Après avoir essayé l’extrémité la plus propre de la gamme BMW avec l’i3, me voici à l’opposé avec la M550d : un diesel extrême qui se veut le mariage entre sportivité, polyvalence et une certaine forme d’économie. Pour quel résultat ?
Quoi de mieux pour un week-end en Normandie qu’un gros break qui peut à la fois transporter la famille dans un confort royale tout en offrant des performances de sportive ? Sur le papier, pas grand-chose vous en conviendrez.
En prenant les clés de la M550d ce vendredi, je me dis que quand même, voici une bien grosse auto. Avec un peu plus de 4m90 de long et surtout plus de 2 tonnes, ce soir c’est plus Germaine la fermière qu’Émilie le petit rat d’Opéra que j’emmène danser. Cependant, grâce à son 6 cylindres de 3 litres équipé de 3 turbos de 381 ch, la 5 Touring ne devrait pas être complètement inerte.
Dans la configuration de mon modèle d’essai, j’avoue qu’il est difficile de voir le côté « M » de la bête. Plutôt typée classique que sportive, la M550d est certes racée mais elle ne se démarque finalement pas beaucoup d’une 530d bien équipée avec un pack M pour le design. Il n’empêche, bien que relativement discrète, elle ne fait pas pour autant timorée avec ses belles jantes en étoile 5 branches et son spoiler aux larges entrées d’air.
A l’intérieur, le noir prédomine, parsemé ça et là de quelques touches aluminium. Pas franchement le summum de l’exotisme, mais malgré tout un habitacle plutôt accueillant tant par son ergonomie que pas son design. Les sièges sont réglables dans tous les sens et très confortables. De quoi contenter toute la famille.
La place du conducteur reste cependant la meilleure. Avec en premier lieu, comme sur la 435i Gran Coupé essayé l’année dernière, le système vision tête haute qui reste pour moi un outil fantastique, plus besoin de quitter la route pour avoir toutes les infos à disposition : vitesse, limitations, radio, navigation… Le système iDrive qui équipe l’ensemble de la gamme reste par ailleurs à mon avis un des plus intuitifs à l’utilisation.
Seul grief éventuel sur l’ergonomie : le cuir du volant. C’est très certainement une question de goût, mais je trouve que le touché, comme sur celui des Audi, est peu agréable car trop lisse et doux. Ceci dit, rien de véritablement problématique.
Un diesel mélodieux
J’avoue que je ne m’y attendais pas, mais au ralenti, voici donc une mécanique mazout qui chanterait presque comme un V8. Ca glougloute, pas de claquements, j’en serais presque ému. En prenant des tours, deux chansons sont ensuite disponibles : en mode Confort (Comfort en allemand – mode par défaut) ou Eco Pro, le 6 cylindres se fait extrêmement silencieux, en mode sport ou Sport+, il se permet de chanter de façon plus engageante. Malheureusement même dans ces deux derniers modes, la mélodie s’arrête bien avant 5000trs/min, nous privant d’envolées lyriques.
Côté performances, je suis par contre plutôt déçu. Non pas que la M550d soit molle, cependant les sensations sont tellement lissées par Le caractère de la mécanique et le poids de l’ensemble que c’est limite si on ne s’ennuie pas en pleine accélération de sortie de péage. Pire encore, en régime de croisière, le moindre frémissement sur l’accélérateur me fait gagner 30km/h en quelques secondes sans que je ne m’en rende compte.
Personnellement si je me fais prendre par ces messieurs les gardiens de la paix en dépassement de la limitation de vitesse, je préfère que ce soit lorsque j’ai sciemment joué les marioles plutôt qu’en étant même pas conscient de ma faute. Avec la M550d le problème est justement que la voiture est totalement sereine aux vitesses autorisées mais les dépasse avec une telle aisance et une telle discrétion qu’on n’y prend ni garde, ni même plaisir.
Mais l’autoroute n’est pas la vie, alors profitons de cette escapade en bord de mer pour aller arpenter les chemins de traverse. Ce coup-ci ce n’est plus le caractère moteur qui refrène mes ardeurs mais le châssis. Déjà encombrante et lourde, la M550d n’est disponible qu’en Xdrive, comprenez 4 roues motrices. Alors oui, pour le médecin de campagne c’est parfait pour rendre visite à Mr Durant dans sa cabane au fond des bois en pleine tempête de neige. Mais bon…Pour le fun on repassera.
Sur les départementales du Calvados la BMW enroule les courbes dans une neutralité helvétique et elle incite à conduire à 60% d’attaque grand maximum. Au-delà, le rythme sera d’une part bien trop rapide pour être raisonnable, mais en plus on aura l’impression de forcer sa grand-mère à danser le rock. Elle a peut-être encore l’énergie de le faire, mais on se sent coupable quand même.
Bon, j’ai quand même essayé, soyons honnête, mais en poussant un peu, la voiture tend à devenir sous-vireuse et j’ai eu vite fait de revenir à un mode de conduite que je qualifierai plus de dynamique que de sportif.
Notons tout de même un point positif : les différents modes de conduite sont simples à sélectionner (deux boutons à gauche du levier de vitesse) et surtout on ne s’embarrasse pas de réglages à outrance. Le mode EcoPro c’est pour rouler en consommant le moins possible : les rapports s’égrènent vite, le start&stop entre en action au feu rouge, la course de la pédale d’accélérateur est looooongue. Le mode Confort, c’est pareil au delta près du start&stop et de la course de la pédale plus dynamique.
En mode Sport, le moteur prend plus de tours, la réponse à l’accélérateur est plus aiguisée encore.
Enfin le mode Sport +, c’est comme Sport avec désactivation du contrôle de traction et moteur encore plus rageur.
La direction et les liaisons au sol ? Très franchement au fil des modes sélectionnés je n’ai pas ressenti une différence notable. Mais ce n’est en soit pas une tare car l’une comme l’autre sont fort bien calibrées, offrant à la fois un bon confort et un touché de route sans défaut notable.
Après trois jours d’essais, je pense que deux modes suffiraient amplement (EcoPro et Sport+) car le mode Confort n’apporte rien de plus que le EcoPro si ce n’est une hausse de la consommation et le Sport + n’est franchement pas plus hardcore que le Sport (avec les 4 roues motrices, le contrôle de patinage ne sert pas à grand-chose).
Au moment de faire ma synthèse, me vient le souvenir d’une ancienne collègue. La première impression avait été plutôt bonne, mais très vite la relation s’était dégradée tant le rôle qui lui était donné sur le projet était en inadéquation avec sa plus value réelle. Avec la M550d j’ai un peu le même sentiment.
Certes je ne suis pas vraiment dans la cible clientèle type pour ce genre de produit, mais dans la même gamme de tarif, une 650i Gran Coupé sera aussi performance avec un V8 plus démonstratif certainement et si c’est l’aspect économique (diesel) qui l’emporte, une 530d ou même une 535d n’offrirait a priori pas moins de plaisir pour une économie d’environ 25 000 euros.
Prenez le TGV et expérimentez le fait de se déplacer à plus de 300km/h sur le plancher des vaches. Vous aurez alors une idée assez proche des qualités de la M550d. performante, confortable, sûre, mais certainement pas sportive et excitante. BMW ne propose pas là une voiture ratée, loin s’en faut. Disons plutôt que la M550d s’adresse à ceux qui sont prêt à payer cher une étiquette alors que sur la même étagère on trouve un produit aux qualités comparables, meilleur marché, mais sans la marque « M ».