Alors que Depancel vient de relancer la production de la [Re]Naissance 24H disponible en précommande à partir du 12 avril prochain, son PDG et fondateur, Clément Meynier, un passionné d’horlogerie, a accordé une interview exclusive à AutomotivPress pour parler de la jeune marque, de sa création, de ses succès et de son avenir. Sans langue de bois !
Depancel, jeune marque horlogère française créée il y a deux ans, lancera le 12 avril prochain un dernier lot en précommandes de son modèle à succès la [Re]naissance 24H. Une série limitée à 500 exemplaires. Cette montre de forme rend hommage à la mythique Delage D8-120S de 1936 dont le boitier et le cadran reprennent le dessin de son imposante calandre. L’automobile fait partie intégrante de l’ADN de Depancel, à commencer par son nom qui est la contraction de Delage, Panhard et Facel Vega.
L’occasion de demander à Clément Meynier, fondateur de Depancel, de revenir sur le succès de ses montres et de nous parler de ses projets.▪ Présentation
Rémy Solnon : Bonjour Clément. Merci d’avoir bien voulu répondre aux questions d’AutomotivPress. En guise d’introduction, pouvez-vous vous présenter et nous dire quel est votre parcours professionnel ? Et comment êtes-vous venu à l’horlogerie ?
Clément Meynier : Bonjour Rémy, et merci pour cette interview ! A l’origine, j’ai une formation d’ingénieur, et j’ai travaillé dans un laboratoire de recherche à Genève, le CERN. Je suis originaire du Jura et j’ai toujours été passionné par la belle horlogerie et curieux de comprendre les principes de fabrication d’une montre mécanique. En parallèle de mon job, j’ai donc décidé de me former pour apprendre le métier d’horloger.
RS : Quelle montre portez-vous aujourd’hui ?
CM : Je porte le premier prototype Depancel ! Il s’agit d’un modèle de la collection AUTO, que nous avons lancé en 2018… Je devais initialement le tester quelques semaines afin de m’assurer que tout fonctionnait correctement et que la boite était agréable au porté, finalement le test s’est un peu prolongé et tout fonctionne à merveille !
▪ La manufacture
RS : Comment se porte Depancel aujourd’hui ?
CM : Nous allons fêter nos deux ans ce mois-ci et nous avons de loin dépassé les attentes que j’avais lorsque nous avons lancé le projet ! Notre communauté commence à se constituer avec plusieurs milliers de personnes qui nous aident à nous développer.
RS : Comment est née Depancel ?
CM : Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’horlogerie, j’ai rapidement découvert la réalité économique de l’industrie horlogère traditionnelle. J’ai décidé de créer une marque alternative qui rendrait la belle horlogerie mécanique plus accessible, d’un point de vue financier, mais aussi pédagogique. L’idée était de proposer des montres au meilleur rapport qualité-prix en supprimant les intermédiaires et en nous appuyant sur un modèle de précommandes, pour produire uniquement les quantités vendues. Mais aussi de permettre aux passionnés de vivre le développement et la fabrication d’une montre en les impliquant dans le projet.
CM : J’ai en effet découvert l’horlogerie avec la marque KOPPO que j’ai créée en parallèle de mes études et dont l’objectif est de proposer des montres dont les cadrans sont fabriqués en bois, grâce à des savoir-faire traditionnels tels que la marqueterie.
RS : Quel a été votre cahier des charges pour créer Depancel ? Quelles ont été les principales difficultés pour concevoir les premières montres ? A t-il été compliqué de trouver des partenaires et fournisseurs ?
CM : Notre objectif avec Depancel a été dès le début de proposer des montres mécaniques avec le meilleur rapport qualité-prix tout ayant un design soigné. Grâce à ma première expérience avec KOPPO, nous avons pu assez rapidement trouver les bons partenaires pour développer et produire nos montres. Il m’aura quand même fallu deux ans pour mettre en place cette supply chain.
CM : L’horlogerie et l’automobile sont deux univers étroitement liés, d’abord car ils touchent tous les deux à la belle mécanique, mais aussi de par leur histoire commune depuis l’arrivée du chronométrage. Depancel est la contraction de Delage, Panhard et Facel Vega et puise son inspiration dans la vision industrielle, la dynamique créative et le savoir-faire de ces fleurons de l’industrie automobile française. On retrouve certains codes de cette industrie dans nos montres : cadrans aux allures de tableaux de bord, bracelets qui rappellent les gants de pilotes.
RS : Les montres sont justement marquées de la mention « fabriqué en France ». mais leur moteur est japonais. Pouvez-vous nous expliquer ?
