Essai Alfa Romeo Tonale 160 : esprit Alfa, es-tu là ?
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Essai Alfa Romeo Tonale 160 : esprit Alfa, es-tu là ?

Alfa Romeo Tonale

Lors de son apparition en 2019 en état de prototype, l’Alfa Romeo Tonale nous a fait saliver et il aura fallu attendre 2021 pour voir débarquer la version de série. Désirable avec son design à la fois moderne, chic, élégant ou encore sportif, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier le SUV milanais, concurrent des Peugeot 3008, Renault Austral, BMW X1 ou encore Audi Q3. Malgré une ligne convaincante, le Tonale se fait discret sur nos routes. Nous avons pris le volant de la version micro-hybride de 160 chevaux. Derrière son volant, je me suis demandé une chose : l’esprit Alfa est-il encore parmi nous ?

Alfa Romeo Tonale
Profitez s’en, la plaque déporté c’est fini !

Question design, c’est une question de goût, mais saluons les efforts d’Alfa Romeo pour réaliser un SUV qui propose un design soigné et léché. Les références au passé de la marque ne manquent pas. Le retour des feux avant à trois optiques (formalisé par les LED), façon 159/Brera, le dessin du vitrage qui évoque la MiTo et la vitre arrière qui rappelle encore une fois la Brera. Le dessin des feux arrière fait écho à ceux de l’avant tout en se rejoignant au centre. Et c’est sans oublier l’inévitable Scudetto ⏤ profitez-en car la plaque déportée s’éteint avec le SUV. Le récent Alfa Junior (lire notre essai ici) récemment essayé est en effet le premier à disposer de la plaque au centre, tristesse. Bref, avis perso, j’aime beaucoup le Tonale (lire notre essai de la version 130 ch) ! Je trouve qu’il s’agit d’un des plus beaux SUVs actuellement disponible sur le marché. Dans notre version Veloce (rapide en italien, sans lien avec Vin Diesel, évidemment), l’Alfa Romeo Tonale 160 reçoit un traitement sportif qui, bien qu’évoquant avec un charme tout latin (les jantes Veloce dites téléphone sont présentes), ne lui permet pas vraiment de se différencier des autres versions (Sprint et Tributo).

Une fois à bord, l’ambiance souffle le chaud et le froid : l’atmosphère se fait latine avec la présence des Cannocchiale, d’Alcantara et de cuir. La finition et les assemblages n’ont rien à rougir face aux ténors allemands. Toutefois, cela se joue aux détails : on regrette l’absence d’une sellerie plus colorée voire chatoyante. Les sièges sport adoptent une sellerie noire avec des détails de rouge que l’on retrouve au travers des surpiques qu’arbore le mobilier. Le confort est de mise avec un sens de l’accueil qui offre beaucoup d’espace et quelques rangements pour les passagers. L’écran tactile est de bonne taille sans être ni trop grand, ni trop petit. Les graphismes n’ont rien d’incroyables mais font le job. Le compteur numérique offre une bonne visibilité sur les infos essentielles sans être illisible. Le coffre offre une valeur respectable de 500 à 1 550 litres. Les aspects pratiques sont donc dans la norme.

Alfa Romeo Tonale profil
En bleu Misano, le Tonale montre ses lignes élancées

Entre le design extérieur et la vie à bord, l’esprit Alfa est présent, même si on aimerait des selleries CO-LO-RÉES), avec des éléments de langages historiques et des clins d’œil qui font du bien dans une industrie automobile qui se banalise. En revanche, la situation va être totalement différente une fois sur la route. Passons tout d’abord à la motorisation de notre SUV italien. Sous le capot, on retrouve un 4 cylindres 1,5L micro-hybride avec une batterie d’une capacité de 0,8 kWh et son moteur électrique de 15 kW afin de soulager le thermique lors d’accélérations, mais aussi lors des démarrages ou… lorsque l’on recul. Rien de fou, mais on a là une motorisation qui se veut dans l’air du temps, capable de séduire une large clientèle.

Passons à la route, car l’Alfa Romeo Tonale 160 est le premier modèle de la marque à embarquer un système hybride ouvrant la voie à l’électrification, le 100 % électrique arrivant avec le Junior. Si on s’attend à de l’émotion, des sensations et d’autres mots en “-tion” dont je manque, eh bien c’est le moment d’arrêter l’article ici. C’est à ce moment que le drame arrive. Tout est linéaire dans la conduite du Tonale 160 : point d’accroche de la route, la mécanique des émotions ⏤ le slogan d’Alfa ⏤ semble être resté à l’usine. Mais le Tonale est loin d’être une mauvaise voiture de par, comme je vous le disais précédemment, sa ligne et son intérieur, ainsi que son confort. Là où le bât blesse, c’est à la conduite où le soufflé retombe. La voiture n’est pas molle ou exaspérante, loin de là : c’est juste une bonne routière. Revenons sur du positif : en ville, le bloc hybride s’élance en électrique avant que le thermique ne reprenne la main. Il a également tendance à s’activer plus fréquemment en mode éco. Les consommations sont raisonnables pour un véhicule de 4,52 m avec 5,9L pour 100 km en ville. Sur nationale et autres départementales, le SUV brille par ses consommations honnêtes sans être exceptionnelles. Garer le SUV n’est pas un enfer, loin de là, avec une assez bonne vision (merci la caméra !).

