En toute franchise, je l’aime beaucoup la Fiesta depuis la génération précédente. Certes, ce n’est pas un prix de beauté et elle manque un peu de personnalité. Mais elle et pratique, bien équipée et plutôt bien positionnée côté tarif par rapport à la concurrence. Ça c’est pour les versions grand public. A ces qualités de base, les versions ST rajoutent un vrai plaisir de pilotage grâce à un moteur vivant et un châssis qui l’est encore plus. Enfin, c’était au moins vrai pour la version précédente. Avec un cylindre en moins et une carrosserie « familiale » 5 portes, on est en droit de craindre que la petite Ford ait perdu de sa verve…
Design extérieur
Elle passe assez inaperçue cette Fiesta ST. Déjà parce que les caractéristiques différenciantes de la version ST par rapport aux versions non sportives sont assez limitées (jante en alliage laissant apparaître les étriers de freins rouge, spoiler bien aéré et bas de caisse. Comme à la base, la Fiesta joue plus le registre de la discrétion que celui de reine de la fashion week, il en résulte que le mieux qu’on puisse dire à propos de la Fiesta ST, c’est qu’elle n’affiche pas franchement ses prétentions sportives. Avec la mode des « line » chez la majorité des constructeurs (GTline chez Peugeot et Renault, STline chez Ford, Sline chez Audi, « M » chez BMW et AMG line chez Mercedes), encore plus difficile de différentier les vraies sportives des bétaillères maquillées.
Malgré tout, la face avant de la Ford n’est pas totalement inintéressante. Les feux dont les leds soulignent le profil, la grille de calandre qui, contrairement à sa grande sœur, garde un peu le dessin façon Aston Martin, il est possible de trouver la Fiesta mignonne malgré tout.
Design intérieur
Ayant enchaîne coup sur coup l’essai de la Focus ST et celui de la Fiesta, je n’ai pas été dépaysé en prenant le volant de la petite Ford. Le système d’infotainment est le même dans les deux autos, assez efficace et simple d’utilisation. Les sièges gardent le confort et le bon maintient de la Fiesta ST200 de la génération précédente. Si la position de conduite reste un peu trop haute, cela n’est jamais trop dérangeant.
Le toit ouvrant est toujours une option agréable. Merci à Ford de la garder au catalogue, la concurrence devrait s’en inspirer.
Au volant sur la route
Dès le bouton « engine start » enfoncé, le petit 3 cylindres annonce la couleur : le Sport ! j’étais un peu inquiet concernant le caractère de ce petit bouilleur. J’ai le souvenir d’un petit tour en Smart Roadster il y a quelques années au Mans. Lorsque mon ami Tom m’avait annoncé que la sonorité d’un flat 6 Porsche j’avais été plus que sceptique. Et pourtant il n’avait pas tort. Dans la Fiesta ST, le son n’est pas aussi caractéristique, mais il a sa propre personnalité, plus sympathique encore que celle de la ST 200 précédente. Rauque et bien remplie, sa voix indubitablement sportive indique bien que la Fiesta ST n’est pas une citadine comme les autres.
Une fois passée la première vitesse, le châssis se met immédiatement au diapason du moteur : fermes (plus que dans la Focus sans aucun doute), les suspensions restent bien calibrées et les aspérités de la route sont absorbées avec juste ce qu’il faut comme information arrivant dans les reins, sans vous fracasser les lombaires malgré tout. Le moteur ne fait pas uniquement du bruit, il pousse aussi avec vigueur. En sortie de virage serré, remettre les gaz avec vigueur vous oblige à bien tenir le volant. Le retour de couple est en effet bien présent, à l’image des meilleures GTi des années 80’.
