Essai Audi SQ2 : un SUV compact peut-il être sportif ?
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Essai Audi SQ2 : un SUV compact peut-il être sportif ?

Il faut être ouvert d’esprit et essayer des nouveaux trucs. On ne vous a jamais dit ça en soirée ? C’est un peu avec cet état d’esprit que je m’installe dans ce, euh cette, Audi SQ2. Un peu comme en soirée (promis j’arrête là le parallèle !) on ne sait pas trop s’il faut dire il ou elle. Il s’agit d’UNE citadine compacte, ou plutôt d’UN SUV qui veut se transformer en UNE sportive… Pas évident, pour moi c’est une Audi… mais un SQ2 ! Voyons ce que ce mélange des genres peut donner comme résultat.

Une discrète agressivité

Côté extérieur rien de surprenant, on commence à être habitué à voir les lignes de l’Audi Q2 depuis quelques années, en déclinaison S il efface toute touche de chrome ou de brillant pour une finition black intégrale, jusqu’aux 4 anneaux. Les jolies jantes style BBS y passent aussi tandis que les rétros et les side plates arrières virent au carbone. L’ensemble contraste assez bien avec la teinte gris sobre, on voit qu’il ne s’agit pas de la finition de base sans pour autant sombrer dans le tape à l’œil. Les poursuivants quant à eux sauront à quoi s’attendre, les 4 sorties chromées sont le seul détail qui se remarque.

Intérieur sombre

Quand on ouvre la porte de l’Audi SQ2, le moins que l’on puisse dire c’est que c’est sobre ! Un peu trop même tant tout est sombre, noir et sans fioriture. Là on devine un peu plus le modèle de base. L’infotainement sur l’écran fixe au centre reste efficace avec sa commande par le gros bouton entre les sièges, le bloc compteur offre la modernité Audi avec différents mode d’affichage, bref on n’est pas dépaysé. Les sièges “sport” sont enveloppant et avec multiple réglage, mais durant cet essai j’aurai du mal à trouver une position qui me convienne à 100% entre le siège, le volant et la distance avec les pédales. Deux sur les 3 à chaque fois mais jamais les 3 ensemble même si j’avoue sans doute ne pas avoir cherché assez longtemps.

Sur la route, un dynamisme perturbant

Après avoir chercher où mettre la clé de contact, j’essaye le bouton de démarrage qui lance la machine. OK alors elle restera dans la poche ! Démarrage discret du 4 cylindres 2.0 litres, “boitoto” sur D et c’est parti. La bête décolle mollement sans effusion, le mode Efficiency est vraiment très mou. Après quelques kilomètres, d’un clic de bouton je passe sur Comfort qui est un peu plus réactif pour faire plus ample connaissance. La boite S-Tronic égrène très tôt les rapports pour se retrouver en 6ème à 50 km/h, parfait pour la conso moins pour le dynamisme. Serait-ce donc le moment de passer sur le mode Dynamic ? “Broup” l’échappement émet un bruit artificiel pour flatter l’oreille tandis que la boite tombe 2 rapports.

La ville et la circulation s’effacent, c’est le moment de voir ce qu’offre ce SQ2. “Pedal to the moquette”, ben… il ne se passe rien … ah si ça arrive ! Surprenant ce petit lag et pas toujours très agréable, mais ensuite ça pousse fort jusqu’à 6500 tr/min, petit broup numérique, et hop ça repousse aussi fort. Le 2.0 a du coffre, bien exploité par ses 7 vitesses, les 300cv sont bien là pour atteindre très (trop) rapidement des vitesses à 3 chiffres sur les départementales. Les 400Nm de couple aussi, d’autant qu’ils sont dispo de 2000 à 5200 tr/min, alors en jouant de la boite, aux palettes, au levier ou en mode auto D ou S, on est sûr de taper dedans.

Les lignes droites c’est bien, mais les virages c’est mieux ! Euh, là… pas vraiment, car même si le freinage est puissant et semble endurant, les 1510 kg (annoncés à vide) se font sentir, le centre de gravité haut perché du SUV aussi. Peu aidé par les pneus taille basse (235/40R19) et la suspension typée souple, quand il pique du nez au freinage, se cabre à l’accélération, on devine rapidement qu’il prend un roulis peu rassurant en appui. Les réactions ne sont pas très franches et le lag à la remise de gaz ne rassurent pas plus. La motricité par contre elle ne fait pas défaut, le Quattro Haldex est là pour répartir le déferlante de puissance là ou il faut.

Si les sièges sont visuellement enveloppant, le haut du corps se balade un peu sur les changements d’appuis, là encore les pneus taille basse et les suspensions ne travaillent pas très bien ensemble et malmènent les passagers, ce qui rajoute un peu d’inconfort à cette conduite dynamique. En parlant de confort, on est sur du ferme à l’allemande, sans doute que la pause toutes les deux heures sera appréciée avant tout par nos postérieurs. Mais là encore, en trouvant son réglage de siège optimal on arrive peut-être à être un peu mieux.

SUV sportif, pas la bonne recette

Vous l’aurez compris, je ne suis pas tombé sous le charme du dynamisme de ce Audi SQ2 sur les routes de montagne. J’ai pourtant fait un peu plus de 800km avec, mais rien n’y fait je suis pas conquis. Sans doute qu’en ville et sur autoroute c’est un parfait dragster qui saura se montrer économe, mais le combo SUV compact avec plein de chevaux, ça ne fonctionne pas très bien dans les virages.

Est-ce le châssis de base qui est débordé par la puissance car il n’a pas été conçu pour 300cv ? Possible parce qu’Audi sait faire de belles sportives efficaces. Je ne suis plus à convaincre après 125.000 km avec ma RS4 B7 (lisez notre essai ici), d’ailleurs je dois vous avouez que je suis impatient de rendre ce SQ2 pour la retrouver avec un bocal de lave-glace tout neuf !

Donc si vous êtes sous le charme de son look, que vous avez envie d’avoir 300cv sous le pied droit, je ne peux que vous encourager à un essai pour être certain que son comportement vous conviendra, parce que peut-être que le ressenti peu positif vient de moi ! Mais à force de vouloir trop en faire, ce Audi SQ2 nous montre que les lois de la physique ne peuvent pas s’effacer : une compacte peut éventuellement faire un bon SUV en se surélevant, une compacte peut faire une bonne sportive avec un gros cœur (lire notre essai de la RS3 ici), mais le mélange des 3 ne prend pas.

Autre détail, je ne maitrise pas 100% le sujet, mais en France le malus qui cherche à tuer les voitures sportives a trouvé une cible de choix ici : avec 191gr de CO2 par km, le montant du malus 2024 s’élève à… 48.901 Euros ! A ajouter aux 62.745 Euros de la version essayées, je ne veux même pas faire l’addition…: 111 646 € !!

Crédit photos @ Ambroise Brosselin.

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Yacco71

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