Alfa Romeo Tonale intérieur

L’Alfa Romeo Tonale 160 est un excellent SUV pour avaler les kilomètres, et est à son aise sur autoroute. On apprécie faire de la route avec car les sièges sont d’un extrêmes confort et maintiennent. Le châssis aime les lignes bien droites et la tranquillité. De Paris à Lyon, je n’ai aucun reproche à lui faire. Même pour le retour, le SUV milanais brille par ses qualités d’autoroutière et déplacera une famille sans aucun compromis. La boîte TCT, que l’on connait depuis un moment chez Alfa, est présente et offre un bon comportement sur autoroute, avec un bon passage des vitesses.

Quel serait alors le négatif de ce Tonale ? Sur route sinueuse ou lorsqu’on le cherche un peu, le châssis termine vite en position latérale de sécurité. J’ai voulu le malmener un matin avec notre rédac-chef d’AutomotivPress et que ne fut pas ma surprise à la première épingle où j’ai cru sortir de la route avec un ESP qui met le bazar ainsi qu’une perte de traction ! L’arrière s’est mis à chasser. Même l’ESP déconnecté, le Tonale n’aime pas être malmené. Connaissant la grande sœur Giulia (lire notre essai ici) et son châssis Giorgio qui est une référence en tenue de route, j’avais envie de me rouler en boule et de pleurer sur de la musique triste. Dommage, car ses lignes m’inspiraient un tempérament bien plus sportif qu’il ne l’est réellement. Rappelons toutefois pour ceux qui ont deux ans de retard : le Tonale repose sur la plate-forme du Jeep Compact qui est plus proche du Chamallow que de la plateforme Giorgio.

Au niveau de la boîte TCT, si sur autoroute la boîte automatique à 7 rapports est intéressante, pour le reste… c’est encore une fois le drame. Hors autoroute, la boîte donne régulièrement des à-coups lors des changements entre le mode électrique et thermique. Lors de changements de vitesses en accélération, c’est encore l’occasion de profiter des changements de rapports qui se font ressentir. Dommage, car il pénalise un peu le confort à bord avec un retour régulier d’à-coups dès qu’on sort de la ville.

Mais il me faut rester positif, car le Tonale est une bonne voiture avec tout ce qu’on aime d’une Alfa ! Une ligne séduisante avec des galbes et des courbes, le Scudetto, un design réussi (on parle quand même d’un SUV !), un intérieur qui n’a rien à rougir face aux premiers allemand et un bloc 160 intéressant sur le papier. Mais dans la réalité, on reste sur notre faim : on cherche l’esprit Alfa, l’emballage est là mais pas l’ivresse. Celle d’une marque qu’on a connue fougueuse au touché de route terrible, à la conduite qui mène en enfer et à la mécanique sportive. Le Tonale, pour résumer, est une voiture honnête, qui fait le job qui offre une autre expérience. Il ne faut pas le voir comme une Alfa sportive mais comme un bon SUV père de famille, le genre d’auto polyvalente qui permet de voyager sans difficulté et comme une voiture lambda le ferait. Les consommations sont honnêtes sans trop en faire, le confort est présent. On peut voyager longtemps sans avoir le dos brisé en mille morceaux, et l’espace à bord est intéressant tout comme le volume de coffre. En revanche, on cherche un SUV dynamique, il faut oublier le Tonale dans cette version micro-hybride.

Alfa Romeo Tonale

Je rends la voiture un peu la mort dans l’âme. Oui, je suis conquis par son design depuis 2019. Oui, j’aime le design et la présentation de la voiture. Mais quelle tristesse de devoir faire le même bilan que les autres en concluant que le Tonale 160 manque de piment. Toutefois, je laisse à Alfa Romeo le dernier mot. Certes, les clients n’ont pas forcément besoin d’un SUV qui fait des pointes de vitesses, qui reproduit Space Mountain à chaque roulage. Finalement, le Tonale c’est donc bien un SUV pour la vie de tous les jours. À 48 980 € pour notre version d’essai, on a le flacon plutôt que l’ivresse ⏤ de toute manière, l’abus d’alcool au volant, c’est dangereux.

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