Audi France nous a invité à essayer la toute dernière version de son désormais incontournable coupé. La (puisque toutes les Audi sont désormais féminines) TT troisième génération saura sans aucun doute ravir ses fans en réactualisant son style tout en restant fidèle à sa philosophie et à ses codes d’origines. Mais au-delà d’un renouvellement prévisible, qu’en est-il véritablement de ses qualités intrinsèques ?
Audi nous promet une gamme élargie développée autour du concept TT, nous avons d’ores et déjà le coupé et le roadster, viendront s’ajouter à n’en pas douter d’autres modèles qui, si le choix est déjà entériné au siège, ne sont pas encore connus du grand public. A titre personnel j’avoue une préférence pour le Concept Sportback présenté au dernier Mondial de l’Automobile de Paris. Il faut avouer que je ne suis pas fan des SUV, hors ce sont bien deux autres concept de cette catégorie qui sont en compétition avec le coupé 4 portes vu à Paris.
Mais en attendant d’y voir plus clair sur cette future gamme, j’ai pu essayer tout au long d’une belle journée de novembre le coupé dans sa version 2.0L TFSI 230 ch. Le choix m’était donné entre une belle rouge, chaussée de roues 18’’ et la noire en 19’’ de cet article. Si j’ai finalement choisi la noire, c’est surtout je l’avoue pour me démarquer de mes deux précédents essais de la marque qui arboraient elles aussi une robe écarlate.
A première vue je dois bien l’avouer, j’aurais certainement eu du mal à distinguer cette troisième génération de la précédente. Faute à ma faible affinité avec le modèle en général. Mais au vu de l’intérêt que notre auto a suscité tout au long de la journée (et plus particulièrement encore auprès des Audistes croisés), il n’y a pas à s’inquiéter sur l’attrait qu’elle dégage. La plus belle réaction étant venue d’un conducteur de TT seconde génération qui faillit se mettre au talus en nous croisant tant il semblait subjugué par la nouveauté.
En toute objectivité, la TT est globalement réussie. Toujours fidèle aux canons de la marque, elle ne se démarque pas énormément de sa devancière de profil. Il est plus juste de parler d’évolution que de révolution. Une ligne de caisse droite là où elle plongeait derrière le passage de roue arrière auparavant et un décroché au niveau de la vitre de custode, un arrière légèrement tronqué, voici les principaux changements esthétiques sur les flancs. La face avant fait preuve de plus de changement, de modernisation même. La calandre et les feux sont plus anguleux. Ces derniers bénéficiant par ailleurs d’une signature lumineuse les apparentant à des yeux de reptiles avec un trait vertical du plus bel effet (option LEDs sur notre modèle).
Par ailleurs, les quatre anneaux n’apparaissent plus sur la calandre mais directement sur le capot, signe distinctif des modèles les plus sportifs de la gamme telle la R8. Honnêtement, je n’avais jamais fait le distingo entre les modèles équipés de l’insigne sur le capot ou sur la calandre. Encore mon manque de culture de la marque certainement.
C’est l’arrière de l’auto qui a le plus changé selon moi. Fini les rondeurs des générations précédentes. Désormais une ligne démarque clairement la fin de l’aile arrière et le commencement de la poupe. Ligne par ailleurs soulignée par le feu de stop courant sur toute la largeur. Une réussite. Le dessin des feux quant à lui n’est pas sans rappeler celui des Porsche 911 type 996. Ce n’est pas la plus mauvaise des inspirations.
Reste le cas des jantes de 19’’. Si elles plairont aux amateurs de “bling bling”, j’avoue que les 18’’ d’origine sont largement suffisantes en taille pour asseoir esthétiquement la voiture. Elles bénéficient par ailleurs d’un dessin plus sportif à mon avis.
Passons à bord. En version S Line, la voiture bénéficie d’un niveau d’équipement élevé. Les sièges en Alcantara sont aussi beaux que confortables. Parmi les meilleurs dans lesquels j’ai posé mon large postérieur. Leur maintien s’avérera plus tard excellent lui aussi lors de certains passages rapides sur les routes de campagnes. Le volant est dans la lignée de ceux des autres modèles de la marque, agréable au touché, diamètre et épaisseur adaptés et toujours ce méplat qui à mon sens n’apporte rien à la conduite mais ajoute toujours un côté sportif à l’œil. Il s’avèrera cependant moins dénué de sens sur la TT du fait d’une direction très directe ne nécessitant pas de mouliner les tours de cerceau.
