La Fiat 500 bénéficie d’une belle cote d’amour depuis son retour dans nos rues. Mignonne, agile, personnalisable à l’envie, la petite italienne s’encanaille depuis 2008 en version Abarth, forte de 135ch. Déjà suffisant pour s’amuser, mais en version 595 Competizione, le pot de yaourt devient véritablement jouissif…
Tout miser sur l’apparence
Dans sa livrée gris titane, le modèle qui m’est mis à disposition se montre plus original que le traditionnel blanc à parures rouge, mais alors que ma toute première impression visuelle tend vers la déception, je me dis bien vite que ce côté brut de décoffrage en rajoute encore au charme de l’auto. Avec ses belles jantes blanches de 17’’ elle me fait même penser à une version de compétition en cours de déverminage.
Pour ce qui est de la discrétion, mieux vaut malgré tout en chercher à l’extérieur qu’à l’intérieur. Avec ses parements couleur chocolat, l’Abarth présente un habitacle très haute couture. Les sièges baquet mêlant cuir sur les flancs et « tissus technique » sur l’assise et le dossier sont vraiment splendides… Mais franchement, le descriptif officiel ne leur rend pas hommage. Au lieu de tissus technique, j’aurais apprécié un peu de poésie avec un « peau retournée synthétique » ou un « simili-alcantara » tant l’aspect et le toucher de ce tissus sont agréables. Avec le monogramme « 595 » sur l’appuie-tête, le look est complet et sans défaut.
Le volant avec ses ajouts de cuir à la jointure du pouce est lui aussi très réussi même si un peu grand, mais peut-être le fait d’avoir essayé il y a peu la 208 GTi accentue-t-il artificiellement l’impression de taille démesurée du cerceau de la 595. Quoi qu’il en soit, même si la jante est majoritairement recouverte de plastique, elle n’en reste pas moins agréable.
Derniers éléments participant au style intérieur, le pédalier alu, les tapis de sol assortis (avec leurs goupilles siglées Abarth) et le levier de vitesse dans le même métal finissent de faire oublier les aspects plus chiches de cet habitacle, tels les plastiques durs de la planche de bord ou les boutons de commande des vitres dont la conception a dû être partagée avec Playschool. Rien de rédhibitoire cependant, lorsqu’on ouvre la grande portière de la Competizione, on ne peut s’empêcher d’admirer l’ensemble.
Là où ça se gâte, c’est lorsqu’il faut s’y installer. Je veux bien croire que pour une milanaise à la taille de guêpe les sièges soient parfaits, mais pour un frêle gaillard de 95kg pour 1m80, c’est un peu serré. J’ai plus l’impression d’être assis devant le siège que dedans. Par ailleurs, alors que j’aime être assis au plus bas, je réalise avec stupeur que le réglage ne peut se faire que vers l’avant ou l’arrière. Je peine donc à trouver une position de conduite idéale, d’autant plus que le volant lui, ne se règle qu’en hauteur. Il me faut donc choisir entre les genoux dans le volant ou les bras trop tendus. Finalement je prendrais les deux, merci. Le seul à tirer son épingle dans ce jeu de « feng shui » mal engagé, reste le levier de vitesse. Si son positionnement sur la planche de bord n’est pas des plus habituels dans une sportive, il faut bien avouer qu’il tombe bien en main et que ses petits débattements le rendent très plaisant à manier.
Comedia
Après quelques contorsions supplémentaires pour tenter inutilement de me sentir bien installé, j’accepte avec résignation ma condition et démarre le moteur. Première bonne surprise : cette mécanique est vivante ! La démarrer dehors est déjà sympa, mais dans un parking cela devient génial. L’échappement spécial Abarth Record Monza émet un grondement intimidant et se stabilise (plus ou moins) par la suite avec des borborygmes de péniche dignes d’un V8 américain miniature. Je sais, c’est puéril, mais à quoi bon jouer les garçons sérieux quand on achète une voiture éligible à une course de Mario Kart !
Et c’est parti pour un tour de manège ! Dès les premiers tours de roue, la suspension se montre ferme… Très ferme même. Cela me rappelle ma vieille Austin Mini Cooper. Cela dit, je ne trouve pas cette raideur hors de propos sur la Competizione. D’autant plus que l’amortissement se montre efficace et que le confort de roulement n’est au final pas complètement négligé. Sur voie rapide et bien lisse l’auto est agréable à vivre, autant pour le pilote que pour le passager. A l’arrière c’est une autre chanson : la banquette en cuir, très lisse, ainsi que l’espace réduit la destinent directement aux enfants (les vrais, pas l’acheteur potentiel). Contrairement à ce que je craignais, l’Abarth est donc capable de se comporter en bonne voiture de tous les jours. Son moteur mélodieux n’étant jamais trop envahissant, toutes proportions gardées.
