Comme je vous le disais lors de son essai fin 2019, l’Audi RS4 B7 cabriolet (lire ici) était pour moi (enfin pour mon budget en RHD) la seule capable de remplacer à la fois mon “daily” hivernal 4 roues motrices (lire ici) et mon “daily” estival décapotable (lire ici). 1 an et demi et 45.000 km plus tard, c’est l’occasion de se reposer la question, voir si la réponse est la bonne et aussi partager avec vous un petit bilan financier ces quelques km en V8.
On est donc début Septembre 2019, me voilà sur la route du retour de l’Angleterre au volant de ma nouvelle auto. Ce trajet entre le lieu d’achat et la maison est toujours une expérience intéressante, la découverte d’une nouvelle auto, de son comportement, de ses accessoires, se familiariser avec tout ce qu’il y a de nouveau, en plus ou en moins par rapport à la précédente. Et là pour le coup, disons qu’elle est pas mal moderne cette nouvelle auto. 2008, tout juste plus de 10 ans (un bon point pour les 34 cv fiscaux de la CG !), une occasion ultra récente par rapport au reste du parc auto à la maison. La voiture sortant de révision chez Audi Bristol, pas grand-chose à prévoir dans l’immédiat si ce n’est de l’essence, et souvent. Oui le V8 est gourmand, le réservoir de 63 litres n’autorise que guère plus de 500 km d’autonomie avant de commencer à stresser le voyant d’essence allumé.
Les premières dépenses arrivent mi-octobre, en prévision de l’hiver. Et oui la belle a beau être Quattro, rouler sereinement en hiver en Haute-Savoie demande des pneus neige. Les jantes optionnelles en 19’’ ayant été « refurbished » il y a peu, je me mets en quête d’un jeu de jantes d’origine en 18’’ pour leur éviter les assauts du sel et du gel. Quatre belles jantes sur eBay et 4 Nokian plus tard, gros fail ! Je monte la première roue à l’arrière droit, le look est pas mal ça ira très bien. Je passe à l’avant, démonte la roue, regarde ces énoooormes étriers 8 pistons, mets la roue en 18’’ et commence à me questionner. Pourquoi touche-t-elle cet étrier justement ? Je regarde les inscriptions dans la jantes, les dimensions sont bonnes, l’ET également, c’est bien une jante Audi d’origine, fuck il y a quelque chose qui ne colle pas… Il commence à pleuvoir, je remets le 19’’ à l’avant … et à l’arrière, on verra la suite demain. Quelques recherches sur le net et un coup de mètre plus tard, il s’avère que le précédent proprio a eu la généreuse idée de remplacer les disques avant en 365mm d’origine par du 380. Pratique courante et plus économique, mais qui condamne à rouler en 19’’ ! Je vends donc sur leboncoin mon jeu de roues montées en 18’’ (sans perdre un centime, ouf) et commande 4 Nokian en 235/40R19, un peu plus étroit que les 255/35 estivaux, pas plus mal pour la neige. Les pneus avant étant usés de manière un peu irrégulière, j’en profite pour faire faire un réglage de géométrie. Mon “parallelismateur” habituel me confie qu’il n’est pas très à l’aise avec les RS4 B7, et me conseille d’aller dans une concession Audi qui les connait bien pour un travail plus efficace. Ce sera donc celle de Monthey qui me fera un travail tout à fait correct en échange de 225 €. Un peu cher pour une géo, oui je trouve aussi. En tous cas fini le ripage du train avant quand je suis braqué à fond sur un parking, et les pneus s’useront correctement par la suite, preuve qu’il y avait du travail à faire.
L’hiver arrive, la neige tombe, fond puis retombe, puis gèle puis fond quand soudain l’ordinateur de bord m’indique que la vidange est à faire dans 1.500 km. Quoi déjà ?! Et oui on est début février, déjà 15.000 km avec la belle. Le temps passe vite, je suis toujours sous le charme des vocalises graves du V8 et épaté par l’efficacité du Quattro : le Quattro aussi bien que la Sub’ ? La réponse est clairement oui ! Encore plus après un second hiver bien enneigé, des routes verglacés et 6 pneus neiges usés jusqu’à la corde, je peux vous confirmer que le système Quattro, le vrai des moteurs longitudinaux et pas le Haldex des moteurs transversaux, est diablement efficace. En comparaison avec la Subaru, la motricité est au moins aussi pour ne pas dire meilleure, sans doute que le couple à bas régime de l’atmo’ face au 2.0 litres turbo aide. Il n’y a que dans les grandes descentes bien glissantes ou les freinages délicats que le poids se fait (un peu) sentir sur l’allemande. D’ailleurs une des joies de l’hiver a été d’aller jouer à plusieurs reprises sur le circuit glace d’Abondance. Un régal pour connaitre les limites de la voiture et mieux appréhender son comportement à la limite.