Les services marketing d’Audi ont fortement communiqué sur l’épuration stylistique du tableau de bord de la TT et c’est vrai, depuis la Lotus Elise il ne doit pas y avoir beaucoup de voitures qui ont présenté à l’œil du conducteur une planche si dépouillée. Mais contrairement à l’anglaise de mon cœur, le dépouillement est ici uniquement de façade. Les commandes de climatisation ont été astucieusement positionnées au centre des buses d’aération. Le résultat est véritablement génial, pourquoi personne n’y a pensé auparavant (ou alors je n’ai pas été prévenu) : c’est aussi beau que pratique. Ne restent ensuite que les rares boutons permettant de régler les éléments directement liés à la conduite (drive select ; start&stop ; antipatinage)… Et au spectacle (ouverture forcée de l’aileron rétractable).
La console centrale permet d’accéder aux fonctions du “virtual cockpit” autant par le conducteur que le passager. Ce qui je l’avoue est plus bonne idée tant j’ai eu du mal à me familiariser avec le système de navigation. Heureusement mon jeune co-équipier du jour a été plus efficace que moi. Certainement une question de génération, je dois rentrer dans la catégorie des dinosaures incapables de se servir efficacement d’un smartphone, alors imaginez un smartcar…
Reste à évoquer le cas du fameux “virtual cockpit”. Cette nouveauté étrennée sur la TT consiste au remplacement de l’ensemble des compteurs classiques par un écran numérique de grande taille dont on peut faire varier les informations affichées. A l’usage cette nouveauté est extrêmement facile et intuitive. L’affichage par exemple du système de navigation permet de ne quitter que très brièvement la route des yeux et la visibilité est toujours optimale quand un écran déporté peut parfois se trouver difficile à lire par la faute d’un rayon de soleil mal intentionné. Contrairement à mes craintes, la visibilité s’avère aussi très bonne pour le passager. Avec un peu de pratique (un peu plus qu’une demi-journée j’entends), les possesseurs sauront sans aucun doute optimiser l’utilisation de ce nouveau mode d’affichage.
Une première impression engageante
Les ingénieurs allemands ont semble-t-il travaillé la signature Audi-tive (… ^^…) de la TT. Mais bien entendu pas de façon vulgaire en amplifiant le son du 2.0L via les hauts parleurs du système audio. Non, ils ont mis en place un système spécifique qui prend place au niveau de la baie moteur, juste derrière les essuie-glace à l’extérieur de l’habitacle. Cela restitue selon nos hôtes la meilleure façon de donner du coffre sonore « naturel » au moteur. Le résultat n’est pas mauvais il faut avouer, la mélodie du 4 cylindres est plutôt engageante avec une tonalité grave, flatteuse mais assez discrète pour ne pas devenir irritante au quotidien.
Ce moteur, bénéficiant de la technologie TFSI développe donc dans cette version 230 ch (ainsi que 370 Nm de couple entre 1500 et 4500 trs/min). A l’usage il se montre efficace et performant, aidé en cela par la boite S Tronic 6 rapports dont les qualités générales ont fait leurs preuves sur d’autres modèles du groupe. Les 6 secondes pour passer de 0 à 100 km/h revendiqués sont certainement au rendez-vous, nous n’avons pas vérifié.
Côté châssis, le système Quattro nous est présenté comme plus joueur qu’auparavant. Permettant de bloquer le différentiel arrière pour rendre l’auto plus agile. Notre modèle n’est par contre pas équipé des suspensions « magnetic ride » mais de suspensions classiques.
Pour quitter la circulation de la banlieue parisienne, je joue entre les modes « auto » et « confort ». La TT est alors une compagne des plus faciles à vivre. Facile à manœuvrer, assez informative pour une conduite urbaine, elle se montre bien plus communicative que ce que je pouvais craindre. Ce n’est qu’en arrivant sur des routes plus dégagées que j’enclenche le réglage « dynamic » du Drive Select. Si la mécanique donne un peu plus de la voie, j’avoue que les autres changements ne paraissent pas flagrants. Cependant l’auto étant bien née, il n’y a pas à se plaindre de son comportement : efficace, sain, les limites d’adhérence sont bien plus lointaines que ce que la raison pourrait nous pousser à adopter comme rythme. Une conduite rapide et coulée semble être d’ailleurs le rythme idéal pour ce coupé. Dans ces conditions le pilote se sent à la fois détendu, en sécurité et malgré tout investi dans sa conduite. La direction est en particulier très bonne, même si je la trouve un ton au-dessous de celle d’une Peugeot RCZ-R en précision.
