Époqu’Auto s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les passionnés d’automobiles anciennes. À l’occasion de son 40ème anniversaire, Époqu’Auto proposera une nouvelle balade parmi quelques-uns des véhicules qui ont écrit la légende de l’industrie automobile. Cette année, les organisateurs – le Club des 3A – ont décidé de mettre plus particulièrement à l’honneur deux constructeurs français, dont Renault qui fête ses 120 ans.
Des voitures à vivre
Si l’histoire de l’industrie automobile a pris naissance au 19e siècle, les constructeurs apparus à ce moment-là ne sont plus très nombreux. Cinq très exactement dans le monde. Un quintet dans lequel on retrouve Renault, né il y a 120 ans. Impossible pour les organisateurs d’Époqu’Auto, dans ces conditions, de ne pas célébrer l’événement. « Renault est une marque qui a accompagné les Français pendant plus d’un siècle et je crois que tout le monde en France, d’une façon ou d’une autre, a une histoire avec cette marque », résume joliment Hugues Portron, Responsable de Renault Classic. Cette histoire a pris corps en 1898, lorsque Louis Renault convertit son tricycle De Dion-Bouton en voiturette de 1 ch à quatre roues et parvient à remonter la rue Lepic. La Type A est née et se signale d’emblée par une innovation essentielle. Passionné d’automobile, Louis Renault a en effet inventé la première boite de vitesse en prise directe, contrairement aux chaines et courroies de distribution utilisées jusque-là.
L’histoire est lancée et malgré les vicissitudes de deux guerres mondiales, de crises économiques planétaires comme celle 1929, de diversifications multiples, d’une nationalisation en 1944 et de conflits sociaux mémorables à l’image de celui qui accompagne le mouvement de mai 68, rien ne l’arrêtera plus. « Et sans doute est-ce en partie parce que Renault représente 120 ans de voitures pensées pour répondre aux besoins des gens que cette histoire dure encore. En tout cas, c’est vraiment la personnalité de la marque », affirme d’ailleurs Hugues Portron.
Innover pour faciliter les usages
Un fil rouge que l’on retrouve déjà avec la Type A de 1898. Car au-delà de la performance technique symbolisée par la transmission à prise directe, Louis Renault a surtout conçu une voiture plus propre et moins compliquée à gérer que ses concurrentes de l’époque. L’innovation au service de la facilité d’utilisation en quelque sorte. « Il y avait déjà dans cette voiture la volonté de simplifier la vie des gens et c’est pour cette raison que nous avons retenu la thématique « Les voitures à vivre » pour présenter nos modèles sur Époqu’Auto, confirme le Responsable de Renault Classic. Bien entendu cette volonté de créer des « voitures à vivre » est moins marquée sur certains modèles, mais cela reste la tendance générale et la philosophie de la marque. » Il y a dans l’ADN de Renault ce souci permanent de proposer des voitures du quotidien.
L’illustration parfaite la plus récente de cette philosophie est incontestablement l’Espace, pour laquelle a été inventé le concept de « voitures à vivre », même si d’autres modèles avaient exprimé pleinement cet ADN auparavant. À commencer par la Renault 4, véhicule de la marque le plus vendu, avec quelque 8 millions d’exemplaires. Avec sa 5e porte, son plancher plat, sa banquette arrière rabattable, elle symbolise à merveille la voiture pratique et multi usages. À l’origine, d’ailleurs, on ne sait pas trop comment qualifier la voiture et certains parlent même de break. « C’était un vrai changement dans la perception de la voiture particulière », insiste Hugues Portron. Et certes Clio (lire notre essai de la Clio Williams 1996) s’est vendue à un beaucoup plus grand nombre d’exemplaires, mais, comme le souligne le Responsable de Renault Classic, « entre la Clio 1 et la Clio 4 de dernière génération il y a un monde ; ce n’est plus du tout la même voiture. » L’appellation est restée la même, mais la voiture a totalement changé, alors que la Renault 4, bien qu’elle ait connu des évolutions techniques tout au long de sa carrière, a toujours été basée sur la même plateforme. Considérée par un grand nombre de passionnés de la marque comme son best-seller, elle a été produite dans 28 pays. Robuste et infatigable, elle a notamment sillonné l’Afrique. « Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais nous savons qu’il y a encore beaucoup d’exemplaires qui roulent dans le monde ; et je ne parle pas des voitures sans carte grise de collection », sourit Hugues Portron.
Petite sœur de la Renault 4, la Renault 16 reprend les mêmes idées en termes d’architecture et de choix techniques. « C’est une Renault 4 plus grosse et position née sur un segment supérieur », résume-t-il. Mais on retrouve la même ambition que pour sa devancière, ce qui est particulièrement osé à l’époque, notamment l’intégration d’une 5e porte, sur une voiture beaucoup plus statutaire. Par la modularité de son habitacle, par ses sièges avant rabattables et sa banquette arrière qui se positionne dans tous les sens, la Renault 16 décline son identité de « voiture à vivre. »
Une ambition qui se manifeste également dans toute sa plénitude avec la Renault 5. C’est la première voiture trois portes de Renault, qui la conçoit pour répondre à un nouveau besoin. Avec l’éclosion des villes nouvelles en périphérie des grandes agglomérations, les familles doivent parcourir des distances plus importantes au quotidien. À commencer par les mères de famille, généralement en charge des courses hebdomadaires dans les hypermarchés en périphérie de ville. À l’origine, en effet, la Renault 5 est une voiture à connotation féminine. « On se rend compte, quand on analyse scrupuleusement les choses, que le coffre de la Renault 5 correspond exactement à la contenance d’un caddy de supermarché », fait remarquer Hugues Portron. Véritable cocon dans lequel les enfants sont mis en sécurité à l’arrière, en réduisant notamment le risque de les voir ouvrir les portes avant, la Renault 5 a vraiment été pensée pour répondre aux besoins des familles. Son immense succès commercial, lié à cette caractéristique, mais aussi à son punch plus tard avec les formules sport, est là pour en témoigner.