Mais revenons-en à la vidange de Février… J’en profite pour creuser un peu le classeur de factures que m’a laissé le vendeur et rajouter à ma commande de filtres les 8 bougies et 8 bobines. Ca fait grimper la note de pièces à 422 €, mais à 110.000 km ça ne pourra que lui faire du bien. On rajoute 2 bidons de 5 litres de 5W40 full synthèse (oui le V8 4,2 litres demande 8 litres d’huile neuve !) et c’est parti pour une petite session bricolage par un samedi ensoleillé. Le plus difficile après avoir déclipsé le filtre à huile de son support sans en mettre partout sera finalement de réinitialiser l’ordinateur de bord, et c’est reparti pour 15.000 km ! Début Mars 2020, 6 mois et 21.593 km parcourus, je suis légèrement au-delà des 40.000 annuels prévus. Mais ça c’était sans compter ce que nous connaissons tous qui a mis un sérieux frein à nos déplacements en tous genres…
Mi-mai c’est le moment de remettre les pneus été, 2 Continental neufs à l’avant pour 295 € et les 2 arrières repartent pour un été. Oui elle a l’air gourmande en gomme aussi cette RS4. Le poids affiché sur la balance n’est pas vraiment à son avantage : un peu plus de 1700 kg et un gros 55 % sur le train avant. Alors même s’il ne reçoit que 40 % de la puissance, les 60 restants partant sur le train arrière, les pneus avant souffrent des appuis et s’usent assez vite… Le meilleur achat de l’été sera sans aucun doute un filet coupe-vent d’origine à 120 € sur leboncoin. Habitué au roadster à l’habitable étroit, les remous d’air ne m’ont jamais vraiment dérangés sauf par température très basse. Mais là une fois décapsulé, c’est une sacré tornade qui s’engouffre dans les places arrières et vient remuer l’habitacle jusqu’entre les 2 sièges avant. Une fois le filet en place, même en position « fermée » à l’horizontal, fini les bourrasques. Et ne parlons même pas de la position ouverte avec les vitres remontées, on sent tout juste la brise sur le haut du crane (ou des cheveux pour les plus chanceux). Seul bémol, le filet installé condamne les 2 places arrières, mais ils se démontent en 2 min et se plie en 4 pour se glisser dans sa pochette dans le coffre. Un achat que je recommande vivement !
L’Audi profitera d’un repos bien mérité pendant les vacances estivales, et pour la rentrée ce sont d’abord les plaquettes arrières que je remplace par des Hawk HP à 126 £. Montage ultra facile avec le bon outil pour repousser le piston, les disques sont un peu moche mais ils feront bien encore un jeu de plaquettes… Et mi-Octobre pour fêter ses 125.000 km, j’ai pris rendez-vous au garage De Vincy à côté d’Annecy, grand spécialiste des V8 Audi, pour le ramonage d’automne ! L’injection directe du V8 a la fâcheuse tendance, par conception, à se calaminer copieusement au fil des kilomètres au point de réduire drastiquement le passage dans les conduits d’admission et de fait les performances. La recette est éprouvée chez De Vincy, démontage, nettoyage, modification des clapets d’admission et de la recirculation des vapeurs d’huile pour ralentir le ré-encrassement. Une semaine de travail et 3.200 € plus tard (oui la facture pique mais c’est le prix à payer tous les 90.000 km environ), je retrouve ma voiture métamorphosée !! Le log au moment de la déposer affichait 124g d’air par banc à 100 % d’ouverture de papillon contre 163g après nettoyage. Un bon 30% de mieux, qui se ressent dans les perf : et oui plus d’air qui rentre, plus de chevaux qui sortent ! Les accélérations n’ont plus rien à voir, et les vitesses s’enchainent à des vitesses déraisonnables sans aucun baisse d’intensité au passage du rapport supérieur. Je découvre un nouveau dragster, pardon une nouvelle auto, wahou…
