Ange Barde est un CEO à part dans l’univers horloger. Pilote professionnel passionné de montres d’exception, il est quadruple champion d’Europe du Ferrari Challenge (2001 – 2003 – 2004 – 2006) et champion du monde FIA GT3 (2005) avant de fonder sa marque Ange Barde Genève. Ses montres high tech évoquent la course automobile où il évolue toujours avec succès. Il a accepté de répondre en exclusivité aux questions d’AutomotivPress.
Présentation
Rémy Solnon : Ange, comment un quadruple champion d’Europe du Ferrari Challenge et champion du monde FIA GT3 devient-il fondateur d’une marque horlogère ?
Ange Barde : Durant ma carrière sportive, j’ai eu la chance d’être ambassadeur de grandes marques horlogères et de rencontrer de belles personnes. Une d’elles fut M. Fe Wonderman, l’ancien boss de Gucci aux USA, qui a vendu et racheté Corum par la suite. C’est le premier, avec sa compagne Adèle, qui m’a initié et mis le pied à l’étrier si je puis dire.
RS : Quelle montre portez-vous aujourd’hui ?
AB : Je porte une montre prototype, la future Ange Barde Racing Team Evo 1 – LAMBO – World Champion 2018 – dans sa livrée Orange Mécanique !
La manufacture
Vidéo ” ANGE BARDE Genève : The Concept” :
RS : Quel était votre cahier des charges lors de la création de la marque ?
AB : Je voulais avoir un mouvement fiable, tel un V8 AMG, et une esthétique élégante avec l’ADN de la voiture de course sans pour cela que ce soit extravagant et taillé à la serpe ! Une Pagani en fait… à la sauce horlogère…
RS : AB Racing est positionnée dans le secteur des montres inspirées par la course automobile. Quelle est votre clientèle ?
AB : J’ai la chance de pouvoir rencontrer tous mes clients, ils sont généralement issus du milieu de la compétition, des pilotes de grandes notoriété, tels qu’Olivier Panis, Franck Montagny, ou même Jacques Villeneuve et Sébastien Loeb qui ont porté les couleurs de la marque à l’époque… d’autres sont des propriétaires de belles pour ne pas dire superbes sportives ou hypercars.
RS : Vous avez d’emblée visé le haut de gamme avec des mouvements automatiques suisses et des matériaux high tech issus de la compétition auto (titane, aluminium). Expliquez-nous comment s’est développée la marque pour être à son niveau d’aujourd’hui ?
AB : Je n’ai pas visé le haut mais cherché à réaliser un produit chargé d’émotions. Il me parait logique d’utiliser les matériaux de mon environnement naturel, la compétition au plus haut niveau. Le carbone, le titane et l’or pour la noblesse.
RS : Comment se porte Ange Barde Genève depuis sa création en 2010 ? Quels sont ses principaux marchés ? Comment se passent les ventes en France ?
AB : Les clients sont principalement en Suisse de par sa sensibilité avec le monde horloger et sa passion des voitures de sport mais aussi grâce à son pouvoir d’achat.
RS : Où peut-on acquérir une montre AB Genève en France ? Comptez-vous étendre le réseau de revendeurs en France ?
AB : Le réseau est très fermé car les ventes ne se font que par parrainage, il suffit (lol) de connaitre un heureux propriétaire pour que celui-ci vous « parraine ». Nous avons fait d’une difficulté une force ! Certes celle-ci a ses limites, néanmoins, à ce jour, tout se passe très bien et les clients sont contents et deviennent les ambassadeurs de la marque.
RS : Quelles sont les modèles qui se vendent le mieux actuellement ?
AB : Les Racing Team Evo 1. Ce ne sont que des séries limitées aussi elles sont uniques et toutes ont leur propre numéro d’immatriculation.
Les montres
RS : Qui a eu l’idée du design de la Legend Racer – le premier modèle – en y intégrant des rappels à l’automobile (disque de frein pour la petite seconde, rotor en forme de jante de voiture de sport, poussoirs du chronographe comme le pédalier d’une voiture….) ?
AB : Cela semble évident à ce jour. Nous étions une équipe autour de ce projet, cependant la décision finale me revenait et pour cause, je suis pilote et non pas horloger ! Même si je comprends 80% de l’environnement de ce milieu aujourd’hui.
RS : Votre catalogue repose sur deux modèles, les Racing Team Evo 1 et Tourbillon Endurance. Pouvez-vous nous présenter ces deux modèles ?
AB : La Racing Team Evo 1 est une évolution de la Legend Racer, comme la Ferrari F40 est la suite logique de la Ferrari 288 GTO. Quant à l’Endurance, celle-ci est une splendeur, elle est la preuve de la capacité de l’entreprise à créer des modèles d’exception avec une qualité et une mécanique dignes de la Haute Horlogerie Suisse.
RS : Vous avez élevé encore plus le niveau avec la Tourbillon Endurance, une série ultra-limitée de 8 pièces en titane ou or rose qui intègrent la plus prestigieuse et la plus recherchée des complications horlogères. Pourquoi ce choix ?