Du projet 900 à l’Espace
Dans cette catégorie des « voitures à vivre », le projet 900, premier travail réalisé par Amédée Gordini pour le compte de Renault, mérite une attention toute particulière. Au premier coup d’œil, cette voiture qui n’a jamais vu le jour laisse une impression étrange. « On a le sentiment que l’avant est installé à l’arrière et inversement », résume Hugues Portron. Ce véhicule, constitué de deux blocs de Dauphine assemblés, cache un moteur V8 sous son capot ! Mais l’innovation la plus intéressante ne réside pas dans sa motorisation, il s’agit avant tout d’une recherche sur l’habitabilité et on retrouve encore cette volonté d’améliorer la vie à bord. « Quand on regarde le truc, ça ne marche pas, tranche le Responsable de Renault Classic. Mais, bien que cela paraisse tiré par les cheveux, j’ai le sentiment que l’Espace n’aurait jamais existé sans ce projet qui date de 1959. Parce que l’Espace, lorsque Matra le propose à Renault, est un break totalement abouti à l’extérieur, mais l’intérieur est on ne peut plus classique, avec deux sièges avant et une banquette arrière fixe. Ce qui va faire son succès, c’est la modularité intérieure que Renault va apporter. Et cette modularité remonte incontestablement au projet 900. »
Marque indéniable dans le sport automobile
Dans l’histoire séculaire de Renault, néanmoins, tous les modèles n’ont pas perpétué cette démarche d’aller vers des « voitures à vivre » et Renault Classic n’a pas souhaité réduire son plateau à cette seule dimension. Indissociable de l’histoire de la marque, le sport automobile a également contribué à forger le caractère de certains modèles. C’est le cas, par exemple, de L’Etoile Filante qui n’a pas été pensée pour simplifier la vie des gens, mais qui symbolise la voiture susceptible de générer les rêves les plus fabuleux. Aux côtés de cet objet étonnant, la présence d’une Formule 1 rappellera que Renault (lire nos articles ici : partie 1 V6 turbo, partie 2 V10 atmo, partie 3 V8 atmo, partie 4 V6 hybride, visite d’Enstone) c’est aussi la passion du sport automobile et la déclinaison de capacités d’innovation étonnantes, qui seront ensuite mises au service du plus grand nombre. Dès le départ, Louis Renault utilise la compétition pour faire la démonstration de la qualité de ses voitures. Et la Formule 1, catégorie reine dans le sport automobile, n’échappe pas à la règle. Ainsi, Renault a été le premier constructeur à installer une mécanique 1,5 litre turbocompressé sur sa voiture de grand prix, pendant que tous les autres constructeurs travaillaient sur des moteurs 3 litres. C’était une véritable révolution que Renault a décliné sur tous les moteurs de la gamme, en commençant par la Renault 18. « Aujourd’hui, toutes les voitures ont un turbo et les gens ne s’en rendent même pas compte », souligne Hugues Portron.
Pour marquer ce lien entre le constructeur au losange et le sport Automobile, Renault Classic présentera donc une Formule 1, mais aussi la Nervasport des records. « C’est un objet très étonnant », analyse-t-il. Renault avait pris sa voiture disposant du moteur le plus puissant, en l’occurrence un 8 cylindres en ligne de 9 litres, puis avait remplacé la carrosserie de série par une carrosserie en aluminium très profilée, pour obtenir au final quelque chose qui s’apparentait à un cockpit d’avion. Cette voiture étrange, qui a battu plusieurs records du monde à Montlhéry, avait disparu avant d’être entièrement reconstituée par les équipes de Renault Classic, il y a trois ans. « Nous sommes partis de photos d’époque, car nous n’avions pas de plan. Nous avions un châssis, un moteur, une boite de vitesse… pas mal d’éléments mécaniques d’époque et c’est à partir de cela que notre équipe de design a créé les plans. Nous avons alors reconstruit la carrosserie sur une structure bois, puis sur de l’aluminium martelé. Plusieurs années de travail, pour obtenir une voiture superbe, parfaitement fonctionnelle, qui a roulé en lever de rideau d’un Grand Prix de Formule 1 en Chine », se félicite Hugues Portron.
Renault Classic proposera une vingtaine de voitures, pour balayer sa longue histoire :
Type A (1898) Type AX de 1908 Type K (1902) Type AG1 “Taxi de la Marne” (1910) Torpedo NN (1927) Vivastella PG7 (1933) Nervasport des records (1934) Coupé Viva Grand Sport (1939) Juvaquatre Coupé (1947) 4CV Découvrable (1947) Etoile Filante (1956) Dauphine Monte-Carlo (1958) Floride (1959) Projet 900 (1959) Renault 4 Plein Air (1961) R8 Gordini (1964) Renault 16 (1965) Renault 5 (1972) F1 RS01 (1977) Renault 5 Turbo 1 (1982) Espace 1 (1984).
Source CP Époqu’Auto