Mais je crois que j’avais parlé plus haut de tour de manège, alors je me dirige vite vers ces petites routes de l’Eure où j’espère bien que le petit scorpion va se montrer piquant. A la moindre ligne droite, la montée des rapports est ponctuée par une détonation à l’échappement. Je n’ai pu vérifier, mais je ne serais pas étonné d’apprendre qu’une petite flamme s’en échappe à l’occasion. En tout cas, c’est véritablement grisant et cela m’arrache un petit rire à chaque fois. Autant dire que je n’ai pas gagné des points de maturité auprès de mon entourage : « Brroooaaap-Pêt-Mouahahaha ». Cela devient vite une vraie drogue !
Efficienza
Mais bon, la vie ne se résume pas à une ligne droite heureusement. Enfin pour être honnête ce n’est pas exactement ce que je me disais avant cet essai. Avec son empattement court, je craignais que la 595 Competizione ne se montre vive et instable dans le grands appuis. De même, avec ses pneus larges, je me disais qu’elle risquait de décrocher brutalement. Au final il n’en est rien. La stabilité dans le rapide est vraiment étonnante, mettant le conducteur en confiance par sa neutralité. De même, les décrochements sont vraiment prévisibles et c’est majoritairement l’avant qui lâche en premier.
Malgré tout, l’Abarth n’a rien d’un bovin qui se vautrerait au premier coup de volant. En premier lieu son amortissement la dispense de roulis ou de pongée au freinage. Ensuite, lorsque le train avant décide qu’il est temps de se laisser aller, c’est avec une progressivité qui permet, d’un léger lever de pied, de reprendre du grip pour tenir la trajectoire.
Lorsqu’il faut faire preuve d’agilité, le gabarit de l’italienne fait merveille et permet de virevolter entre les courbes. Le freinage se montrant au diapason du comportement général, on adopte bien vite un rythme soutenu avec le sentiment de comprendre et de sentir ce qu’il se passe entre le pilote, l’auto et la route. Tout se déroule en fait de façon naturelle et n’y a plus qu’à enchaîner les virages de façon académique pour que l’auto obéisse sans faire d’histoires. A défaut de nécessité une attention soutenue pour éviter les piqûres de l’arachnide italien, cela reste amusant.
Le point qui m’a le plus agacé, c’est l’impossibilité de débrancher l’ESP (parce que ce n’est pas possible ou bien parce que je n’ai pas été capable de trouver le bouton OFF, je ne le saurais jamais). J’aurais bien aimé avoir une totale liberté pour pousser la voiture dans ses derniers retranchements dans les sorties de virages serrés pour confirmer ses qualités en termes de motricité. Car l’auto semble vraiment tirer parti de l’ensemble de ses 160 ch. Cet ESP ne s’est que très rarement fait sentir. Difficile de dire s’il est exceptionnellement bien calibré ou s’il s’avère en réalité totalement inutile tant les liaisons au sol sont efficaces.
Amoroso
l’Abarth est définitivement un jouet génial. Elle flatte les yeux, les oreilles, puis le fessier par ses performances honnêtes. Elle s’avère sur parcours sinueux une partenaire de danse des plus convenables tout en restant une compagne agréable au quotidien. Moins polyvalente que les dernières nées des GTi, elle sait par contre beaucoup mieux se rendre indispensable par ses charmes de vraie sportive : une voix en or, un physique avenant, un toucher de route sain et des performances plus sensitives que la concurrence. Le tout pour un tarif raisonnable, 26 510€ le modèle bien optionné essayé.
Le genre de voiture dont on se souvient au crépuscule de sa vie : « Quand j’étais jeune, je suis tombé amoureux d’une bella ragazza… »
P. Lagrange
Bonjour, Les deux choix sont bons. Mais cependant ils se démarquent de l’utilisation que l’on en a.
Pour le plaisir du pilotage et les performances, la 208 GTI “by Peugeot Sport” est largement meilleure.
Pour le plaisir d’un bel objet et le fun des crépitements de l’échappement, c’est l’Abarth qui s’impose.
Enfin pour une voiture performante et discrète, mais peu typée sport, la 208 GTI “normale” est le bon choix.
Merci pour cet essai et ce retour, sa donne vraiment envie, j’hésites entre acquérir celle ci ou une 208 GTI…