La Bugatti Veyron est la voiture la plus rapide du monde, c’est une des voitures les plus chères du monde et c’est aussi la voiture la moins rentable de l’industrie automobile actuelle. Ses qualificatifs, sa carrière et sa réputation en font un véhicule d’exception, tout comme son design, sa motorisation et ses technologies de pointe. Retour aujourd’hui sur la carrière de ce joyau produit en Alsace.
Sa carrière débute à la fin des années 90, lorsque le groupe Volkswagen reprend Bugatti avec un objectif simple : relancer le prestige de la marque et l’emmener au sommet de la technologie automobile. Pour cela Ferdinand Piëch, fondateur du groupe VAG et initiateur de cette reprise, met en place une stratégie sans limite financière qui doit permettre de mettre en place des composants innovants et surtout, qui doit devenir une vitrine et un outil de communication pour le groupe allemand.
Les premières esquisses de la Bugatti Veyron arrivent par l’intermédiaire d’un premier prototype en 1998 au salon de l’automobile de Paris, la Bugatti EB118. Ce premier jet est équipé d’un moteur inédit équipé de 18 cylindres montées en W et affiche une allure proche d’une limousine plutôt que d’une voiture de sport. La volonté de produire une voiture sportive n’est pas spécialement d’actualité, les première stratégies débouchant plutôt vers une volonté de voiture de luxe Grand Tourisme.
Le travail minutieux continu par la suite avec d’autres prototypes Bugatti présenté lors des salons automobiles mondiaux. La Bugatti EB218 est présentée à Genève en 1999, puis la Bugatti EB18/3 Chiron est présentée la même année à Francfort. A partir de cette EB18/3, la dénomination des prototypes changent tout comme la volonté de Volkswagen, de produire une voiture sportive plutôt qu’une limousine. L’attachement du nom de Louis Chiron, pilote emblématique de Bugatti dans les années 30, est important, il participe à la mise en avant du passé sportif de la marque.
Le quatrième prototype présenté en 2000 à Genève confirme cette volonté de véhicule sportif. En effet, la Bugatti EB18/4 affiche le design définitif de la Bugatti Veyron et le fruit du travail du groupe VAG. L’avancée est lente et minutieuse, le véhicule doit être parfait et à la pointe de la technologie. Jusqu’ici, les travaux ont concerné l’apparence et les finitions du design de la future Veyron, le moteur 18 cylindres en W de 555 chevaux est toujours présent.
Il faut enfin attendre le salon de l’automobile de Paris en 2000 pour voir le prototype le plus proche de la version définitive de la Bugatti Veyron. La Bugatti EB18/4 Veyron ne change pas de design par rapport au prototype précédent, mais la motorisation évolue significativement avec l’intégration d’un moteur 16 cylindres en W de 640 chevaux. Développé initialement pour Bentley, ce moteur possède la particularité d’avoir ses 16 cylindres inclinées de 72 degrés sur deux rangées de 8 cylindres.
Cette Bugatti EB18/4 Veyron possède une transmission intégrale et marque l’arrêt de travail de développement, la production peut maintenant commencer après plusieurs années de travail très coûteuse. Mais comme je vous l’ai cité en introduction, le groupe Volkswagen met en place une stratégie de communication autour de cette voiture, sans se soucier des dépenses astronomiques que cela engendrent.
Après ce dernier prototype, les volontés de Ferdinand Piëch sont très claires, il veut que cette voiture soit la plus rapide du monde. Pour cela, le moteur W16 évolue et affichera par la suite une puissance de 1001 chevaux pour un poids de 400 kg (à lui seul !!) et un couple de 1250 Nm. Associé à une boite DSG séquentielle robotisée à double embrayage 7 vitesses, ce moteur permet à la Bugatti Veyron d’atteindre 431 km/h en vitesse de pointe. Les ingénieurs ont donc mis au point un moteur innovant et à la pointe de la technologie. Avec un tel moteur, les contraintes thermiques sont importantes. Pour cela, 4 radiateurs et 55 litres de liquide de refroidissement sont nécessaires pour refroidir le bloc essence W16. Sans parler de la vitesse du bolide, qui impose des contraintes très importante sur l’aérodynamisme, le châssis, le freinage et la tenue de route.
Plusieurs années sont nécessaires pour mettre au point une Bugatti Veyron en version définitive. Bien que les concepts soient dévoilés en 2000 et 2001, le premier véhicule pour un premier client sort en 2005 de l’usine de Molsheim en Alsace. L’événement est marqué puisque cette première Veyron est exposé à Monte Carlo lors du Grand Prix de Monaco.
S’en suit alors une carrière assez particulière, puisque la Veyron est aussi appréciée que décriée. Son design particulier ne plaît pas à tout le monde, alors que les prouesses techniques réalisées sur cette voiture sont unanimement saluées. La Bugatti Veyron vit au gré de ses éditions spéciales, la version 16.4 connaît les éditions Pur Sang, Hermès, Sang noir ou encore Mirror puis arrive la Veyron Grand Sport en 2011, la Veyron Super Sport puis la Veyron Grand Sport Vitesse. Avant la fin de sa vie, ce sont les Légendes de Bugatti qui sont sur le devant de la scène avec des éditions spéciales dédiées à des personnes intimement liées à l’histoire de la marque automobile, comme Jean Bugatti, Jean-Pierre Wimille ou encore Meo Constantini.
Les volontés du groupe Volkswagen de produire une voiture à perte ne sont pas offertes à tout le monde, la Veyron coûte plus de 5 millions d’euros à produire alors qu’elle est vendue entre 1 et 2,2 millions d’euros selon les versions. Elle a été élue voiture de la décennie des années 2000 et représente encore aujourd’hui un beau défi technologique, sa carrière devrait s’arrêter en 2015 mais Bugatti, par l’intermédiaire du groupe Volkswagen, devrait poursuivre sa stratégie de voiture innovante et hautement technologique avec d’autres modèles futurs.
Ecrit par Stéphane de La Jante Masculine.com