
Motorisation : le juste nécessaire
Le V6 de 3.3L de cylindrées de la Kia Stinger est un “bon gars”. Ses 370 ch est 510 Nm ne semble clairement pas sous-estimés et permettent de propulser la berline à 100km/h en 4.9 secondes. Certes les concurrentes Allemandes proposent plus de chevaux dans leur haut de gamme siglés AMG, M ou RS, mais dans des gammes de prix totalement différentes.
A ce niveau de puissance il est possible de trouver toujours des versions équivalentes chez le trois grands germaniques, mais ailleurs c’est plus rare, voir inexistant en tout cas sur le marché français.
Le seul point de comparaison que j’ai concerne la Mercedes C43 AMG cabriolet qui émargeait alors à 367 ch. En termes de performance ressenti la Kia fait facilement jeu égal et si la mécanique parait moins chantante, elle reste expressive mais plus à la façon du 2L de l’ancienne Megane RS : du souffle et des grognements. Tant pis pour les mélomanes, pour les autres cela reste à la fois évocateur de performance et supportable au quotidien.
Châssis : sérieux dans sa conception
La Kia Stinger est lourde : 1 909 kg affichés à vide. En règle générale ce n’est jamais bon pour le plaisir de conduite. Mais à part cette dédicace aux Lotussiens, pour le reste c’est plutôt du sérieux. En premier lieu la transmission intégrale permanente qui, à défaut de promettre un comportement amusant devrait assurer un minimum d’efficacité. Les suspensions indépendantes (type MacPherson à l’avant et essieu multibras compact à l’arrière) et les amortisseurs à gaz n’ont pas grand chose de révolutionnaire, mais le classique à parfois du bon.
Le freinage assuré par les étriers Brembo deux pistons mordant des disques ventilés de 340mm semble à première vue adapté à la voiture. Point à confirmer au volant.
Au volant : une première impression trompeuse
Assis dans le baquet plutôt typé confort de la Kia Stinger GT, les premières impressions de conduite sont conformes à ce que j’attendais. La Coréenne est confortable, performante et semble au premier abord assez sage. La première envie à son volant n’est pas tellement d’aller taquiner le haut du compte-tour ni de la jeter dans le premier virage qui vient.
La Stinger est une routière et elle le revendique dans sa façon de se mouvoir lorsque le mode enclenché est “confort” ou “économique”. La boite automatique 8 rapports a le bon goût de se faire oublier dans les conditions et la mécanique n’est jamais prise en défaut. Toujours dans une plage d’utilisation qui rend la conduite souple tout en permettant une franche accélération sans temps de latence trop important.
Et pourtant je n’ai pas pu m’empêcher d’aller la tester sur une de mes routes préférées. A savoir une petite route de campagne normande qui ressemble férocement à une spéciale de rallye de montagne. Au programme des virages rapides, d’autres moins, des épingles plus ou moins serrées sur 4 kilomètres relativement épargnés par la circulation en ce dimanche matin.
Les premiers passages en mode confort ont confirmé la première impression : la Stinger est bien née mais reste sage. En basculant en mode sport, puis sport + (désactivation partielle de l’ESP) cela devient plus intéressant. Déjà la première bonne surprise est que l’auto ne se désunit pas. Cependant la gestion encore en mode automatique de la boite reste assez raisonnable sur la sollicitation du moteur. Il faut passer en mode manuel pour vraiment commencer à s’amuser.
La Stinger GT présente alors son second visage : celui d’une sportive accomplie. Le moteur, toujours maintenu dans sa plage d’utilisation la plus agressive souffle comme un taureau tandis que le trains arrière se met à enrouler les courbes à la ré-accélération. Le train avant quant à lui reste imperturbable et ne montre pas la moindre velléité de sous-virage. Pour reprendre la comparaison avec la Mercedes C43 AMG, la Kia s’en sort largement mieux en mode arsouille. Elle reste en toute occasion rassurante, mais donne du plaisir à son pilote en se montrant tout de même mobile. Au final c’est moins au gros cabriolet teuton que cette Stinger GT m’a fait pensé dans ces conditions qu’à une grosse Subaru Impreza WRX STI.
Le quart d’heure colonial passé, le bilan du comportement est donc largement positif. La Kia Stinger est une routière confortable et performante quand vous promenez la famille et elle devient un outil efficace et jouissif quand vous vous retrouvez seul et pouvez vous amuser sans risquer de vous faire rabrouer par votre moitié.
Un petit point d’attention cependant, si le freinage est resté constant durant la récréation, il dégageait une certaine odeur de chaud sur les roues arrières au moment de s’arrêter pour faire quelques photos.
Conclusion : un bilan plus que positif
Les esprits étroits pourront toujours reprocher à la Stinger de ne pas être au niveau de qualité perçue des grosses berlines germaniques de puissance équivalent. C’est oublié que ce ne sont pas ses concurrentes visées. La Kia reste bien plus abordable financièrement et clairement il n’existe en Europe pas de concurrente à ce niveau de prix. Et il s’agit en plus de tarifs tout compris car, hormis la peinture métallisée, tout l’équipement est de série sur la Stinger GT.
Mais alors qu’il y a encore pas si longtemps l’argument tarifaire semblait être le seul en mesure de justifier l’achat d’une Kia, la Stinger démontre avec brio que ce n’est plus le cas. Les justifications que vous pouvez désormais mettre en avant pour craquer sur une Kia Stinger sont le style, l’équipement, la performance de la mécanique et l’efficacité du châssis. Bref, il s’agit d’une véritable bonne affaire.
Pari réussi pour cette Stinger GT. Elle promet beaucoup et tient ses promesses. Je ne m’attendais pas à autant de rigueur de la part de ce qui parait comme le premier essai sérieux de la marque sur le marché de l’automobile sportive. Et le tout à un tarif qui reste assez raisonnable au vu des qualités affichées. Alors certes tout n’est pas encore parfait, mais la copie mérite malgré tout bien plus qu’une bonne note pour progrès évidents. C’est au moins un “bravo, très bon travail. Continuez comme cela.”.