CM : Chez Depancel, notre objectif principal est de proposer des montres au meilleur rapport qualité-prix possible. Nous avons choisi d’intégrer des mouvements japonais car ils se rapprochent des performances des mouvements suisses à leur sortie d’usine (en termes de fiabilité et de précision). La principale différence réside dans leur manque de décoration, c’est pour cela que nous travaillons ensuite avec des partenaires français qui démontent, gravent et peignent nos mouvements pour leur donner plus de caractère.
Nous faisons également confiance à des horlogers français pour calibrer nos mouvements. Ils sont initialement livrés avec une précision de -20/+40 secondes par jour. Nos horlogers les règlent à la main en se basant sur les standards suisses et parviennent à en doubler voire tripler la précision.
RS : Envisagez-vous dans l’avenir d’équiper vos montres de mouvements suisses, voire français ?CM : Oui, c’est une piste que nous avons l’intention d’explorer dans le futur.
RS : Où sont assurés le SAV et l’entretien des montres ?
CM : Le SAV et l’entretien de nos montres sont assurés par nos horlogers partenaires, ceux qui assemblent nos montres. Il s’agit d’artisans dont les ateliers sont situés dans la région de Besançon, le berceau de l’horlogerie française.
RS : Quelle est votre clientèle ? Les ventes sont elles principalement françaises ?
CM : Notre clientèle est majoritairement française, mais nous avons également des commandes en provenance des quatre coins du monde. Nous prévoyons d’ailleurs de nous développer à l’international cette année.
▪ Les montres
RS : Le design de la [Re]Naissance ressemble à certaines montres des années 1930 dont le boitier reprenait la forme de radiateur de voitures telles que Rolls Royce ou Bugatti. Pourquoi avoir choisi la Delage D8-120S de 1936 comme inspiration ?
CM : La Delage D8-120S est un modèle mythique fabriqué par un constructeur français, qui a été présentée pour la première fois au salon de l’automobile de Paris en 1936. Cette collection [Re]naissance fait donc écho à notre ADN. La collection a été créée avec 7500 passionnés qui ont répondu à nos différents questionnaires et donné leur avis sur les caractéristiques et fonctions qu’ils souhaitaient y retrouver.
RS : Quelles seront les prochaines évolutions des collections [Re]Naissance et Auto ? Peut-être un chronographe, complication horlogère typique des montres liées à l’automobile ? (à ce sujet, quand on voit la montre pour la première fois, on pense que c’est un chronographe. La ressemblance était-elle voulue ?)
CM : Nous avons beaucoup de beaux projets dans les cartons, celui qui arrivera prochainement sera une évolution de notre collection AUTO (avec un peu plus de caractère) inspirée d’une icône de l’automobile française, mais pour le moment je ne peux pas vous en dire plus !
RS : Songez-vous à nouer des partenariats dans le secteur automobile, notamment avec des courses de voitures historiques, des pilotes ou un constructeur automobile ?
CM : Oui nous aimerions développer cela, mais beaucoup de marques horlogères ont déjà établi des partenariat dans le domaine, il faut donc être patient et malin…
RS : Quels sont vos prochains projets (N.B. : vous avez créé une page sur votre site où vous demandez aux internautes de donner leur avis) ?
CM : Comme je l’évoquais plus haut, nous travaillons actuellement sur une évolution de la collection AUTO. Nous avons d’autres projets en tête, que nous soumettons systématiquement à la communauté Depancel via un questionnaire en ligne. Chez Depancel, l’idée, c’est de créer des montres avec les passionnés, de les solliciter pour les inspirations et les caractéristiques plutôt que de leur imposer un produit !
▪ Questions personnelles
RS : Pour revenir à vous, quelles sont vos marques horlogères et/ou montres préférées ?
CM : En tant qu’entrepreneur je suis très admiratif de Richard Mille, car il a vraiment apporté quelque chose de nouveau sur le marché de l’horlogerie aussi bien au niveau du positionnement que du design. Il a permis d’ouvrir un nouveau segment de marché dans lequel beaucoup de marques que j’adore se sont engagées telles que MB&F, HYT… Beaucoup de montres me font rêver, mais en ce moment c’est la Tag Heuer Monza qui me fait de l’œil !
RS : Quelles montres possédez-vous ou avez-vous possédées ?
CM : Je ne suis pas un grand collectionneur. De façon assez surprenante je ne ressens pas le besoin de posséder les choses.
RS : Quelle est votre « Graal » horloger ?
CM : C’est très difficile de vous en citer un car je suis partagé entre des pièces de tradition comme la Leroy 01, Patek 5970P qui sont de vrais chefs d’œuvre horlogers et des pièces plus créatives qui apportent une nouvelle vision de l’horlogerie comme MB&F…
RS : Et votre « Graal » automobile ?
CM : Une Porsche 912
Un grand merci à Clément Meynier d’avoir répondu aux questions d’Automotivpress.fr.