Aujourd’hui, Claude Lelouch a présenté son court-métrage, « Le Grand Rendez-vous », tourné dans les rues vides de la Principauté de Monaco, suite à l’annulation du Grand-Prix (lire ici le making of). Les caméras du réalisateur français ont accompagné la Ferrari SF90 Stradale pilotée par Charles Leclerc sur la piste du circuit de Formule 1.
Moins de 6 minutes, voici la durée finale du court-métrage de Claude Lelouch, soit près de 5 tours du circuit de Monaco (1 min 10 sec pour la pôle et 1 min 14 sec pour le record du tour en course en 2019). Mais pour le tournage, le tracé emprunté par Charles Leclerc diffère quelque peu de celui du Grand-Prix, notamment sur la partie sortie du tunnel jusqu’au virage de la Rascasse.
En 1976 le court-métrage « C’était un Rendez-vous », réalisé à grande vitesse dans les rues de Paris à 5h30 du matin et tourné en un seul plan-séquence, durait de plus de 8 minutes. A part cette différence, les recettes sont les mêmes avec notamment des caméras embarquées : une cam-flex 35 mm Éclair à objectif grand angle fixée sur le pare-chocs de la Mercedes-Benz 450 SEL 6.9L personnelle du réalisateur en 1976 et un ensemble de six iPhone 11 Pros, neuf Go Pros et une caméra numérique Sony Venice CineAlta en 2020. Cette année pas moins de 17 personnes furent nécessaires pour venir à Monaco et tourner le film, alors que Claude Lelouch était seul au volant en 1976.
Claude Lelouch se défini, lui même, avant tout comme un cinéaste de terrain, en référence à son premier métier de caméraman d’actualité. Il a commencé sa carrière en tournant des reportages journalistiques et des manifestations sportives comme le Tour de France ou les 24 Heures du Mans. Son reportage sur la vie quotidienne en URSS, « Quand le rideau se lève », filmé avec une caméra cachée sous son imperméable, lui permet de se faire remarquer et de créer sa société de production, Les Films 13, en 1960. Six ans plus tard, Claude Lelouch reçoit la Palme d’or du festival de Cannes 1966, les Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario original, les Golden Globes du meilleur film étranger et du meilleur réalisateur en 1967 pour son film « Un homme et une femme ».
Le « Grand Rendez-vous » n’est pas une version 2020 de son court-métrage de 1976, « C’était un Rendez-vous » et encore moins son hommage tourné dans Rome « C’était une urgence » réalisé en soutien aux soignants italiens et à la Croix Rouge, pendant la crise sanitaire du Covid-19 (à voir ci-dessous).
Cette fois ci Claude Lelouch a eu toutes les autorisations de tournage et n’a rien fait dans la clandestinité, comme il y 44 ans. L’ambiance est donc totalement différente, laissant spontanéité, urgence et vitesse à un improbable scénario (?) qui tient plus du roulage sur circuit que de l’excitante virée matinale, quand la ville est encore endormie. Evidemment, après l’important teasing qui a précédé, suscitant beaucoup (trop) d’attente de la part du public, le résultat final est décevant et frustrant, laissant un goût amer.
Serait ce un film promotionnel pour Ferrari et la Principauté de Monaco ? Cela y ressemble fortement, à l’opposé du court-métrage “C’était un Rendez-vous” réalisé en 1976. Les déçu(e)s diront que les Youtuber d’aujourd’hui font mieux avec beaucoup moins de moyen, la remarque est juste. Claude Lelouch n’a t il pas fait dans la facilité ? Pourquoi ne pas avoir filmé une course poursuite entre deux Ferrari SF90 Stradale (lire ici), une rouge et une jaune, sur les trajectoires du Grand-Prix de Monaco, façon Bullitt (lire ici)…?
A noter que la petite fille de Claude Lelouch, Rebecca Blan-Lelouch (fille de Sarah Lelouch) partage la vedette auprès de Charles Leclerc et de SAS le Prince Albert II de Monaco. Signe de temps, le son de la Ferrari SF90 Stradale parait bien « polissé » (les micros et Go Pros n’était pas placées au niveau de l’échappement) comparé à celui de la Ferrari 275 GTB utilisé au mixage en 1976.
Source CP Ferrari
Crédit photos @ Ferrari, Films 13, Rebecca Blanc-Lelouch