Eagle ça vous dit quelque chose ? Non il ne s’agit pas du singulier d’un groupe de rock qui avait ses habitudes dans un petit hôtel en Californie, mais plutôt d’un petit groupe de magiciens qui opèrent dans le sud de l’Angleterre. Et leurs outils d’excellence ne sont ni la guitare ou la batterie mais plutôt la clé de 12 (ou 1/2″), le poste à souder et l’amour d’une seule voiture : la Jaguar Type E ! Si vous ne les connaissez pas, je vous propose de plonger au cœur de leurs ateliers que nous avions visités fin 2017 ici.
Celle qui nous intéresse aujourd’hui est la petite dernière des Eagle, oui il ne s’agit plus d’une Jaguar restaurée à la plus haute perfection, mais belle et bien d’une Eagle, conçue par l’officine anglaise évidemment sur une base de E-Type. Comme son appellation Lightweight le laisse supposer, elle s’inspire directement de la E-Type de route la plus évoluée, sortie en 1963 à seulement 12 exemplaires. Ces Lightweight capable de tout gagner le dimanche sur piste n’en était pas moins de fabuleuses voitures de route, un peu bruyantes et brutales, mais tellement communicatives. On peut facilement comprendre l’envie de recréer cette bête rare à la sauce Eagle.
Le process débute avec la peau de la belle anglaise, chaque panneau de carrosserie est façonné à la main dans de l’aluminium moderne, mieux adapté à la vie quotidienne que le fragile et fin aluminium des Lightweight originales. Environ 2500 heures sont nécessaires aux artisans de Eagle pour sortir une carrosserie complète, avec des tolérances de fabrication bien plus exigeantes que le département compétition en 1963. N’imaginez pas pour autant que le travail ne consiste « qu’à » reproduire une Type-E d’origine, de nombreuses modifications sont apportées, fruit des 35 années d’expérience de Eagle à les restaurer et les optimiser : quelques discrètes améliorations aérodynamiques, des caissons de bas de caisse plus profond qui aident à la rigidité du châssis et à abaisser le conducteur (donc le centre de gravité), des surfaces vitrées légèrement plus grandes ou encore des passages de roues élargis pour accueillir des jantes magnésium en 16’’, modelées sur les jantes originales Dunlop racing, un peu plus large pour s’équiper de pneus modernes.
Le cœur de cette silhouette de rêve est le moteur maison, évolution ultime du 6 cylindres XK qui a fait la réputation de Jaguar avec 5 victoires aux 24h du Mans. Comme sur la Lightweight originale, le bloc n’est plus en fonte mais en alu, il cube ici 4,7 litres ! Vilebrequin spécifique, pistons et bielles aussi, grosses soupapes et arbres à cames à haute levée, bref 380 ch à 5750 tr/min et 508 Nm à 4000 tr/min avec une courbe pleine et plate.
La chasse au poids a été sévère et plutôt radicale puisque rien n’a été laissé au hasard. Remplacer la fonte par l’alu est assez classique, Eagle est allé encore plus loin en employant largement le magnésium, en particulier pour le carter de boite ou de différentiel, la cloche d’embrayage et même les moyeux de roue arrière ! L’échappement quant à lui se tourne vers l’inconel pour résister aux fortes contraintes thermiques tout en allégeant la balance. Tous ces efforts pour arriver à 1017 kg à la pesée, beau résultat si on se souvient qu’il y a 380 ch sous le long capot… Et il ne s’agit pas d’une voiture de course dépouillée mais bel et bien bien d’une GT luxueuse à l’ancienne, confortable et efficace.
Le confort est donc confié à Ohlins pas un set de combinés filetés sur mesure développé pour Eagle et ajusté au fil des années. L’intérieur est lui aussi orienté confort, grâce aux sièges bien sûr, mais moins visible le pédalier, le plancher et la partie arrière de l’habitacle ont été repensés pour offrir un maximum d’habitabilité. Le détail est poussé très loin, même les commandes de réglage de siège ont été redessinées pour offrir un meilleur accès, et donc imprimées en 3D sur mesure. Tradition et modernité !! Et toujours dans l’esprit de ne pas dénaturer l’oeuvre d’art originale, tout est fait pour en rester le plus proche : la boite 5 conserve une commande au même endroit et au même design que la 4 d’époque, la climatisation est parfaitement intégrée dans le boitier de chauffage d’origine, les étriers AP racing se font discret derrière les jantes.
Le credo de Eagle reste le même : garder le caractère de la Type-E sans perdre son âme, mais rajouter de la fiabilité, de la sécurité et des performances. Mission réussie on dirait avec ce nouvel opus ! Si vous êtes intéressés, prenez contact avec Eagle directement sur leur site, il n’y a pas de grille de tarif avec options, tout dépendra de l’état de la Type E de base et de vos préférences, chaque Eagle est absolument faite sur mesure. Ah oui et dernier détail, armez vous d’un solide carnet de chèque et d’un peu de patience, il vous faudra sans doute plus d’une année pour que votre « Sexy Lady » se glisse dans le planning de fabrication puis encore autant pour qu’elle se fasse… Le futur heureux propriétaire de cette 1ère Lightweight GT l’attend depuis maintenant 3 ans, bonne route à lui !!
Source : CP Eagle E-Type