Mon essai s’étant déroulé dans des conditions hivernales et humides, difficile de donner un avis définitif des compétences de la Fiesta sur route. Malgré tout sur le mouillé, la petite Ford fait preuve d’une vraie belle personnalité, demandant à son pilote de doser l’accélérateur en première et seconde, sous peine de voir la puissance s’évaporer dans un patinage suggestif. Ce n’est pas tant que le train avant soit dépassé, c’est plus que la vigueur du moteur fait de la Fiesta une petite bombinette dont la puissance est un tout petit peu supérieure aux compétences du châssis. Pas au point de rendre la voiture hasardeuse, juste assez pour la rendre vivante. Elle ne se donne pas à son pilote, elle se mérite. Et avec un peu de finesse, il est possible de tirer le meilleur parti du train avant.
Vous me direz que le train avant c’est bien pour l’efficacité, mais que le train arrière c’est ce qu’il y a de plus sympa. Et je ne parle là que de voitures, soyons bien clairs. La Fiesta ST nouvelle génération n’a pas oublié ses fondamentaux. D’une stabilité royale à allure pondérée, elle se change en danseuse dès que le rythme augmente. Une arrivée sur les freins dans un virage et l’arrière pivote à la demande. Loin d’être scabreux, cette propension à la dérive se fait avec un naturel désarmant. Il n’est pas nécessaire de contre-braquer tant la Fiesta semble instinctivement poser l’angle de dérive parfait pour remettre les gaz roues droites vers le point de sortie. Sur les routes humides de mon essai, le plus difficile était de ne pas rentrer trop vite dans les virages au risque de voir le train avant lâcher prise avant l’arrière, transformant la promesse d’un sur-virage jouissif en un (léger mais certain) sous-virage d’une tristesse en phase avec la couleur du ciel.
La Fiesta ST s’avère sur route une compagne idéale de par son caractère enjoué, résolument sportif, drôle et au final assez sécurisant puisqu’il n’est jamais nécessaire d’aller très vite pour se faire plaisir.
Tandis que les contraintes se font de plus en plus dures sur les voitures de sport, normes anti-pollution, contrôles routiers, Ford nous fait entrevoir un avenir moins sombre qu’il n’y parait. En effet avec cette capacité à rendre amusante des voitures pas trop rapides, on se dit que le retour des bombinettes type AX GT, 205 Rallye pourrait être la porte de salut des sportives toujours plus rapides et puissantes.
Sur circuit
Quelques semaines avant de prendre ma Fiesta grise au parc presse de la marque, j’avais été invité à faire quelques tours au volant d’un exemplaire bleu sur le circuit de la Ferté Gaucher. Les conditions étaient à peine plus sèches, mais suffisamment cependant pour que je puisse jauger des qualités de la Ford poussée plus proches de ses limites. Sans surprise, la Fiesta tient toutes ses promesses sur piste : le moteur fait toujours preuve de vigueur et d’une belle sonorité tandis que le train arrière reste léger et permet à la voiture de virevolter d’un virage à l’autre.
Sur le sec, le train avant assure un niveau de grip conforme à ce que l’on attend d’une sportive. Il maîtrise les ruades du moteur dans les phases d’accélération, même roues braquées. Les remontées de couple sont toujours présentes mais elles contribuent au plaisir. Le poids contenu permet à la Fiesta de se jouer des courbes rapides comme serrées. Bref c’est l’éclate.
Conclusion
La Fiesta ST conserve son trône qu’elle partageait il n’y a pas si longtemps avec la 208 GTI 30th. Avec la disparition de la sochalienne, la Ford reste donc seule maître sur le segment des petites GTis. Et ce n’est pas uniquement par manque de combattants qu’elle garde la couronne, c’est avant tout parce qu’il s’agit d’une magnifique petite sportive qui compense son manque de charisme esthétique par des qualités de conduite hors norme. Si le tarif (toutes options) grimpe un peu par rapport à la Fiesta ST200 de génération précédente, il faut remarquer que, hormis dans la période administrativement ridicule courant de janvier à mars 2020, la Fiesta s’offrira sans malus écologique. Une sportive de qualité qui ne soit pas surtaxée, si le reste de l’article ne vous a pas convaincu, cet argument serait déjà suffisant pour sauter le pas.