Suite des 60 ans d’Alpine, après la naissance de la marque et ses premières productions A106 et A108, voici le temps de la Berlinette A110 et de l’implication de la marque Dieppoise en sport automobile.
Le mythe A110
En apportant l’identité visuelle de Philippe Charles et l’architecture à châssis-poutre, l’A108 pose les bases de l’A110, qui apparait en 1962. Après la 4CV pour l’A106 et la Dauphine pour l’A108, c’est la Renault 8 qui sert de banque d’organes à la dernière création de Jean Rédélé.
Étroites depuis le premier jour, les relations avec Renault se renforcent un peu plus lorsque la Régie charge la marque de représenter ses intérêts en compétition. À partir de 1967, toutes les voitures produites portent la dénomination officielle Alpine-Renault.
Portée par les succès de la marque en rallye, la Berlinette devient un grand succès commercial. Pour répondre à une demande croissante, Alpine doit alors adapter son outil industriel, avec une production dispatchée entre l’atelier de l’avenue Pasteur à Paris, l’usine historique de Dieppe et la nouvelle unité installée à Thiron-Gardais en Eure-et-Loir !
Au fil des millésimes, l’A110 évolue régulièrement. Le moteur de 1108 cm3 passe successivement à 1255, 1565 et 1605 cm3. Les modifications esthétiques sont mineures, mais nombreuses : calandre quatre phares, ailes élargies, radiateur avant, jupe arrière démontable… En 1977, la production s’achève avec la 1600SX, équipée d’un moteur 1647 cm3.
L’après Berlinette
Dessinée par Jean Rédélé lui-même, l’Alpine A310 doit permettre à la marque de capitaliser sur le succès de la Berlinette. Las, la crise pétrolière de 1973 met un coup d’arrêt au cercle vertueux et les ventes chutent sensiblement. Peu à peu, Alpine remonte la pente en faisant évoluer son modèle : alimentation par injection en 1974 (A310 VF), montage du moteur V6 PRV en 1976, train arrière de R5 Turbo en 1981.
En 1985, la nouvelle GTA entre en scène. Avec ce modèle, Alpine s’éloigne un peu plus du concept spartiate de la berlinette pour basculer dans le monde du Grand Tourisme. Dans sa version ultime avec le moteur V6 Turbo, la GTA développe 200 ch.
En 1990, l’A610 fait son apparition au catalogue avec un V6 Turbo de 2963 cm3. Malgré ses qualités routières et son comportement dynamique salués par la presse, ce modèle peine à trouver son public et il disparaît en 1995.
Après l’arrêt de la production de l’A610, l’usine de Dieppe poursuit son activité avec les nombreux modèles sportifs de Renault Sport, des R5 Turbo aux Clio R.S. en passant par les Spider Renault Sport ou Clio V6. Aujourd’hui, ce site historique ; qui a toujours conservé le logo Alpine sur son fronton ; est au cœur de la renaissance de la marque.
Alpine en sport auto
Créée par un pilote émérite, Alpine est une marque dont l’histoire est jalonnée de succès en compétition, du Rallye Monte-Carlo aux 24 Heures du Mans !
Même si le tempérament du coach A106 n’est pas vraiment celui d’une voiture de course, des pilotes du calibre de Jacques Féret ou Jean Vinatier se chargent de lui offrir un palmarès honorable. C’est aussi grâce à la compétition que l’A108 évolue tout en posant les bases de l’A110.
Dès 1963, Alpine s’engage aux 24 Heures du Mans, en visant les « indices de performance » ou les « indices de rendement énergétique » plutôt que la victoire absolue. Avec leurs petits moteurs Gordini, les Alpine brillent par leur efficacité aérodynamique. Deux victoires viennent ponctuer cet engagement, en 1964 avec la M64 de Morrogh / Delageneste et en 1966 avec l’A210 de Cheinisse / Delageneste.
Le nom d’Alpine est aussi inscrit sur les palmarès de monoplace, avec un titre de Champion de France de F3 pour Henri Grandsire en 1964. Quelques années plus tard, Patrick Depailler (1971) et Michel Leclère (1972) obtiennent le même résultat.
En rallye, la Berlinette A110 ne tarde pas à devenir une arme absolue. En 1968, Gérard Larousse passe tout près de la victoire au Monte-Carlo. Mais c’est l’équipe des “Mousquetaires” qui apporte au constructeur Dieppois ses lettres de noblesse. Jacques Cheinisse, devenu directeur sportif d’Alpine-Renault, réunit une formation de rêve, composée de Jean-Pierre Nicolas, Jean-Claude Andruet, Bernard Darniche et Jean-Luc Thérier. D’autres pilotes viennent renforcer ce quatuor, à l’instar d’Ove Andersson qui remporte le Monte-Carlo en 1971.
En 1973, l’équipe Alpine-Renault se met en quête du tout premier titre de Champion du Monde des Rallyes de l’histoire ! La saison débute en fanfare, avec un triplé Andruet / Andersson / Nicolas au Monte-Carlo. Sur treize manches, la Berlinette s’impose à six reprises et sur tous les terrains : Monte-Carlo (Andruet), Portugal (Thérier), Maroc (Darniche), Acropole (Thérier), Sanremo (Thérier) et Tour de Corse (Nicolas). Ce dernier rallye s’achève en apothéose avec un nouveau triplé, qui conclut une incroyable épopée ! Avec la manière, Alpine-Renault devient Champion du Monde, devant Fiat Abarth et Ford.
Cette saison 1973 marque également la relance du programme Endurance, mis en sommeil après les déboires des A220 à la fin des années 60. Cette fois, c’est la plus haute marche du podium qui est en ligne de mire. Année après année, Alpine se rapproche de la consécration, atteinte en 1978, lorsque Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi s’imposent sur l’Alpine Renault A442-B, l’A442 de Guy Fréquelin et Jean Ragnotti terminant quant à elle 4ème !
L’objectif étant atteint, Renault peut bifurquer vers la Formule 1 avec le moteur V6 1500 cm3 turbo.
L’Alpine A310 connaît elle aussi de belles heures, avec des succès à mettre à l’actif de Jean Ragnotti, Bruno Saby, Jean-Pierre Beltoise (tous trois Champions de France de Rallycross de 1977 à 1979) et Guy Fréquelin (Champion de France des Rallyes 1977). Après l’organisation de l’Alpine Europa Cup ; disputée en ouverture des Grands Prix de Formule 1 avec des GTA ; l’activité compétition de la marque est mise en sommeil en 1988.
Fin 2012, quand la renaissance de la marque est annoncée, le retour en compétition est aussitôt envisagé. En nouant un partenariat avec l’équipe Signatech, Alpine s’engage en Championnat d’Europe d’Endurance (ELMS) et aux 24 Heures du Mans. Dès la première saison, en 2013, l’A450 remporte le titre européen. L’équipe Signatech-Alpine conserve sa couronne en 2014, tout en obtenant un podium de catégorie LM P2 au Mans. Cette performance est assortie d’une 7e place au classement général, soit le deuxième meilleur résultat de l’histoire après la victoire de 1978 ! L’histoire se poursuivra en 2015, avec un engagement confirmé en Endurance.
Source CP Alpine