L’Audi se meut donc sur le réseau secondaire comme un squale en goguette. Se jouant des imperfections de la chaussée avec une facilité assez impressionnante. Aucun souci pour aller se promener avec sa douce moitié, le confort est plus qu’acceptable. Comme le dira mon acolyte du jour « je m’attendais à un tape-cul mais ce n’est pas le cas. Bonne surprise ! »
Reste que moi, quand je suis au volant d’un coupé sportif de 230 ch, j’aime bien voir ce qu’il a dans le vendre. Nous nous rendons donc sur un tronçon dégagé, bénéficiant d’une bonne visibilité pour à la fois faire un “shooting photo” et tester la belle à un rythme plus soutenu.
On reste sur sa faim
Première épreuve, paramétrer l’auto pour la mettre en mode sportif total. Cela implique non seulement de sélectionner le mode « individual » du Drive Select et de mettre tous les paramètres en « dynamic » : moteur, boite, châssis. Une fois cette opération effectuée, c’est parti ! Pour moi il aura fallu 10 bonnes minutes. Toujours mon côté old-school…
La mécanique rugit, les rapports s’enchaînent avec à chaque montée une forte déflagration bien suggestive. Mais malheureusement ce que les oreilles transmettent au cerveau n’est pas en adéquation avec le ressenti dans le volant et le postérieur. Certes la poussée est volontaire, mais alors qu’on entend un tigre, c’est un chat sauvage qui se met en chasse. La linéarité du TFSI n’aide certainement pas à atténuer ce manque de sensations physiques. Dans le premier enchaînement de notre petite route, les courbes gauche-droite-gauche rapides sont avalées sans que la TT ne soit le moins du monde déséquilibrée par les irrégularités de la chaussée. La précision et l’agilité de la voiture sont excellentes tandis qu’elle s’avère imperturbable (et par conséquent sécurisante). Freinage en descente, le système ralentit la voiture sans la moindre hésitation dans une stabilité sans faille. Le droite serré qui suit est pris d’un rapide coup de volant, la TT se cale sur ses roues extérieures sans l’ombre d’une hésitation et je peux reprendre les gaz aussitôt. La section a duré en tout et pour tout 15 secondes environ, à chaque instant la voiture aura réagi avec précision et efficacité aux injonctions que je lui aurais transmis. L’efficacité est totale et la confiance absolue. Rarement une voiture m’aura semblé autant à mes ordres.
Passage dans l’autre sens. La pente avant le virage serré (à gauche désormais) est plus importante et la bosse à la corde est plus sensible aussi. Rien n’y fait, l’Audi reste imperturbable et enchaîne les allers-retours de plus en plus rapides comme un “Terminator” : toujours le même contrôle, la même facilité, le même niveau d’implication demandé aussi malheureusement.
Car au final c’est peut-être le reproche principal que je pourrais faire à la voiture : elle n’est certes jamais ennuyeuse ou inexpressive, mais comme sa mécanique, elle offre un ressenti trop linéaire pour provoquer un frisson. Il manque à la TT la capacité de donner l’impression qu’on arrive à une limite où sortir dignement d’une courbe dépend, en partie au moins, de l’habileté du pilote.
Audi aura beau argumenter sur le fait qu’elle se montre plus agile et qu’il est possible de placer le train arrière avec plus de facilité qu’auparavant (ce que nous aurons en effet pu vérifier dans un rond-point assez large), il n’en demeure pas moins que la TT n’est pas joueuse. Elle reste d’un sérieux absolu quel que soit le rythme adopté.
Dotée désormais d’un statut d’icône, rajeunie et renouvelée stylistiquement, la TT est une réussite esthétique. Son habitacle chaleureux et moderne s’avère par ailleurs extrêmement plaisant, autant pour le conducteur que pour le passager. Mais sous sa robe de mini-R8, avec sa mécanique chantante et son châssis d’une rigueur absolue, la TT dans cette version 2.0L TFSI 230 ch ne parvient malheureusement pas à susciter l’émotion pour qui cherche une voiture sportive. A près de 55 000 € dans la version essayée, le choix est vaste pour qui veut un coupé sportif. Mais face à une concurrence variée, ce qu’elle ne pourra offrir en plaisir de conduite, elle se le fera pardonner en homogénéité, polyvalence qualité et image de marque.
La nouvelle TT : une Audi telle qu’on les imagine. Sérieuse.
Bonjour
Quelles sont les concurrentes, à votre avis, qui offre justement le plus de sensation de pilotage ???
Merci de votre retour
Sebastien
Ah oui excellent les commandes de chauffage DANS les buses. Comme tu dis, on se demande pourquoi personne n’y a pensé avant tellement ça semble évident !
Merci pour cet essai, attention, tu vas finir par prendre goût aux 4 anneaux 🙂