L’hiver revient, il va falloir penser à remonter les pneus neiges. Les jolies jantes ont un peu souffert du premier hiver en ma compagnie, je profite donc d’une offre sur un site du genre majantealutoutebelle.com pour commander 4 jantes 19’’ aux bonnes dimensions à un peu moins de 140€ le morceau, dispo en noir. Gris c’était plus cher, pour l’hiver ça ira bien. On monte dessus les 2 arrières de l’hiver dernier et 2 avant neuf pour 316 €, et me voilà avec un look full black. Pas super fan au départ, je fini par m’habituer, en fait une fois les jantes aussi sales que la voiture ça passe pas si mal… L’hiver est froid, l’occasion de retourner jouer sur la glace d’Abondance, toujours aussi fun et avec les pneus arrière plus usés que les avant, elle est bien typée propulsion mais s’extrait des épingles comme une 4RM, je suis fan !! Nouvelle année et nouvelles plaquettes, à l’avant cette fois-ci. Etant content des arrières, je remets des Hawk HP pour 240 £. Un peu plus compliqué à changer que les arrières, les axes qui maintiennent les plaquettes sont bien soudées aux étriers par le sel et la poussière de frein. Là aussi les disques ne sont pas très beaux mais se finiront sur ce dernier jeu de plaquettes.
Les kilomètres défilent doucement mais surement nous voilà mi-Avril, les balades décapoté ont repris, sièges chauffants et filet coupe-vent la seule limite au top down reste le gel de la toile qui n’incite pas à la faire fonctionner. Bientôt 140.000 km au compteur, 45.000 km depuis l’achat, le moment d’une troisième vidange et de remonter 4 pneus été neufs pour 580 €. Oui elle consomme du pneu… Et en parlant conso, ça dit quoi depuis le début ? 5760.64 litres pour 45005 km soit 12.8 l/100 km en moyenne avec un record à 10.9 l/100, par deux fois, sur un plein d’autoroute limitée à 110. Le poids, les 4 roues motrices, le V8 de conception plus tout à fait récente, les perf et la bande son qui incitent à jouer donnent un bilan SP98 un peu supérieur à la Subaru. Mais franchement, elle les vaut bien !
N’allez pas croire pour autant qu’elle est parfaite ! En ces 18 mois en sa compagnie, j’ai bien trouvé quelques défauts, comme l’absence de commande de volume de la radio au volant. Certes le volant F1 avec méplat est sympa, mais quand le bouton de volume commence à débloquer, c’est pénible de quitter le volant pour jouer avec pour monter un peu le volume alors qu’il s’acharne à descendre, et inversement. Le second désagrément est un petit rossignol qui se fait attendre dans l’habillage de la baie de pare-brise, ça résonne au-dessus du rétro intérieur vers 125-130 km/h. Du coup sur autoroute on est condamné à rouler à 140 compteur pour éviter ce bruit. Si si je vous promet m’sieur l’agent. Enfin dans les dépenses à venir autre que du consommable, ma ligne d’échappement commence à accuser le poids des années et le sel du bord de mer anglais additionné à celui des hivers haut-savoyards. Ça se trouve sur leboncoin car de nombreux mélomanes remplacent la ligne d’origine par du plus libéré et sonore, je crois que je ne vais pas tarder à devoir y passer !
Donc niveau dépenses si on fait le bilan de ces 45.000 km, ça donne environ 1’900 € de pneus, 3’200 € de décalaminage, 620 € de vidanges, filtres et bougies/bobines, environ 420 € de plaquettes, 225 € de géométrie. On va éviter de rajouter le prix de l’essence, sinon je crois qu’on est pas loin du prix d’achat de la voiture… Donc oui rouler en V8 ça coute un peu plus cher qu’en monospace SUV’gazout, mais comparé à la décote d’une voiture plus récente et en prenant en compte l’aspect plaisir, je resigne volontiers pour les 45.000 km suivant en sa compagnie !
Crédit photos @ Ambroise BROSSELIN