AB : Ce choix fut évident, il s’inscrit dans la suite de l’évolution et du positionnement de la marque… Je souhaitais porter un « Tourbillon » adossé au fait qu’un grand nombre de personnes jalouses, ou qui passent leur temps (sans jeu de mot) à critiquer ce que font les autres, n’ont pas forcément les moyens de leur paroles, J’ai décidé avec un ami, M. Giacchino pour ne pas le citer, de créer cette merveilleuse pièce.
RS : Quelles seront les prochaines évolutions de la collection ?
AB : L’équipe est très excitée par le nouveau bébé qui arrive courant 2019 pour les 10 ans de la Marque. Cette montre portera le nom « First ». Elle sera l’entrée de gamme, la première pièce accessible, si je puis m’exprimer ainsi. Son nom est un clin d’œil à mon chien que j’affectionne particulièrement, et à la position que tout pilote espère atteindre et surtout conserver par la suite, ce qui est bien plus complexe. Seuls ceux qui ont obtenu un titre peuvent le comprendre ! Il y aura également fin 2019 une « 50e anniversaire » pour fêter mon demi-siècle, car on peut s’amuser…. et dire que la marque éponyme existe depuis 1969, ce qui n’est pas totalement faux !
RS : Quel est votre « motoriste » horloger ? Envisagez-vous dans l’avenir de développer votre propre calibre en interne ?
AB : Oui, en 2019 nous aurons notre propre calibre sur la First. Il sera développé en interne à 88% et en collaboration avec un horloger de La-Chaux-de-Fonds qui tient à rester discret, Suisse oblige. Ayant perdu le secret bancaire, on garde celui des maitres horlogers !
RS : Où et comment sont fabriquées les montres ?
AB : Elles sont assemblées à La-Chaux-de-Fonds. Plusieurs fournisseurs, qui sont devenus partenaires sportifs du Team, sont impliqués au sein du Team. C’est une équipe de course, comme celle dont je suis le pilote en Lamborghini après avoir participé et gagné à de nombreuses reprises le Ferrari Challenge.
RS : Songez-vous à nouer de nouveaux partenariats dans le secteur automobile, notamment avec des courses historiques de voitures classiques, des pilotes ou un constructeur automobile ?
AB : Oui. Nous avons été en discussions à de nombreuses reprises avec des constructeurs de voitures de course. Celles-ci n’ont pas abouti à cause de leur l’égo, car ils préfèrent avoir (ou espèrent) de grandes marques horlogères. Seulement celles-ci ne sont qu’avec des numéros 1 ! Je ne désespère pas car j’ai la prétention d’avoir apporté une vraie plus-value à mes montres et j’ai la légitimité du produit car je suis et reste un pilote avant tout. Etant à l’origine du partenariat avec Cvstos, à l’époque où je courais sous les couleurs de Ferrari Genève et ambassadeur du groupe Franck Muller, j’ai initié la série limitée avec Pagani [Cvstos Pagani Zonda F Chrono] après avoir participé à la montre Challenge de Cvstos, et pour cause étant quadruple Champion d’Europe Ferrari. Nous avons réalisé une série hyper-limitée Evo 1 « Tour de Corse Historique » de 20 pièces et 20 pièces dénommées « Ange Barde – Speedster » inspirées du nom mythique de la fabuleuse Porsche 356. J’en suis très fier. D’ailleurs l’organisateur a repris l’idée du logo de la Corse avec son nouveau partenaire ! Cela étant, ce ne sont pas les mêmes produits. Dommage qu’il ne soit pas plus inventif !
RS : Allez-vous développer des séries limitées exclusives pour vos ambassadeurs ou pour certains marchés ?
AB : Nous sommes en train de créer et finaliser une série spéciale dédiée au Team de course, mais aussi une autre dédiée au sponsor du Team. Tant que je serai à la tête de la société ou décisionnaire, je ferai de mon mieux pour garder cette exclusivité des séries très limitées.
RS : Où sont assurés le SAV et l’entretien des montres ?
AB : Comme bon nombre de marques, au berceau de l’horlogerie, directement à La-Chaux-de-Fonds, en Suisse.
Questions personnelles
RS : Pour revenir à vous, quelles sont vos marques horlogères et/ou montres préférées ?
AB : Audemars Piguet et sa Royal Oak, Breguet Tourbillon, Greubel Forsey, Richard Mille.
RS : Quelles montres possédez-vous ou avez-vous possédées ?
AB : Rolex Daytona, Tag Heuer Monaco, Chopard Mille Miglia, Corum Bubble, Cvstos Challenge, B.R.M V8 Campione… mais surtout les prochaines « ANGE BARDE » !
RS : Quelle est votre « Graal » horloger ?
AB : La futur AB XX 24 !
RS : Et votre « Graal » automobile ?
AB : Pagani, what else !
RS : Quelles autres passions, en dehors de l’horlogerie et la course automobile, avez-vous ?
AB : Le golf, Le vélo et le ping pong ….. mais surtout la sieste 🙂
Un grand merci à Ange d’avoir répondu aux questions d’AutomotivPress.fr.